De Christian Marquant dans sa Lettre des veilleurs devant l’archevêché de Paris :
La semaine qui précède a été marquée, à Paris, par le rassemblement de tous les séminaristes diocésains de France, au nombre de presque – de seulement – 600, du vendredi 1er décembre au dimanche 3. Le vendredi fut jour d’adoration en diverses églises de Paris ; le samedi matin, une messe fut présidée à Saint-Eustache par Mgr de Moulins-Beaufort, qui répondit ensuite à leurs questions ; et le dimanche, une messe à Saint-Sulpice fut présidée par le cardinal Aveline, archevêque de Marseille.
Nous avons pu ainsi voir de nos yeux la génération des prêtres français de demain, ce qui a confirmé ce que nous savions d’eux par ailleurs. Dans une certaine angoisse, car les photos de groupe devant Notre-Dame ou devant Saint-Sulpice, de leur groupe qui, tous réunis, ne constitue vraiment pas une foule.
Mais nous avons pu constater que ce petit reste est tout le contraire des générations formés dans les années de plomb d’après le Concile et même des parisiens-parisiens des années Lustiger. Ceux d’aujourd’hui, qui paraissent timides et un peu fluets, sont entre tradis et tradismatiques, si vous me permettez ces catégorisations approximatives. En tout cas, on les verrait bien au pèlerinage de Chartres.
Ils sont traités comme tels : le samedi, on leur a fait chanter la messe De angelis, Kyrie, Sanctus, Agnus, « Chez nous soyez Reine » en chant de sortie, et pour finir on les a conduits sur le parvis de Notre-Dame pour y chanter un Magnificat en latin.
Et ils se comportent comme tels. Lors de la messe du dimanche, qu’on pouvait suivre sur KTO (Messe du rassemblement des séminaristes de France 2023 — KTOTV), on pouvait repérer une foule de détails symptomatiques : la vêture (aube blanche serrée par un cordon, pour la presque totalité, et non aube pendante, voire soutane et surplis pour les diacres), la tenue (mains jointes pour la presque totalité), les gestes (à genoux dès la consécration, là encore pour presque tous). La communion était particulièrement intéressante. Je ne prétends pas avoir fait un compte infaillible, mais il m’est apparu que la plupart faisaient une génuflexion préalable, qu’une moitié recevait la communion sur les lèvres et qu’un quart au moins, un tiers peut-être, la recevaient à genoux sur les lèvres (sans que les prêtres marquassent la moindre hésitation à la leur donner).
On dit que le diable est dans les détails, mais je crois qu’on peut le dire aussi du Bon Dieu, en tout cas pour de tels détails. J’aurais bien aimé – je suis incorrigible, me direz-vous – faire un sondage parmi eux, avec des questions du genre : « Êtes-vous favorable à la liberté de célébration de la liturgie traditionnelle ? » ; « Quand vous serez prêtre, célèbrerez-vous la messe tridentine ? » ; « Parfois ? souvent ? » ; etc. Je n’ai aucun doute : les résultats auraient été une bombe.
En fait, ces jeunes hommes ne sont pas très éloignés, parfois pas du tout, de ceux qui peuplent les séminaires traditionnels. Et ils sont comme les jeunes catholiques d’aujourd’hui, dont les évêques remarquent avec effroi qu’ils préfèrent la messe en latin. C’est très encourageant, mais attristant aussi, lorsqu’on pense à la répression qu’ils subissent souvent et qui les fait s’enfuir vers la Communauté Saint-Martin ou rejoindre les séminaires traditionnels.