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Quels sont tes secrets, ô ennéagramme ? (1/10) – La doctrine aux deux visages

De Pierre de Thieulloy, ancien officier et auteur d’ouvrages sur les tempéraments et les humeurs, pour le Salon beige:

Que penser de l’ennéagramme ? Un récent ouvrage d’Anne Lécu sur le sujet pose le décor en ces termes : « Surfant sur la vague californienne du New Age et du Self-Help, l’ennéagramme envahit la société française. On le retrouve partout, en librairie, au fil des médias, sur Internet, dans les formations professionnelles, les stages psychologiques, les retraites spirituelles et jusque dans les institutions ecclésiales. On le magnifie pour son dispositif géométrique en neuf types de personnalité… »[1]

Plus qu’un sujet de société ou qu’un outil psychologique, il convient de se demander si l’ennéagramme n’est pas en train de devenir un objet de foi ? Au début il y avait plutôt des initiés et des non-initiés. Aujourd’hui, apparaît une sorte de croisade verbale à l’encontre de ceux qui croient et enseignent l’ennéagramme. Il s’agit d’un sujet qui n’est pas anodin et qui anime actuellement un débat assez virulent au sein de l’Eglise catholique.

J’ai moi-même été véritablement conquis par certains aspects de l’ennéagramme. Mais désormais, je reconnais que son origine obscure et occulte est avérée et indéniable, elle ne peut être ignorée. J’ai été adepte pendant plusieurs années et maintenant je vais tenter de prêcher contre, en essayant toutefois de mettre en lumière la part de vérité qui y est cachée.

Mon discours ne sera donc pas de rejeter en bloc l’ennéagramme, mais d’examiner sérieusement l’édifice pour tenter d’en recueillir quelques perles de vérités qui s’y trouvent et qui y attirent tant et tant d’hommes de bonne volonté.

Une figure unique assortie de deux doctrines

L’ennéagramme en tant que tel n’est rien d’autre qu’un sigle ou une figure géométrique, composé d’un cercle, d’un triangle et d’un diagramme, le tout articulé autour de neuf points.

Cette figure en soi pourrait sembler neutre et anodine, si elle n’était associée à deux doctrines qui ne le sont pas : celle du Russe Georges Gurdjieff (~1870-1949) et celle de l’Américaine Helen Palmer née vers les années 1930. Les débats qui opposent partisans et adversaires de l’ennéagramme reposent tout d’abord sur cette équivoque : de quelle doctrine parle-t-on ? Car la plupart des partisans se réfèrent à l’ennéagramme de Helen Palmer qui définit neuf types de personnalité, tandis que les opposants condamnent surtout la doctrine ésotérique de Gurdjieff.

L’ennéagramme des personnalités

Il faut tout d’abord savoir que pendant cinquante ans, de 1920 à 1970, l’ennéagramme a été réservé au cercle d’initiés des disciples de Gurdjieff. Mais à partir des années 1970 jusqu’à nos jours, c’est principalement l’ennéagramme de la psychologue Helen Palmer qui connaît une large diffusion et un fort engouement sous le nom de « ennéagramme des personnalités ».

Dans un récent ouvrage intitulé L’ennéagramme n’est ni catho ni casher, Anne Lécu, docteur en philosophie et docteur en médecine, récapitule les objections d’ordre moral et philosophique contre l’ennéagramme. Elle s’appuie sur ses propres recherches et sur l’expertise et les mises en garde de Bertran Chaudet, diacre et coordinateur national du service pastoral « Nouvelles croyances et dérives sectaires » entre 2006 et 2013. Tous deux sont d’avis que l’ennéagramme des personnalités est aussi nocif et dangereux que l’ennéagramme de Gurdjieff dont il dérive directement.

Mais face à eux, les disciples de Helen Palmer cherchent plus ou moins à dissocier l’ennéagramme des personnalités de la doctrine de Gurdjieff. Parmi eux, la voix du père Pascal Ide, lui aussi admirable théologien et chercheur, m’apparaît sérieuse et digne de considération. Il estimait en 2017 que « l’ennéagramme n’a pas un auteur unique et ne bénéficie pas encore d’une histoire aisément traçable »[2].

Il y a donc une question fondamentale à résoudre, un premier mystère ou secret à percer : Gurdjieff est-il oui ou non le premier père de l’ennéagramme ?

[1]Anne Lécu, L’ennéagramme n’est ni catho, ni casher, Editions du Cerf, 2023, dos de couverture.

[2]Pascal Ide, « Ennéagramme et transcendantaux. Interprétations croisées », Nouvelle revue théologique, 2017, cité par Anne Lécu, ibid., page 159.

De l’Ennéagramme aux patriarches de la Bible

 

Les douze Tribus d’Israël – Histoire des tempéraments

 

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1 commentaire

  1. Bonne idée que de lancer ce débat.
    Plutôt sceptique au départ, j’avoue que l’enneagramme m’a convaincu par sa finesse.
    Je dirais dans un premier temps que ce qui en fait son succès est certainement dû à sa pertinence. Et plus on utilise l’enneagramme de manière empirique, plus on le trouve approprié. Pour le coup les tempéraments : sanguin, colérique, bilieu et mélancolique… ne me parlent absolument pas. Après, le terme “ennéagramme” peut effectivement paraître ésotérique mais ce ne serait que de la sémantique…

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