De Roland Hureaux, haut fonctionnaire et essayiste:
N’oublions pas que la première expérience d’euthanasie à grande échelle fut lancée par Hitler en Allemagne en juin 1938. Ce fut l’opération T4 : 250 000 handicapés physiques et mentaux furent mis à mort par gazage ou par injection létale. Le régime expérimenta avec eux les méthodes qui devaient servir à exterminer les juifs.
Présage ? Deux mois après le lancement de cette sinistre opération, la guerre mondiale éclatait. Guerre et suicide assisté : deux formes du même instinct de mort ?
Loin d’être un progrès social ou une avancée de la liberté ( le « droit de mourir ») , le projet de loi sur l’euthanasie s’inscrit dans un plan international visant à réduire les populations inutiles . Les dépenses de santé coûtent trop cher au capitalisme mondial. Or la moitié sont engagées dans la dernière année de vie. Les citations ci-dessous de deux mondialistes notoires parlent d’elles-mêmes.
Ouvrir un couloir de la mort dans nos hôpitaux , où il y aurait par ailleurs tant à faire , dans un lieu où tant d’hommes et de femmes se dévouent pour sauver des vies, ne pourra qu’y alourdir l’atmosphère et avoir un effet dépressif sur le personnel.
Les soins palliatifs se sont heureusement développés depuis quelques années en France et ont encore de progrès à faire. Les personnels qui y travaillent, admirables de dévouement pour soulager les souffrances des dernières heures, sont hostiles à la loi sur l’euthanasie. Quel sens aura leur travail, si dans le service d’à côté on pratique des injections létales ?
Les expériences de pays environnants (Belgique, Pays-Bas, Suisse) montrent que la pratique légale de l’euthanasie ouvre le porte aux pires dérives :
- Pressions discrètes des familles attendant une succession ;
- Crainte des malades ou des gens âgés d’être hospitalisés par peur d’être « euthanasiés » ;
- Extension du « droit à l’euthanasie » aux adolescents , voire aux enfants : verra-t-on un jeune, affecté par un chagrin d’amour qui le rend suicidaire venir demander et obtenir une « aide à mourir » ?
- Réduction a minima des formalités de consentement chez ceux tous qui ne sont plus aptes à se prononcer librement. Dégradation de l’atmosphère en maison de retraite ou même dans les familles. Remords des parents du moribond dont on aura plus ou moins arraché le consentement à l’euthanasie.
- Diffusion dans la société d «’une culture de mort » qui ne pourra qu’aggraver le mépris de la vie et le climat de violence.
Quoique certains sondages laissent penser que le public, qui confond le suicide assisté avec le légitime refus de l’acharnement thérapeutique , y semble favorable, plus de 80 % du corps médical et des soignants y est hostile. Dans des hôpitaux délabrés faute de moyens, faudra-il encore installer des « couloirs de la mort» ? Quand on ferme à tour de bras des services de soins , faut-il en ouvrir pour achever les malades ?
Mourir dans la dignité, c’est d’abord se battre jusqu’au bout. Les hommes et les femmes menacés le feront d’autant mieux que, loin de piqûres létales qu’il faut laisser à la médecine vétérinaire , ils partiront entourés de l’amour de leur proches.
Il est clair que toute société a besoin de lignes rouges, de tabous. Celui de la vie en est un. S’il est transgressé, tout se détraque.
Le vote d’une loi légalisant l’euthanasie serait un recul grave de notre éthique sociale. Il n’est plus question de gauche et de droite, il est question de l’ l’homme et de la civilisation.
«Les personnes âgées vivent trop longtemps et il y a un risque pour l’économie mondiale, il faut faire quelque chose, rapidement!» Christine LAGARDE
« Dès qu’il dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte cher à la société. Je crois que dans la logique même de la société industrielle, l’objectif ne va plus être d’allonger l’espérance de vie ». « Il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement plutôt qu’elle se détériore progressivement. L’euthanasie sera un instrument essentiel de nos sociétés future. » Jacques ATTALI, « L’avenir de la vie », 1981.
TontonJean
Le début de ce magnifique texte me rappelle le sermon de Mgr Gallen, évêque de Munster.
En fin de texte, M. Attali est cité. Quel âge a-t-il aujourd’hui? Je pense qu’il devrait se donner pour justifier sa position mortelle.
Janot
Que Jacques Attali montre l’exemple : il ne sert à rien (s’il a jamais servi à quelque chose) et à largement passé l’âge. Je propose la même chose pour Christine Lagarde, cela validerait son argumentaire.
Anya
Je me souviens de deux grands arguments avancés pour l’abolition de la peine de mort : 1/c’est barbare de décider, froidement, d’envoyer quelqu’un à la mort, quoi qu’il ait fait ; 2/”le dernier jour du condamné” : c’est inhumain de vivre sa dernière journée en le sachant. Apparemment, ces arguments n’ont plus cours de nos jours.
Pascal Prévost
bravo tout est dit : “il faut laisser ( l’euthanasie) à la médecine vétérinaire” ! Oui l’euthanasie est bestial,lâche aussi puisqu’elle ne s’applique qu’aux faibles , qu’aux plus petits , victimes de l’arrogance de ce monde.