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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Prenez courage et ne craignez point ; voici votre Dieu qui apporte la vengeance et les représailles

Prenez courage et ne craignez point ; voici votre Dieu qui apporte la vengeance et les représailles

Dernier billet d’estoc et d’humeur du Glaive de la Colombe :

A l’approche de Noël, l’Eglise, tout en restant dans l’humilité et le recueillement, accentue les expressions de joie et de solennité dans sa liturgie (Dimanche de Gaudete [1] ; grandes antiennes Ô [2]…). Cette joie, qui l’emporte durant l’Avent sur la pénitence, découle d’un désir d’union à Dieu assuré d’être comblé. En effet, au-delà de l’avènement temporel du Christ, Noël célèbre Sa venue spirituelle dans les âmes et Son retour glorieux à la fin des temps ; or, ce Sauveur promis dès la Genèse s’est bien manifesté dans la chair. Invisible depuis l’Ascension, Il demeure présent au tabernacle et dans l’âme de Ses serviteurs fidèles. Ceux-ci peuvent s’affliger de l’absence sensible du Maître mais au fond de leur coeur, ils se réjouissent déjà de son arrivée dont ils ne peuvent douter, même si elle survient à la troisième heure de la nuit.

Et c’est bien le message que l’Esprit-Saint nous adressait ce dimanche de Gaudete [3], reprenant les paroles qu’Il inspira autrefois à Isaïe, alors que la tyrannie mondialiste se fait aujourd’hui plus oppressante :

« Dites aux pusillanimes : Prenez courage et ne craignez point ; Dieu Lui-même viendra, et Il vous sauvera. » (Isaie 35, 4)

Cette prophétie s’étant réalisée il y a 2000 ans, on pourrait la croire caduque, l’Eglise la reprenant dans la liturgie de l’Avent pour montrer que les promesses de Dieu sont sans rémission. Mais si l’on se reporte au texte d’Isaïe, on constate que, pour des raisons liturgiques évidentes, il a été tronqué d’un passage s’appliquant moins à Noël qu’au Jugement dernier :

« Dites aux pusillanimes : Prenez courage et ne craignez point ; voici votre Dieu qui apporte la vengeance et les représailles ; Dieu Lui-même viendra, et Il vous sauvera. » (Isaïe 35, 4)

Dieu vient à nous comme un enfant pour nous laisser venir à Lui, car c’est le temps de la miséricorde ; mais comme la crêche annonce la croix et la rédemption, la miséricorde annonce la justice et la paix, tranquillité dans l’ordre selon Dieu, non selon le monde. A Noël, Dieu nous dit à la fois : « Ne Me craignez pas, car Je suis doux et humble de coeur » et « Ne le craignez pas, ce monde qui est déjà jugé, car J’apporte la vengeance et les représailles ».

Cet « écho implicite », à Gaudete, du « A Moi la vengeance et la rétribution » [4] résonne plus distinctement dans l’épître du dimanche suivant [5] :

« Ne jugez point avant le temps, jusqu’à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière les choses cachées dans les ténèbres et qui manifestera les desseins des coeurs ; et alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due ».

La louange…ou la condamnation. En l’occurrence, compte tenu de l’actualité, on ne peut que trembler en réalisant que ce passage vise le clergé, dont on attend avant tout d’être trouvé fidèle par le Juste Juge et non par un tribunal humain [6] :

« Or, ce qu’on demande des dispensateurs, c’est qu’ils soient trouvés fidèles. Pour moi, je me mets fort peu en peine d’être jugé par vous, ou par un tribunal humain ; mais je ne me juge pas non plus moi-même. Car ma conscience ne me reproche rien, mais je ne suis pas justifié pour cela ; celui qui me juge c’est le Seigneur ».

Sans sonder les reins et les coeurs, les prises de position récentes de la hiérarchie de l’Eglise de France semblent aux antipodes de cet idéal paulinien. Soucieux d’échapper à leur responsabilité individuelle, nos évêques se sont soumis au jugement d’une commission partiale ayant pour but essentiel d’affaiblir la constitution intérieure de l’Eglise [7]. Celle-ci ne saurait invoquer un ordre juridique échappant à celui de la République, comme le rappela le Ministre de l’Intérieur au président de la Conférence des Evêques de France (CEF) convoqué à Canossa, avant de lui remettre discrètement la Légion d’honneur [8].

Nous ne reviendrons pas sur les compromissions de la CEF avec le pouvoir relativement aux Gilets jaunes ou à la tyrannie sanitaire [9]. Il nous suffira de remarquer qu’une Eglise se discréditant elle-même ne pourra dangereusement opposer sa doctrine sociale au bilan d’Emmanuel Macron ou aux programmes de ses rivaux. Nous avons toujours défendu sur ce blog une conception extensive des « points non-négociables » chers au pape Benoit XVI. Dans les circonstances présentes, nous ajouterions volontiers comme discriminant entre les candidats ou les programmes, les positions prises (ou non-prises) vis-à-vis du Covid-19 et des graves atteintes aux libertés publiques.

L’état de notre cher pays et du monde n’est pas sans rappeler le pitoyable tableau de Jérusalem dévastée dans le Rorate caeli : il y aurait toutes les raisons de désespérer de l’aveuglement des « élites » et des peuples comme de notre propre infidélité ; mais, à quelques jours de Noël, comme une cloche précédant l’aurore, l’hymne de l’Avent s’entête à nous consoler, nous assurant de notre délivrance finale.

L’abbé

Cieux, faites tomber la rosée, que le Juste vienne des nuées comme la pluie.

Ne t’irrite pas, Seigneur, ne te souviens plus de nos péchés : voici que la cité sainte est déserte, Sion est devenue un désert, Jérusalem est dévastée, la maison de ta sainteté et de ta gloire, où nos pères t’avaient loué.

Nous avons péché, nous nous sommes souillés, tous, nous sommes tombés comme des feuilles sèches, et nos iniquités, comme le vent, nous emportaient ; tu as détourné ta face loin de nous,et tu nous as livrés à nos iniquités.

Vois, Seigneur, l’abattement de ton peuple. Envoie l’Agneau souverain de l’univers, du rocher du désert jusqu’à la montagne de la fille de Sion, pour qu’il nous délivre lui-même du joug de la captivité.

Console-toi, console-toi, mon peuple, bientôt viendra ton Sauveur. Pourquoi te laisses-tu consumer par la tristesse, parce que la douleur t’a repris ? Je te sauverai, ne crains pas, car je suis le Seigneur ton Rédempteur.

 

[1] Messe du 3e dimanche de l’Avent dit de Gaudete (Missel de 1962)

[2] O Sapientia et commentaire sur les grandes antiennes Ô

[3] Messe du 3e dimanche de l’Avent – Communion

[4] Deutéronome 32, 35

[5] Messe du 4e dimanche de l’Avent (Missel de 1962) – Première Epître de saint Paul aux Corinthiens 4, 1-5

[6] Ibidem.

[7] Cf. l’analyse critique de huit membres de l’Académie catholique de France sur le rapport « Sauvé » et la défense de cette analyse dans les médias par le philosophe Pierre Manent.

[8] La Croix – 6 décembre 2012 : Gérald Darmanin a remis la Légion d’honneur à Mgr de Moulins-Beaufort

[9] Cf. sur ce blog les articles étiquetés « Gilets jaunes » et « Covid-19 »

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