A trop vouloir prouver contre l’évidence :
Sous le titre « Les faits comptent », la Commission européenne répond en sept points à la campagne de désinformation du gouvernement hongrois complotiste contre les autorités de l’UE qui favoriseraient l’immigration.
On a beau être habitué aux mensonges de Bruxelles, ce texte est proprement ahurissant, surtout pour ce qui est du mépris abyssal dans lequel les auteurs du libelle tiennent les Hongrois et leurs gouvernants. D’un autre côté, c’est un véritable cadeau qui est fait à Viktor Orbán, car ses services vont pouvoir se délecter de montrer à quel point les eurocrates sont des menteurs.
Il serait trop long et parfaitement inutile ici de réfuter les sept points. Le premier suffira. Aux Hongrois qui dénoncent les quotas de relocalisation des migrants, la Commission ose répondre que « la relocalisation de réfugiés de l’extérieur de l’UE s’est toujours faite et se fera toujours sur une base purement volontaire ». Sic. Cela, c’est la réponse en gros caractères. Ensuite il y a l’explication (hyper-jésuitique) de cette énormité : il faut distinguer les réfugiés qui sont encore à l’extérieur de l’UE – là c’est sur une base volontaire – et les réfugiés qui sont dans l’UE et qu’il faut répartir. Là ce n’est plus du tout volontaire, d’accord. Mais le plan ne concernait que très peu de gens, et très très peu pour la Hongrie, et le plan n’existe plus. La Commission oublie de dire que c’était un premier plan, qu’elle avait traîné la Hongrie devant la Cour de Justice, et que la Hongrie avait été condamnée… au moment où le plan s’achevait. Il devait être suivi d’un autre, plus important, plus contraignant, mais les eurocrates durent abandonner parce que l’opposition n’était pas seulement de la Hongrie mais de la Pologne, de la Tchéquie, de la Slovaquie, et que d’autres étaient en train de s’y joindre, notamment le Danemark, et peut-être les Pays-Bas, sans parler de la Bulgarie…
Un autre gros mensonge hyper-jésuitique gros comme un paquebot : « La Commission ne travaille pas avec des organisations qui facilitent la migration irrégulière. » Et dans les explications une autre énormité : « Il n’y a pas de preuves d’ONG travaillant avec des réseaux de passeurs pour aider des migrants à entrer dans l’UE. » Juste avant on lit ceci : « Sauver des vies en mer et s’occuper des personnes vulnérables qui ont fui un bain de sang et la guerre et qui ont besoin de la protection internationale n’est pas la même chose que promouvoir la migration irrégulière. » Il n’y a pourtant pas besoin d’être expert pour voir que la quasi totalité des migrants sur les bateaux sont des noirs d’Afrique sub-saharienne qui ne fuient aucune guerre…
Pour continuer à s’amuser, c’est ici (en anglais. Il y a aussi une version en hongrois. Mais dans aucune autre langue, parce qu’on n’en est pas trop fier quand même…)
Et à la fin il y a le rappel du dogme, en gros caractères :
« L’Union européenne n’est pas et n’a jamais été “Bruxelles” mais un projet piloté et conçu par ses États membres, qui ont chacun décidé, de manière unilatérale et démocratique, que c’est la voie qu’ils souhaitent suivre, y compris la Hongrie. Chacun de ces États membres, y compris la Hongrie, assume à la fois la responsabilité et le mérite des décisions prises collectivement. »
En bref une fois qu’on y est on ne peut plus rien changer, même quand un gouvernement élu démocratiquement a d’autres intérêts que le gouvernement précédent. Les décisions de l’UE lient pour l’éternité… Avec en prime un autre mensonge : le projet « piloté par les Etats membres », alors que, comme le souligne le traité, c’est la Commission qui est aux commandes.
C.B.
Il est assez ahurissant de constater sur la page https://ec.europa.eu/commission/publications/european-commission-responds-hungarian-government-campaign_en que le document n’est effectivement disponible qu’en anglais et en hongrois. Quant à disposer d’un contact (formulaire en ligne ou adresse de courriel), j’ai cherché en vain.