S’il en était besoin, les quelques mesures de prétendu apaisement concédées par Emmanuel Macron aux gilets jaunes manifesteraient le fait que les princes qui nous gouvernent n’ont rien compris aux événements qui se déroulent sous leurs yeux.
Les seules mesures concrètes sont des mesures fiscales et financières, dont personne d’ailleurs ne sait comment elles vont pouvoir être financées. L’état d’urgence économique et social est déclaré. Le reste est un ensemble de vœux pieux : des règles plus justes, plus simples, plus claires, aborder la question de l’immigration,rencontrer les maires, etc.
Les jours d’Emmanuel Macron à l’Elysée seraient-ils comptés ?
Le Jupiter tonnant qui règne à l’Elysée est moins flamboyant qu’il ne fut et il cristallise sur son nom le désespoir, voire la haine de toute une partie de la population. Les images de sa visite au Puy-en-Velay, archétype de la France profonde sont, à cet égard,saisissantes. Sans doute médite-t-il le triste sort de Louis XV qui de« Bien-aimé » qu’il fut au début de son règne mourut dans l’opprobre générale, déconsidéré par son inconstance, l’opposition des parlements et de la noblesse mais aussi son inconduite notoire ? Emmanuel Macron n’est pas inconstant. Il est l’homme choisi pour accélérer le passage de la France du statut de puissance nationale indépendante et enracinée à celui de composante, plus ou moins autonome, d’un plus vaste ensemble, mondialiste, dont la seule loi intangible est celle du marché. Tous les opposants à ce projet se trouvent être, par nature,réfractaires aux réformes souhaitées par le Président de la République
La France n’est plus un état indépendant
Les revendications des gilets jaunes apparaissent souvent déconcertantes voire contradictoires. Préoccupations sociales et identitaires se mêlent, de la protection de l’industrie française au retour à la retraite à 60 ans en passant par la reconduite à la frontière des déboutés du droit d’asile et la fin du travail détaché.
C’est ignorer que depuis longtemps, la France n’est plus maîtresse de son destin. Elle n’est plus un Etat indépendant, libre de faire les choix qu’impose sa situation. Ainsi,en raison des accords de Maastricht le déficit public ne peut dépasser 3% du PIB. Lié à l’Euro, notre pays ne peut dévaluer sa monnaie afin de retrouver une compétitivité perdue. Le seul moyen est de peser, à la baisse, sur les salaires et pour cela de faire appel à une main d’œuvre immigrée moins exigeante. Endettée d’un montant à hauteur de son PIB soit 2300 milliards d’Euro, 37 259 € par habitant, la France est entre les mains des détenteurs de sa dette, placée sur les marchés financiers internationaux. L’intérêt de la France n’est clairement pas la préoccupation majeure de ces institutions. « Il y a deux manières de conquérir et d’asservir une nation, l’une est par les armes, l’autre par la dette » disait John Adams, deuxième président des Etats-Unis. 80% des lois votées à l’Assemblée Nationale ne sont que la transposition en droit national de directives européennes. Au titre des accords de Schengen la France n’a plus la maîtrise de ses frontières.
Un ordre qui n’est pas l’ordre
Certains commentateurs fustigent le désordre créé par les gilets jaunes. Il n’est pas ici, bien sûr,question de justifier les exactions commises par les milices d’extrême-gauche ni par les bandes ethniques des banlieues dont les membres sont, selon Xavier Raufer, parfaitement connus, identifiés et laissés en état de nuire. Il n’en demeure pas moins que l’ordre ainsi remis en cause n’est pas l’ordre. Certes il est en deçà du chaos absolu puisqu’il permet à certains éléments d’ordre public de subsister : sécurité physique des personnes, liberté de mouvement,approvisionnements, liberté d’expression sous certaines réserves, possibilité de jouir, en partie, du fruit de son travail, etc. Cependant cet ordre n’est pas l’ordre parce qu’il s’attache depuis des décennies à méthodiquement détruire ce qui constitue l’armature du corps social, les corps intermédiaires (communes,entreprises, associations professionnelles, etc.) et en premier lieu la cellule familiale. L’institution familiale est minée par le divorce à la carte, ruinée par la confusion savamment entretenue entre prestations sociales et prestations familiales, ridiculisée par le dénigrement constant des mères qui choisissent d’assurer, gratuitement, l’éducation de leurs enfants plutôt que de mener une carrière professionnelle rémunérée.
Malgré les effets d’annonce du ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, il n’est pas certain que l’école publique ait mis fin à son entreprise d’abrutissement et de déracinement des générations futures. L’enseignement de l’Histoire de France y est généralement surtout l’occasion de susciter honte et repentance pour les crimes qu’auraient commis nos aïeux, l’éducation sexuelle étend ses ravages à des enfants de plus en plus jeunes, le retour à la méthode syllabique est réservé aux banlieues ethniques, l’écart ne cesse de croître entre les besoins des entreprises et les compétences fournies par les établissements scolaires régis par le mammouth scolaire. Ce sentiment de malaise est particulièrement illustré par la mise en regard de deux chiffres : nous perdons chaque année 20 000 bac+5 qui partent à l’étranger et dans le même temps nous accueillons, officiellement, 250 000 immigrés qui sont plutôt des bac-5.
L’Etat, incapable d’assurer ses fonctions régaliennes est en fait surtout devenu un redistributeur de la manne sociale (780 milliards, par an, tous transferts additionnés) qui est un frein puissant à la reprise de l’emploi pour les salaires les plus bas, l’écart entre la somme des aides sociales et le SMIC étant parfois très faible. Autre exemple : sans avoir jamais travaillé un immigré en situation régulière présent depuis 10 ans sur le territoire français touche au titre de l’ASPA (Allocation de Solidarité pour Personnes Agées) une retraite mensuelle de 833€. C’est dans cette voie que souhaite poursuivre Buno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, affirmant dans Valeurs Actuelles du 6 décembre 2018 : « Notre modèle social fonde la justice sociale sur la solidarité nationale (…) Chacun contribue en fonction de ses moyens et reçoit en fonction de ses besoins. » La cigale de la fable peut continuer à chanter pendant que la fourmi travaille…
Donner intérêt à bien faire
Lors de la campagne présidentielle de 2007 Nicolas Sarkozy avait tenu des discours admirables, exaltant Jeanne d’Arc, l’autorité, la famille, la nation, la justice, etc. fustigeant l’esprit de mai 68, l’assistanat, l’insécurité, etc. Quasiment rien de ce programme, auquel souscrirait certainement l’immense majorité des gilets jaunes, ne fut mis en œuvre. On sait ce que fut la suite des événements. Il faut relire ces discours ! Ce sont, actualisés, ceux en cours de préparation chez les héritiers spirituels de Nicolas Sarkozy. La question de fond est celle-ci : pourquoi feraient-ils demain ce que leur mentor avait promis hier et qu’il n’a pas fait.
En mai 68 des étudiants issus des beaux quartiers dressaient des barricades dans le quartier latin. Les enfants des ministres défilaient et des prolétaires constituaient les pelotons de gendarmerie et de CRS. Aujourd’hui les « petits blancs » sont face à face. Chaque gendarme ou CRS a un frère, un cousin, etc. qui est gilet jaune. Cela change un peu la donne. Emmanuel Macron avait, avec son arrogance habituelle, défié les Français à l’occasion de l’affaire Benalla « Qu’ils viennent me chercher !» C’est ce qu’ils sont en train de faire.
Le processus auquel nous assistons est En Marche depuis longtemps. Anatole France qu’il sera difficile de faire passer pour un suppôt de la réaction conservatrice écrivait en 1908 dans L’île des pingouins : « Après s’être soustraite à l’autorité des rois et des empereurs, la France s’est soumise à des compagnies financières qui disposent des richesses du pays et, par les moyens d’une presse achetée, dirigent l’opinion. » Ce nouvel ordre financier nie les besoins fondamentaux de l’âme humaine : l’enracinement, l’inscription dans une histoire, le besoin de transcendance, le droit des peuples à assurer leur continuité historique, l’attachement à un certain art de vivre, à des paysages,à un terroir, etc. Que savent de cela les petits hommes gris de Bruxelles ou les énarques en costume rayé ? Nous sommes pourtant là au cœur de la révolte et de l’angoisse existentielle des gilets jaunes. Demain, dans cinquante ans, il sera trop tard pour la raison simple que ce peuple à qui on a retiré le simple désir bien naturel de se perpétuer dans ses enfants sera devenu la première des minorités dans un pays qu’il ne reconnaîtra plus. La dispersion sur tout le territoire national, même dans les endroits les plus reculés et inaccessibles, de centaines de milliers de migrants appartenant à une autre civilisation obéit, sans doute, à une volonté politique de changer en profondeur, et sans possibilité de retour, l’humus social de notre patrie. Un peuple sans enfants et sans âme commune est un peuple sans avenir ! Qui aura le courage de le dire et d’en tirer les conséquences ?
Désigner l’ennemi
Il y a près de 80 ans, alors que les élites de son pays souhaitaient trouver avec Adolf Hitler un gentleman agreement qui eut sauvegardé l’Empire, un homme se dressa et changea le cours de l’histoire. Winston Churchill le 13 mai 1940 promit à son peuple « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur ». Ce furent les classes populaires qui lui apportèrent le soutien le plus massif et le plus constant. Il avait osé désigner l’ennemi : le nazisme hitlérien. Aujourd’hui la France qui ne veut pas disparaître doit mener une guerre sur deux fronts. D’abord contre le mondialisme matérialiste et hédoniste, destructeur des communautés naturelles et fondateur d’un ordre marchand qui fait l’impasse sur nos enracinements comme sur nos aspirations spirituelles. Ensuite un Islam fondamentaliste dont l’objectif ultime est d’imposer la charia à l’ensemble de la planète. Si la révolte des gilets jaunes permet à un homme, ou une femme, animé de ces convictions d’émerger, cette insurrection n’aura pas été vaine. Sans cela elle n’aura été que le chant du cygne de ce qui aura été la plus vieille nation du monde et la Mère des arts, des armes et des lois.