Si vous êtes comme moi, vous ne savez trop quoi penser de ce projet de loi qui "ne légalise pas l’euthanasie." A moins qu’il ne la légalise, justement.
La revue de presse d’hier de "genethique.org" porte sur la proposition de loi. On n’en sort pas très avancé sur la nature du projet: dans Libération on lit ainsi simultanément que la loi est une "autorisation explicite – et plutôt large – de l’euthanasie passive", et qu’elle "évite tout ce qui pourrait ressembler à un droit au suicide." Le terme biaisé d’euthanasie "passive" est dénoncé par "genethique.org" dans sa très utile page de définitions.
Yves Daoudal, de National-Hebdo, voit un signe dans le fait que la loi arrive en discussion à l’Assemblée "30 ans jour pour jour après la discussion de la proposition de loi sur l’avortement:"
"La culture de mort poursuit implacablement sa route, et désormais dans un apparent consensus (…). Le texte ouvre à l’évidence la voie, dans son orientation et même dans la lettre, à la légalisation de l’euthanasie."
Pour Jeanne Smits dans Présent de vendredi:
"(L’intention déclarée de la loi) paraît très bien, car il s’agit bien de rompre avec la tentation de ‘toute-puissance’ des médecins qui, refusant la mort, peuvent en venir à imposer un acharnement thérapeutique qu’aucune morale ne justifie. (…)
Le bât blesse cependant dès lors que l’on cherche une définition des ‘soins inutiles.’ Aux Etats-Unis, la théorie des ‘soins inutiles’ permet d’ores et déjà de refuser des traitements efficaces à des personnes agées ou très malades parce qu’il ne leur reste de toute façon que peu de temps à vivre. (…)
Autre grave ambiguïté: le projet de loi (jusqu’à nouvel ordre), ne distingue pas entre les soins ordinaires, dus à tout patient en état de les recevoir, et les soins extraordinaires, qui peuvent relever de l’acharnement thérapeutique. C’est l’euthanasie ‘tendance’, celle qui ne se dit pas mais qui fait mourir: les personnels médicaux décident de cesser toute alimentation artificielle et toute hydratation artificielle du patient. (…)
Jean-Paul II a publié récemment un document dénonçant cette nouvelle façon d’achever les mourants."
Un mot sur le rapporteur de la loi, l’UMP Jean Léonetti: son profil éclaire-t-il sur les véritables intentions de cette dernière ? Pas vraiment. Il a contre lui de venir du Parti Radical "valoisien", l’aile la plus laïque de l’UMP, et d’avoir voté la loi Roudy de remboursement de l’avortement en 1982 (source: Transvie/Choisir la Vie.) Il a pour lui d’avoir demandé en 2001 la saisine du Conseil Constitutionnel a propos de la loi Aubry d’extension de l’avortement, et d’avoir activement défendu le lundi de Pentecôte férié.