De la Famille Missionnaire Notre-Dame :
Au début de cet été 2017, méditons cet extrait du quatrième mémoire de Sœur Lucie :
«Sacrifiez-vous pour les pécheurs, et dites souvent, spécialement lorsque vous ferez un sacrifice : « O Jésus, c’est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs, et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie ». En disant ces dernières paroles, Elle (la Vierge Marie) ouvrit de nouveau les mains, comme les deux derniers mois. Le reflet parut pénétrer la terre et nous vîmes comme un océan de feu, et plongés dans ce feu, les démons et les âmes, comme s’ils étaient des braises, transparentes et noires, ou bronzées, ayant des formes humaines. Elles flottaient dans l’incendie, soulevées par les flammes qui sortaient d’elles-mêmes avec des nuages de fumée, tombant de tous côtés, semblables à la retombée des étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, avec des cris et des gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de peur. (Ce fut sans doute à cette vue que j’ai dû pousser ce cri Aie… que l’on dit avoir entendu). Les démons se distinguaient par des formes horribles et répugnantes d’animaux effrayants et inconnus, mais transparents comme des charbons noirs embrasés. Effrayés, comme pour demander secours, nous avons levé les yeux vers Notre Dame qui nous dit avec bonté et tristesse : – Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Afin de les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si vous faites ce que je vous dis, beaucoup d’âmes seront sauvées et vous aurez la paix ».
Le message prophétique du 13 juillet ne se limite pas, cependant, à cette vision de l’Enfer. Mais du fait de la grave hérésie actuelle – l’Enfer n’existe pas ou, s’il existe, il n’y a personne dedans ! -, nous voulons centrer notre consigne de cordée sur cet appel angoissé du Cœur Immaculé de Marie, appel toujours actuel : des âmes vont en Enfer ! Pour les sauver, nous devons développer la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, prier le rosaire et offrir des sacrifices.
Le 13 mai dernier, Monseigneur Marto, l’évêque de Leiria dont dépend Fatima, déclarait sur KTO : « La vision de l’enfer n’est pas une photo ou film en couleurs, c’est une vision symbolique à partir de l’imaginaire des enfants les voyants, de tout ce qu’ils ont appris au catéchisme, mais c’est pour montrer la monstruosité du mal. Les enfers qui sont présents dans l’histoire représentés par les guerres et les victimes innocentes ». Cette interprétation surprenante se fonderait, selon Mgr Marto, sur le commentaire du Cardinal Joseph Ratzinger sur la troisième partie du secret de Fatima. Avant de développer notre consigne de cordée, il est très important de connaître précisément ce que le Cardinal Joseph Ratzinger a vraiment écrit dans son commentaire théologique à la demande de Jean-Paul II.
Précisons d’abord que l’objet propre de ce commentaire n’était pas la vision de l’Enfer, mais la troisième partie du secret de Fatima. Le Cardinal Joseph Ratzinger a, toutefois, parlé de la vision de l’Enfer pour expliquer ce qu’était une vision imaginative :
« Il est clair que, dans les visions de Lourdes, Fatima, etc., il ne s’agit pas de la perception normale extérieure des sens : les images et les figures qui sont vues ne se trouvent pas extérieurement dans l’espace, comme s’y trouve par exemple un arbre ou une maison. Cela est absolument évident, par exemple, en ce qui concerne la vision de l’enfer (décrite dans la première partie du « secret » de Fatima) ou encore la vision décrite dans la troisième partie du « secret », mais cela peut se montrer très facilement aussi pour les autres visions, surtout parce que toutes les personnes présentes ne les voient pas, mais en réalité seulement les voyants ».
Que voulait signifier le Cardinal Ratzinger ? Tout simplement ceci : la perception d’une réalité spirituelle, immatérielle, ne se fait pas de la même manière que la perception d’un objet extérieur, matériel. La perception visuelle normale de l’homme se fait par l’image de l’objet extérieur dans l’œil. Des scientifiques comparent l’impression de cette image dans l’œil à celle qui est produite dans un appareil photo. Sans l’impression de l’image de l’objet en notre œil, nous ne pourrions pas voir. Il en est ainsi pour «la vision» d’une réalité spirituelle, le «voyant» a besoin d’une image. C’est ce que veut signifier le Cardinal Ratzinger en parlant de «vision imaginative» = vision grâce à une image qui permet au voyant de voir une réalité spirituelle. Cette image «a certainement pour le voyant, écrit le Cardinal Ratzinger, une force de présence, laquelle équivaut pour lui à la manifestation externe sensible». Pour le voyant, affirme le Cardinal Ratzinger, la perception intérieure, ou vision imaginative, est donc pratiquement identique à la perception visuelle d’un objet extérieur.
Le Cardinal Ratzinger précise encore afin qu’il n’y ait aucune ambiguïté :
«Voir intérieurement ne signifie pas qu’il s’agit de fantaisies, ce qui serait seulement une expression de l’imagination subjective. Cela signifie plutôt que l’âme est effleurée par la touche de quelque chose de réel, même si c’est suprasensible, et qu’elle est rendue capable de voir le non-sensible, le non-visible par les sens – une vision avec les « sens internes ». Il s’agit de vrais « objets » qui touchent l’âme, bien qu’ils n’appartiennent pas à notre monde sensible habituel… Ce sont les enfants qui sont les destinataires privilégiés de telles apparitions: l’âme est encore peu altérée, sa capacité intérieure de perception est encore peu détériorée ».
Cette précision du Cardinal Ratzinger est très importante pour affirmer le réalisme de la vision imaginative de l’Enfer par les enfants de Fatima. Le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, connaissant les graves erreurs – pour ne pas dire hérésies ! – au sujet de l’Enfer, précisait encore: «Les images que les enfants de Fatima ont décrites ne sont pas une simple expression de leur fantaisie, mais le fruit d’une réelle perception d’origine supérieure et intérieure». Cette affirmation confirme l’origine de l’image qui a permis aux enfants de « voir l’Enfer » : non l’imaginaire mais une intervention « supérieure » (ange ou Dieu).
Le Cardinal Ratzinger a ensuite cherché à expliquer en quoi la vision de l’Enfer peut être dite « symbolique » :
«elles (les images) ne sont pas non plus à envisager comme si, pour un instant, le voile de l’au-delà avait été enlevé et que le ciel apparaissait dans ce qu’il a de purement essentiel, de la manière dont nous espérons le voir un jour dans l’union définitive avec Dieu. Les images sont plutôt, pour ainsi dire, une synthèse de l’impulsion qui provient d’En Haut et des possibilités de ce fait disponibles du sujet qui perçoit, en l’occurrence des enfants. C’est pour cela que le langage imaginatif de ces visions est un langage symbolique».
Le commentaire du Cardinal Ratzinger est complexe et difficile, mais on ne peut absolument pas l’interpréter comme si le langage symbolique de la vision de l’Enfer montrait la monstruosité du mal, les enfers présents dans l’histoire, représentés par les guerres et les victimes innocentes (cf. déclaration de l’évêque de Leiria). Le symbolisme de la vision de l’Enfer concerne la réalité spirituelle de l’Enfer, lui-même, lieu de damnation éternelle où sont les démons et les damnés et non le Mal qui serait dans le monde et les enfers que seraient les guerres et les actes terroristes.
La Vierge Marie, le 13 juillet 1917, avait donné la vraie interprétation de la vision imaginative de l’Enfer : «Vous avez vu l’Enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs». Le Cardinal Ratzinger, dans son commentaire théologique, a interprété fidèlement la vision de l’Enfer, en cohérence avec les paroles de la Vierge Marie : les enfants ont bien vu l’Enfer, mais ils n’ont pas pu le voir comme il est en réalité, ils l’ont vu à travers les images symboliques qui leur ont été communiquées d’En-Haut. Les démons ne sont pas des animaux, c’est évident, les âmes des damnés ne sont pas des braises, mais ces images, qui ont été imprimées en eux, symbolisaient des réalités spirituelles bien réelles ! L’Enfer existe, les démons existent, les damnés existent ! Paul VI fit cette confidence au Cardinal Jacques Martin : « Il y a deux lacunes dans ce Credo (du Peuple de Dieu): l’existence du diable et l’existence de l’enfer » (Cf. « Mes six Papes. Mame 1993. Page 141). Ce Bienheureux Pape était conscient de la gravité de la crise doctrinale et de la grande hérésie de notre temps : l’Enfer n’existe pas ou, s’il existe, il n’y a personne dedans !"