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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Quatrième dimanche de Carême, Lætare

Quatrième dimanche de Carême, Lætare

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Ce quatrième dimanche de Carême est appelé du premier mot de son Introït Lætare : réjouis-toi. C’est en effet un dimanche de joie au milieu du Carême. C’était jeudi exactement le jour de la mi-carême, mais c’est en ce dimanche que la liturgie marque une pause dans les austérités de ce temps de pénitence en nous faisant entrevoir le but final, la joie de la résurrection, mais en nous rappelant que pour y parvenir il faudra passer par la croix. C’est par le bois de la croix que la joie est venue dans le monde entier, ainsi que le chante une antienne de l’adoration de la croix du Vendredi Saint.

En ce jour on ne chante toujours pas l’Alleluia, ni le Gloria in excelsis Deo, mais on peut jouer de l’orgue et orner l’autel de fleurs, ce qui est interdit les autres dimanches de Carême, et les ornements violets peuvent être remplacés par des ornements roses, si l’église en possède, comme au troisième dimanche de l’Avent.

Ce rose n’est pas seulement une couleur aimable et gaie, c’est celle d’une fleur, la plus belle et la plus odorante de toutes, mais qui a la propriété de pousser sur des épines : encore un rappel de la joie qui nous vient par la croix. Pour marquer l’importance de la croix dans la joie de ce dimanche, la station à Rome se faisait dans la basilique de Sainte-Croix-de-Jérusalem au temps où le pape allait, tous les jours de Carême, célébrer la messe dans une des nombreuses églises de Rome. On y vénérait la relique de la vraie Croix apportée par sainte Hélène, et cette basilique était un peu comme une enclave romaine de Jérusalem.

Nous allons voir justement qu’il est beaucoup question de Jérusalem dans les chants de cette messe, et Jérusalem, on le sait, c’est la figure de l’Église. A l’époque où le répertoire grégorien s’est constitué, de nombreux païens recevaient le baptême dans la nuit de Pâques, et en ce dimanche de Lætare l’Église tressaillait de joie à la pensée de tous ces nouveaux enfants qu’elle allait appeler à la vie.

Introït : Lætare

C’est la joie de la Jérusalem nouvelle qu’annonçait le prophète Isaïe dans le passage qui forme le texte de l’Introït.

Lætare Jérusalem, et conventum facite, omnes qui diligitis eam ; gaudete cum lætitia, qui in tristitia fuistis, ut exsultetis, et satiemini ab uberibus consolationis vestræ.
Réjouis-toi, Jérusalem, et rassemblez-vous, vous tous qui l’aimez. Soyez dans la joie et l’allégresse, vous qui étiez dans la tristesse, afin d’exulter et d’être rassasiés aux mamelles de votre consolation.

La mélodie est évidemment joyeuse et bondissante. Elle se nuance tout juste d’un petit voile pour évoquer la tristesse passée, la croix avant la joie. A la fin elle est empreinte de douceur pour parler de la consolation, avec la belle image des petits enfants rassasiés au sein de leur mère qu’Isaïe développe d’ailleurs un peu plus loin dans un passage célèbre du même chapitre. Le verset de cet Introït est le début du psaume 121, psaume à la gloire de Jérusalem que nous allons retrouver au Graduel et à la Communion.

Lætatus sum in his quæ dicta sunt mihi : in domum Domini ibimus.
Je me suis réjoui de ce qui m’a été dit : Nous irons dans la maison du Seigneur.

Graduel Lætatus sum

Le texte du Graduel du quatrième dimanche de Carême est tiré du psaume 121, que l’on retrouve à trois reprises dans cette messe, et en particulier la première partie de ce Graduel est formée du premier verset de ce psaume, celui qui accompagnait l’Introït :

Lætatus sum in his quæ dicta sunt mihi: in domum Domini ibimus.
Je me suis réjoui de ce qui m’a été dit : nous irons dans la maison du Seigneur.

La deuxième partie est formée d’un verset de la fin du psaume :

Fiat pax in virtute tua, et abundantia in turribus tuis.
Que la paix vienne dans tes remparts et l’abondance dans tes greniers.

Ce psaume est un des cantiques des ” Montées ” que les Hébreux chantaient en montant à Jérusalem, et ils l’entonnaient en découvrant le Temple, la maison de Dieu. Jérusalem c’est comme toujours la figure de l’Église vers laquelle montent tous ceux qui se préparent au baptême, et nous tous qui nous préparons à renouveler les promesses. C’est la maison de Dieu où nous trouvons la paix et l’abondance. Ce Graduel commence par le même verbe que l’Introït Lætare, se réjouir, et la mélodie est très évidemment très joyeuse. Elle s’élève dès le début dans les hauteurs avec de grands élans enthousiastes puis elle redescend en s’inclinant profondément pour vénérer le nom du Seigneur. La deuxième partie est tout entière une acclamation enthousiaste.

Trait : Qui confidunt

Le Trait du quatrième dimanche de Carême est assez court puisqu’il n’a que deux versets. Ce sont les deux premiers versets du psaume 124, qui est encore un cantique des ” Montées “, et fait encore l’éloge de Jérusalem, figure de l’Église, chantant particulièrement la sécurité qu’on y trouve.

Qui confidunt in Domino, sicut mons Sion : non commovebitur in æternum qui habitat in Jerusalem. Montes in circuitu ejus et Dominus in circuitu populi sui, ex hoc nunc et usque in sæculum.
Ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur sont comme la montagne de Sion. Il ne sera jamais ébranlé celui qui habite à Jérusalem. Des montagnes l’entourent : ainsi le Seigneur se tient autour de son peuple, dès maintenant et à jamais.

La mélodie est faite de formules psalmodiques ornées habituelles aux Traits que nous avons déjà rencontrées, notamment dimanche dernier. Mais, au début du deuxième verset, le mot montes, les montagnes, est revêtu d’une mélodie assez particulière avec de grands intervalles qui lui donnent un certain caractère descriptif.

Offertoire : Laudate Dominum

Comme ceux des deux dimanches précédents, l’Offertoire du quatrième dimanche de Carême est un chant de méditation, intérieur et contemplatif, qui est un peu à part dans les chants de cette messe, puisque, c’est le seul où il ne soit pas question de Jérusalem. Il est tiré du psaume 134, cantique de louange au Seigneur pour sa bonté et sa toute puissance, qui se manifesteront particulièrement dans le grand bienfait de la Rédemption.

Laudate Dominum, quia benignus est, psallite nomini ejus, quoniam suavis est : omnia quæcumque voluit fecit in cælo et in terra.
Louez le Seigneur, car il est bon ; chantez un psaume à son nom car il est doux : tout ce qu’il veut il le fait au ciel et sur la terre.

La mélodie est douce et calme, sans grands écarts. Elle prend un caractère plus affirmatif au début de la troisième phrase qui chante la toute-puissance divine.

Communion : Jerusalem quæ ædificatur

Pour la troisième fois au cours de cette messe du quatrième dimanche de Carême, nous trouvons à la Communion le psaume 121, le cantique que les pèlerins d’Israël chantaient en montant vers Jérusalem, et plus précisément dans le verset qui est chanté ici le cri d’admiration de tout le peuple en découvrant les murailles du temple après une longue marche :

Jerusalem, quæ ædificatur ut civitas, cujus particpatio ejus in idipsum : illuc enim ascenderunt tribus, tribus Domini, ad confitendum nomini tuo, Domine.
Jérusalem qui est bâtie comme une cité dont les parties se tiennent entre elles, c’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur, pour proclamer votre nom, Seigneur.

On remarquera une fois encore le passage de la troisième à la deuxième personne. Les tribus du Seigneur qui montent vers Jérusalem, ce sont tous les peuples que l’Église voit avec un tressaillement de joie monter vers elle pour y recevoir le baptême. Ils y seront tous unis dans la communion des Saints comme les pierres parfaitement ajustées de la cité sainte. Cette joie de l’Église se traduit par une mélodie ample et enthousiaste mais avec des cadences en demi-ton qui lui donnent en même temps un caractère mystique et contemplatif.

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