Un des drames des Etats-Unis est la domination, à la Cour suprême, de juges de gauche ou de centre-gauche, qui tranchent des débats de société dans le sens de leur idéologie et des vents dominants du "politiquement correct." Nous avons déjà évoqué le paradoxe de ce décalage de la Cour par rapport à l’opinion américaine, alors que la plupart de ses juges ont été nommés par des présidents républicains : 7 sur 9. Et le phénomène n’est pas nouveau : Dwight Eisenhower, qui avait eu la main particulièrement malheureuse, avait classé un de ses choix de juge parmi les "cinq plus grosses erreurs de sa vie."
Pourquoi des juges que l’on croyait conservateurs ou, au moins, modérés lors de leur désignation, ont-ils si régulièrement tourné aigre en prenant leurs fonctions ?
Le journaliste conservateur David Frum fait état de ce fait dans un article sur la nomination de Harriet Miers, avec laquelle il a travaillé :
Des pressions intenses pèsent sur un juge à la Cour suprême pour qu’il bascule vers la gauche. Il y a la pression négative de la presse hostile et vicieuse, que doivent endurer les conservateurs dans la branche judiciaire. Et il y a les petites et douces incitations qui s’offrent aux juges qui s’ammolissent et s’effritent – la flatterie, les invitations à des conférences en Autriche et en Italie, les cours à Yale et Harvard. Harriet Miers a une personnalité tendue, nerveuse, anxieuse. J’ai du mal à imaginer qu’elle puisse supporter la colère et les insultes – ou résister à la flatterie – qui ont fait d’Anthony Kennedy, par exemple, le juge qu’il est aujourd’hui.
Ce phénomène, on le connaît bien sûr en France : sans la pression des médias, les compromissions du pouvoir et le désir de gagner le respect de l’intelligentsia, des gens qui ont partagé nos valeurs, tels que Jacques Chirac ou Pascal Clément, seraient sans doute toujours des nôtres…
HV