Le 21 décembre 2006, Jean-Luc Mélenchon, qui s'apprêtait sans doute à passer un mauvais Noël, accusait, dans une question écrite au Ministère de l'Intérieur, la municipalité de Châtillon-sur-Loire (Loiret) de "violation répétée de la laïcité républicaine". L'objet de son courroux ? La crèche, installée chaque année sur le parvis de la mairie. Pierre Jova rappelle dans FigaroVox, la réponse qui lui avait été faite par le ministère, dirigé à l'époque par un certain Nicolas Sarkozy :
"Dans sa réponse du 15 mars 2007, le ministère de l'Intérieur a ainsi répondu: «le principe de laïcité n'impose pas aux collectivités territoriales de méconnaître les traditions issues du fait religieux qui, sans constituer l'exercice d'un culte, s'y rattachent néanmoins de façon plus ou moins directe.» Vous avez bien lu: la loi de 1905 laisse les municipalités, les conseils généraux, les conseils régionaux, et les collectivités d'outre-mer la liberté de célébrer des traditions religieuses. «Tel est le cas de la pratique populaire d'installation de crèches, apparue au XIIIe siècle. Tel est le cas aussi de la fête musulmane de l'Aïd-el-Adha», précise le ministère de l'Intérieur. Voilà pourquoi la mairie de Paris peut se permettre de célébrer cette fête islamique chaque année. La Fédération de la Libre-Pensée le sait, c'est pourquoi elle n'a jamais attaqué la municipalité parisienne pour ce motif, outre le fait qu'il serait discourtois de la part d'un libre-penseur d'attaquer une mairie socialiste.
Le ministère de l'Intérieur conclut: «L'intervention publique dans de tels domaines doit toujours se justifier par des considérations d'intérêt général (ordre public, communautés ou traditions locales, animation urbaine, etc.) et elle s'effectue sous le contrôle du juge administratif, que peut saisir tout citoyen ayant intérêt pour agir.»
La décision du Tribunal administratif de Nantes est-elle donc abusive ? Il est permis de le penser, au regard des autres plaintes déboutées, dans le Sud de la France, contre des crèches de santons. Un recours du Conseil général de Vendée paraît possible. Un appel pourrait signaler aux laïcistes la crèche est d'abord un symbole culturel avant d'être un emblème religieux incontestable."
Mais si elle était saisie, la cour administrative d'appel jugerait-elle la crèche vendéenne d'"intérêt général" ? C'est là toute la difficulté. Autrement dit, Messieurs les élus, voyez grand pour votre crèche, qu'elle devienne incontestablement "une animation urbaine".