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L'Eglise : Foi

Quand La Croix rêve d’en finir avec le Concile… de Trente

Quand La Croix rêve d’en finir avec le Concile… de Trente

Un lecteur nous envoie cette réaction suite à la dernière prose de la rédactrice en chef de La Croix :

Chère Madame de Gaulmyn,

Depuis longtemps déjà je ne partage pas votre tolérance vis-à-vis de l’avortement et des questions bioéthiques. C’est donc avec appréhension que j’ai lu votre prose… Hélas, je n’ai pas été déçu… Ou plutôt si, quelle déception ! … Car, qui êtes-vous pour juger l’Eglise ? Quand je pense que le journal LaCroix vous a envoyé travailler des années à Rome comme correspondante, quel temps perdu ! Que n’avez-vous pris le temps de vous immerger dans les écrits des Pères de l’Eglise… je pense au « De Unitate » de saint Cyprien ou encore au plus récent « Méditations sur l’Eglise » du Père de Lubac, un jésuite.

Vous sentir à ce point en rupture avec la foi catholique et depuis si longtemps, sans parler de la manière avec laquelle vous balayez d’un revers de plume 500 ans de sainteté, tout ceci révèle davantage des tourments intérieurs qu’une réflexion profonde sur le mystère de l’Eglise.

Avez-vous oublié que :

  • Saint Vincent de Paul, aumônier des galères, prenait la place d’un rameur épuisé lors d’une traversée maritime,
  • Des milliers de saints prêtres réfractaires ont péri sous la Révolution pour le salut des âmes qui leur étaient confiées,
  • Saint Jean-Marie Vianney guérissait d’innombrables malades et pardonnait les péchés à de milliers de pénitents,
  • Saint Théophane Vénard, martyr,
  • Saint Pie X mourrait terrassé par l’angoisse à quelques heures du commencement de la première guerre mondiale,
  • Saint Maximilien Kolbe prenait la place d’un père de famille dans le bunker de la faim…
  • Saint Padre Pio, recouvert des stigmates du Christ, célébrait la sainte messe en souffrant avec amour,
  • Saint Jean-Paul II tombait sous les balles du terroriste un 13 mai 1981, victime de son courage politique face à un monde haineux de Dieu…

Oui, ces hommes étaient des prêtres du Concile de Trente, comme tous ceux qui ont été ordonnés depuis le XVIème et jusqu’à la consommation des siècles. Peut-être ne connaissez-vous pas le très beau document du Concile Vatican II sur le ministère et la vie des prêtres « Presbyterorum ordinis » … ? On nage dans le Concile de Trente en le lisant… Et à sa façon, ce texte approfondit magnifiquement les intuitions de l’Ecole Française de spiritualité qui, au XVIIème, recueillit les fruits de ce concile pour structurer l’âme sacerdotale aux fors interne et externe. Cela donna les eudistes, les lazaristes, les sulpiciens…  Même les jésuites en ont fait leur miel

Je crains que vous ne puissiez prétendre à l’appellation accordée à la grande sainte Marie-Madeleine, celle que la Tradition nomme l’apôtre des Apôtres. En effet, elle eût la grâce d’annoncer la Résurrection (y croyez-vous seulement… ?) à saint Pierre et saint Jean. Quant à vous, ce sont plutôt des « fake news » que vous annoncez à ce qui reste de prêtres vous lisant. Heureusement, il y a bien longtemps que l’écrasante majorité des prêtres ne vous suit plus dans vos théories personnelles soumises aux variations et humeurs du moment.

Autre point : vous qui militez avec tant d’allant pour l’abolition du célibat sacerdotal, que diriez-vous à ces femmes de prêtres (orientaux) qui divorcent car elles n’en peuvent plus de ne jamais voir leur mari, le soir en semaine mais aussi et surtout le week-end ? A ce prêtre, marié, supérieur d’un séminaire gréco-catholique en Roumanie qui m’a confié combien il comprenait la sage discipline de l’Eglise latine, expérience à l’appui ? L’autre jour encore je discutais avec deux prêtres orthodoxes résidant à Paris, l’un est marié, l’autre célibataire. Ils sont pourtant du même patriarcat et manifestaient une véritable tension entre eux sur ce sujet.

Ceci révèle bien qu’il ne s’agit pas seulement d’une discipline ecclésiastique mais d’un appel du Christ. Vous parlez des diacres permanents sans mentionner leur moyenne d’âge qui est à peu près celle des prêtres. L’écrasante majorité d’entre eux a déjà élevé ses enfants… L’avenir ce n’est pas les diacres permanents pour la plupart en retraite, mais plutôt de discerner les signes de notre temps : les jeunes prêtres, les séminaristes (tous allergiques à votre journal, avec un très faible niveau de résilience…) qui s’engagent avec ferveur et enthousiasme derrière le Christ. Mais votre ouverture de cœur vous empêchera sans doute de vous intéresser à leur histoire, leurs évêques ou leurs instituts…

Je vous rejoins quand vous fustigez les déviances de certains prêtres… même si beaucoup étaient des lecteurs de votre journal dont le relativisme moral n’a certainement pas facilité la prise de conscience des graves écarts dont ils se sont rendus coupables

A Notre-Dame du Laus, au XVIIème siècle, la Sainte Vierge a fait connaître sa peine à la vénérable Benoîte Rencurel devant l’immoralité de certains clercs… Mais peut-être n’accordez-vous pas tant de crédit à une parole de… femme, fusse-t-elle la Mère du Seigneur Jésus, le Souverain prêtre, qui par son sang nous fait miséricorde ? Notre-Dame s’offusquait volontiers de la vie double des prêtres qui n’avaient pas eu le privilège, dans ces zones montagneuses et reculées, de bénéficier des bienfaits des rappels du Concile de Trente.

Chère Madame de Gaulmyn, la sainte des temps modernes, Thérèse de l’Enfant-Jésus, avait consacré sa vie ainsi que les milliers de carmélites de l’histoire, à la sanctification des prêtres, des prêtres du concile de Trente. Tant d’entre eux peuvent témoigner des grâces de fidélité, de ferveur, ou encore de disponibilité, reçues par sa médiation. Si nos prêtres, qui se dévouent avec tant de zèle pour le salut des âmes, ne reçoivent pas de nous soutien, affection et générosité, quel message d’espérance envoyons-nous au monde ?

Enfin, permettez-moi de vous parlez des diaconnesses. Il semblerait qu’au IVème siècle dans une région de l’actuelle Syrie, des femmes aient été mandatées pour faire des onctions sur d’autres femmes. L’on rapporte que cette mission leur aurait été octroyée parce que certaines traditions interdisaient aux hommes de s’approcher des femmes. Peut-être des fouilles archéologiques nous en diront-elle davantage… En tous cas, comme nous n’avons aucune certitude, peut-être vaut-il mieux s’accorder sur celle des informations plus certaines :

La première trace écrite de la règle du célibat sacerdotal est connue par le canon 33 du concile d’Elvire, en Espagne. Nous sommes en l’an 300 et ce concile appelle au célibat les diacres, les prêtres et les évêques. Or, comme le remarquait Pie XI, une telle trace écrite suppose bien sûr une coutume plus ancienne. Pour enfoncer le clou, le 3e concile de Carthage, réuni en 397, écrit au sujet de la continence des clercs : « Ce que les apôtres nous ont enseigné, et ce que l’Antiquité a toujours observé, faisons en sorte nous aussi de le garder ». Tout est dit sur ce sujet et magnifiquement tranché par Paul VI dans l’encyclique Sacerdotalis coelibatus.

Pour conclure, oui, moi aussi je suis pour une extension de l’influence des femmes dans l’Eglise… mais des saintes seulement ! Alors priez pour moi, et je prie pour vous !

David Irons

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