19 historiens connus et reconnus demandent, dans un texte intitulé "Liberté pour l’histoire !", l’abrogation de tous les textes de loi qui imposent un jugement historique et qui violent ainsi les principes mêmes de la recherche historique. Ces historiens sont Jean-Pierre Azéma, Elisabeth Badinter, Jean-Jacques Becker, Françoise Chandernagor, Alain Decaux (de l’Académie française), Marc Ferro, Jacques Julliard, Jean Leclant (secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres), Pierre Milza, Pierre Nora (de l’Académie française), Mona Ozouf, Jean-Claude Perrot, Antoine Prost, René Rémond (de l’Académie française), Maurice Vaïsse, Jean-Pierre Vernant, Paul Veyne, Pierre Vidal-Naquet et Michel Winock.
"Emus par les interventions politiques de plus en plus fréquentes dans l’appréciation des événements du passé et par les procédures judiciaires touchant des historiens et des penseurs", ils tiennent à rappeler deux principes fondamentaux. Le premier est que "l’histoire n’est pas une religion". L’historien "n’accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connaît pas de tabous". "L’histoire n’est pas la morale." L’historien n’a "pas pour rôle d’exalter ou de condamner". "L’histoire n’est pas l’esclave de l’actualité" : l’historien "ne plaque pas sur le passé des schémas idéologiques contemporains et n’introduit pas dans les événements d’autrefois la sensibilité d’aujourd’hui."
Le deuxième grand principe est que "l’histoire n’est pas la mémoire". L’historien établit des faits au terme d’une démarche scientifique. Il en résulte qu’il "n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique".
En conséquence, ces historiens demandent l’abrogation d’articles de lois qui "ont restreint la liberté de l’historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu’il doit chercher et ce qu’il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites". Ils visent explicitement les lois "du 13 juillet 1990, du 29 janvier 2001, du 21 mai 2001, du 23 février 2005". La première est la loi Gayssot, la deuxième est celle de la reconnaissance du génocide arménien, la troisième est celle qui reconnaît l’esclavage comme crime contre l’humanité, la dernière est celle qui a déclenché la polémique actuelle.
Anonyme
Il serait bon qu’ils médiatisent ce texte.
Michel Janva
Ce texte est paru aujourd’hui dans Libération et Le Monde. Pas mal comme médiatisation…
svenhought
En ce temps de lâcheté générale, leur prise de position courageusement à contre-courant mérite d’être louée, ce que vous faites. L’aspect le plus important de cette prise de position est l’affirmation juste que l’histoire n’est pas la mémoire, si pénible ou douloureuse que puisse être parfois cette distinction. Quand donc les historiens sérieux seront-ils enfin débarassés des camisoles de la pensée unique et obligatoire et des infirmiers-juges ?
Fab
Enfin un peu de bon sens dans ce monde de fous ! C’est fantastique de voir autant de personnalités éminentes, appartenant à des familles de pensées si différentes, prendre ensemble position au noms de principes supérieurs.C’est une fantastique claque envoyée au “relativisme absolu” qui nous étouffe tous. Espérons que les quelques neurones encore actifs dans les cerveaux des élites médiatiques feront qu’il ne restera pas de cette action qu’un n-ième article sur les “historiens neo-réacs”
Anonyme
Si j’ai bien compris, les historiens ne luttent pas ds ce cas-là contre le relativisme mais bien contre la dictature. Nous devrions penser ce que les francs maçons veulent imposer.
florent
En effet, c’est LA bonne nouvelle de cette fin d’année. Si on rajoute à ça les affaire Finkielkraut, d’Encausse…on peut bien parler de fronde des intellectuels contre le régime totelitaire néosocialogauchiste actuel. Comme quoi, mieux vaut tard que jamais.
PS: le noms d’Elisabeth Badinter me fait quand même tiquer, j’ignorais qu’elle était historienne.