L'abbé Matthieu Rougé est prêtre du diocèse de Paris depuis 21 ans, curé de Saint-Ferdinand des Ternes et Professeur à la Faculté Notre-Dame (Collège des Bernardins). Il a été secrétaire particulier du Cardinal Lustiger (200-2003) et aumônier des parlementaires (2004-2012). Il est l'auteur de la méditation de la neuvaine de cette semaine.
Reine de la création, priez pour nous !
Vers la fin de l’encyclique qu’il vient de nous adresser, le Pape François contemple la « reine de la création » :
« Marie, la Mère qui a pris soin de Jésus, prend soin désormais de ce monde blessé, avec affection et douleur maternelles. Comme, le cœur transpercé, elle a pleuré la mort de Jésus, maintenant elle compatit à la souffrance des pauvres crucifiés et des créatures de ce monde saccagées par le pouvoir humain. Totalement transfigurée, elle vit avec Jésus, et toutes les créatures chantent sa beauté. Elle est la Femme enveloppée de soleil, la lune est sous ses pieds, et douze étoiles couronnent sa tête’ (Ap12, 1). Élevée au ciel, elle est Mère et Reine de toute la création. Dans son corps glorifié, avec le Christ ressuscité, une partie de la création a atteint toute la plénitude de sa propre beauté. Non seulement elle garde dans son cœur toute la vie de Jésus qu’elle conservait fidèlement (cf. Lc 2, 51.51), mais elle comprend aussi maintenant le sens de toutes choses. C’est pourquoi, nous pouvons lui demander de nous aider à regarder ce monde avec des yeux plus avisés » (Laudato si, 241).
Marie est à la fois compatissante et glorieuse : le cœur transpercé par le glaive de la passion de son Fils, elle porte avec Lui toutes les atteintes à la vie humaine ; revêtue de soleil, elle chante notre vocation à la gloire éternelle. Avec son corps et avec son cœur de femme, elle manifeste la beauté et de notre condition créée. Par la profondeur de sa foi, elle perçoit le mystère de l’homme et de la femme comme devant s’accomplir par la ressemblance avec Dieu. Marie sait que ce qui rend l’humanité durable, c’est avant tout sa relation vivante avec le Créateur pleinement révélé en son Fils. Marie manifeste que l’humanité, si fragile et si précieuse, n’est pleinement protégée qu’à l’ombre de l’Esprit. Le secret de l’équilibre de la planète, ultimement, réside dans la communion avec Dieu. L’eau est un bien d’autant plus précieux qu’il annonce le don de l’eau vive de la grâce. L’air doit être protégé de la pollution aussi parce qu’il exprime le mystère de l’Esprit.
Ô Marie, apprenez-nous à respecter la création ! Apprenez-nous à apprécier notre terre, en particulier notre terre de France qui aime tant vous chanter au Puy comme à Lourdes, à Chartres ou à Paris. Apprenez-nous à servir la dignité de ce qu’il y a de plus précieux dans la création : la vie humaine, tout spécialement quand elle est fragile. Gardez-nous des eaux troubles du mensonge et de l’air vicié du péché. Préservez-nous des pollutions de la haine et de la violence. Apprenez-nous à recevoir la terre comme un présent de Dieu dont lui seul nous révèle la véritable beauté. Obtenez-nous la grâce d’une foi, d’une espérance et d’une charité durables au service d’une écologie de la sainteté. Ô Marie, donnez-nous d’aimer et de respecter la terre, en actes et en vérité, en cherchant et en trouvant, avec des frères et sœurs toujours plus nombreux, le chemin du ciel. Amen !