Partager cet article

Valeurs chrétiennes : Culture

Quels sont tes secrets, ô ennéagramme ? (3/10) – Les neuf types tombés du ciel

Suite de la série d’articles de Pierre de Thieulloy, ancien officier et auteur d’ouvrages sur les tempéraments et les humeurs, pour le Salon beige (le 1er article est disponible ici et le second là):

Comme nous l’avons vu précédemment, il y a deux enseignements qui utilisent la figure de l’ennéagramme : la quatrième voie de Gurdjieff et les neufs types de Palmer. Il a été établi, solidement me semble-t-il, qu’il n’y a pas de trace de l’ennéagramme avant Gurdjieff. La figure géométrique de l’ennéagramme serait donc une invention ou trouvaille de Georges Gurdjieff, conservée par Helen Palmer lorsqu’elle étudia – cinquante ans plus tard – les neuf types de personnalité.

D’où vient que ces neuf types de personnalité de Helen Palmer soient demeurés si étroitement associés au sigle de l’ennéagramme ? D’où vient ce caractère quasi-sacré du sigle de l’ennéagramme auquel se rattache les neufs profils décrits par Helen Palmer ?

Trouvaille humaine ou révélation divine ?

En réalité, Helen Palmer n’a pas inventé les neuf personnalités de l’ennéagramme, elle n’a fait que les illustrer et les décrire. On ne trouve qu’une vague évocation de ces neuf types dans l’enseignement de Gurdjieff. Leur première description précise semble provenir d’un Bolivien nommé Oscar Ichazo (1931-2020). Selon ce qu’on peut lire de lui, Ichazo aurait pratiqué l’occultisme, l’ésotérisme, la kabbale, le yi-king, l’alchimie, le chamanisme, la prise de drogue et la fameuse quatrième voie de Gurdjieff.

Ichazo raconte en outre avoir été instruit directement par un ange céleste. En 1964, « il se trouva subitement plongé ainsi qu’il le racontera, dans un coma divin. Cet état d’extase dure sept jours au terme desquels il se réveille, convaincu qu’il doit enseigner la révélation qui lui a été communiquée. »[1] Ichazo enseignera donc et il revendiquera la paternité de ces neuf types de personnalité. En effet, lors de la sortie des deux premiers ouvrages sur le sujet (1984 et 1988), il va attaquer les auteurs en justice pour faire valoir son droit de propriété intellectuelle. Il a donné à ces neufs types les noms suivants : « le ressentiment, la flatterie, le laisser-aller, la mélancolie, l’avarice, la lâcheté, le complot, la vengeance et l’indolence »[2].

Puisque ces neufs types ne sont ni décrits ni nommés dans l’enseignement de Gurdjieff mais qu’ils apparaissent clairement dans celui d’Ichazo nous pouvons en conclure que ce dernier en est le père, comme il l’a lui-même revendiqué. De plus, sauf à considérer Ichazo comme un charlatan – comment pourrait-on alors garder sa doctrine ? – il est établi que la description des neuf types est le fruit non d’une recherche scientifique laborieuse mais d’une révélation angélique. Bons anges ou mauvais anges, c’est une autre question.

Révélation adoptée par trois grands experts

La doctrine que nous connaissons aujourd’hui serait donc le fruit d’une révélation, accueillie et enrichie par trois grands experts : le psychiatre chilien Claudio Naranjo (1932-2019), le père jésuite américain Robert Ochs (1930-2018) et la psychologue américaine Helen Palmer née vers les années 1930.

Un triple regard, médical, religieux et psychologique va se pencher sur le nouveau-né tombé du ciel. Dès 1969 en effet Claudio Naranjo apprend et adopte les neuf types auprès d’Oscar Ichazo. Il leur associe les diverses maladies psychiatriques alors connues. Puis l’année suivante, Naranjo transmet à son tour le bébé à deux nouveaux adeptes : le prêtre jésuite Robert Ochs et la psychologue Helen Palmer. Il va alors être testé d’un côté dans le milieu catholique – dans les séminaires notamment – par le père Ochs. De l’autre côté il va être expérimenté sur plus de mille élèves par Helen Palmer alors professeur de psychologie. Le résultat est enthousiasmant des deux côtés, si bien qu’en 1984 trois religieux, élèves du père Ochs, publient un premier ouvrage et en 1988 Helen Palmer rassemble des milliers de témoignages dans un ouvrage qui atteindra des records de vente : L’ennéagramme, comprendre vous-même et les autres dans votre vie.

Ainsi, l’ennéagramme des personnalités tombé du ciel en 1964 est assez rapidement déclaré viable voire « impeccable », par la médecine, la religion chrétienne et la psychologie moderne. Les chrétiens dans leur emballement semblent cependant avoir oublié un détail important : si communication céleste il y a eu, s’agit-il des bons ou des mauvais anges ? S’agit-il d’une vérité tronquée ou d’une vérité toute entière ?

[1]Anne Lécu, L’ennéagramme n’est ni catho, ni casher, Editions du Cerf, 2023, pages 99 et 100.

[2]Mitchel Pacwa, Dis-moi qui je suis ô ennéagramme, cité par Anne Lécu, ibid. page 106.

Les douze Tribus d’Israël – Histoire des tempéraments

 

Partager cet article

6 commentaires

  1. En ce qui me concerne, j’aime bien aussi les experts en Physique théorique. N’oublions pas le français Alain Aspect qui vient de partager un prix Nobel.

    Ce que révèle ces recherches sur les particules quantiques intriquées n’est-il pas aussi mystérieux, fascinant ? Et cela reste pourtant la création de Dieu.

    Je me méfie cependant de ceux qui écrivent “Au fil des pages, l’auteur livre son opinion sur la foi chrétienne, la psychologie moderne et les hypothèses souvent erronées des scientifiques” ? Eh bien oui, c’est parce que ce sont des scientifiques qu’il y a beaucoup d’hypothèses qui sont … des hypothèses ! Elles ne peuvent donc pas être “erronées” tant qu’elles ne sont pas vérifiées, démontrées ou au contraire, contredites. Oui, c’est pour ça qu’on les appelle des “hypothèses” !

    Oui, méfions nous de ceux qui s’attribuent le titre d’expert dans des domaines non scientifiques, voire ésotériques !

    Sachons raison garder ! Et soyons fier de nos grands scientifiques comme un certain Blaise Pascal pour n’en citer qu’un !

  2. Le diable aimant singer la vérité peut être que les 9 types, peu flatteurs, d’Ichazo ont été mieux inspirés par la suite ? Car ce qui est “fou” c’est que l’ennéagramme, marche. Aussi, loin d’enfermer les gens dans des cases, il leur permet bien au contraire de mieux se comprendre et de mieux comprendre les autres…

  3. Si on “juge l’arbre à ses fruits”, ceux-ci me semblent, pour ma part, beaux et bons.

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services