Lu dans Minute :
"Najat est colère. Un professeur enseignant les mathématiques dans un établissement de l’Essonne a été arrêté pour avoir commis des actes de pédophilie, filmés et enregistrés sur son téléphone portable. Ce professeur avait déjà été condamné par un tribunal britannique, en 2006, à quinze mois d’emprisonnement et à une interdiction de travailler avec des enfants, pour « relations sexuelles avec un enfant à partir d’une position de confiance » ; en outre, « l’Education nationale avait été informée et a en connaissance de cause décidé de laisser enseigner ce professeur » !
Selon le ministre, la condamnation « avait été versée au dossier professionnel de l’enseignant » et une commission administrative paritaire académique, « réunie en formation disciplinaire, avait eu lieu le 9 mars 2007 afin d’auditionner cet enseignant, en présence de son avocat, et de tirer les conclusions adéquates de la condamnation dont il avait fait l’objet. » Or, cette commission « avait conclu, à l’unanimité de ses 35 membres présents, à l’absence de sanction, ayant constaté que, je cite : «la matérialité des faits reprochés était sujette à caution et que le doute devait lui profiter». » L’enseignant avait donc été réintégré.
« Cela m’est insupportable », tempête Najat, qui a décidé de « diligenter immédiatement une enquête administrative qui devra faire toute la lumière sur les responsabilités de chacun » et a annoncé des sanctions, « le cas échéant ». Comme nous l’a expliqué un responsable syndical, ces commissions administratives réunissent à nombre égal des représentants des organisations syndicales et des représentants de l’administration, chefs d’établissement et gestionnaires. La commission statue uniquement sur la base de documents fournis par l’administration et son avis est purement consultatif : en dernier ressort, c’est le recteur d’académie qui tranche. Le recteur s’appelait, à l’époque, Alain Boissinot, agrégé de lettres classiques et apparatchik de l’Education nationale, qui fut de 2002 à 2004 chef de cabinet de Luc Ferry, ministre de l’Education nationale, puis recteur de l’Académie de Versailles de 2004 à 2013, avant d’être choisi par le ministre socialiste Vincent Peillon pour présider le Conseil supérieur des programmes, poste dont il démissionna en juin 2014. […]"