Extrait d'un article du Cardinal Ricard sur le projet de loi bioéthique :
"Ce projet de loi est traversé ici par une contradiction interne. D'un côté, il maintient l'interdiction de la recherche sur l'embryon humain et sur les cellules souches embryonnaires humaines. Cette disposition redit l'importance du respect de l'embryon humain. […] Mais, en même temps qu'il affirme le principe du respect de l'embryon, le projet de loi établit une dérogation en faveur de la recherche scientifique. Dans certaines conditions, les embryons surnuméraires pourront être utilisés pour la recherche et pourront être ainsi détruits. La loi de 2004 avait établi une dérogation pour une durée de cinq années, en espérant qu'elle ne serait bientôt plus nécessaire. Le projet de loi actuel rend permanente cette dérogation. Mais on ne voit pas pourquoi ici l'éthique devrait s'effacer devant les progrès supputés de la recherche scientifique. Celle-ci n'autorise pas tout. Elle n'autorise pas par exemple la commercialisation du corps humain. Et cette interdiction n'admet pas de dérogation. Le projet de loi met comme condition à l'utilisation de l'embryon pour la recherche s' « il est impossible, en l'état actuel des connaissances scientifiques, de mener une recherche similaire sans recourir à des cellules souches embryonnaires ou à des embryons ». Mais les découvertes scientifiques sur les cellules souches adultes n'ouvrent-elles pas une voie à une méthode alternative ?
Pour échapper à ce dilemme, certains se risquent à des distinctions. Faut-il distinguer entre deux stades de développement, celui du « préembryon » et celui de « l'embryon humain » ? Mais à quel moment faire passer la frontière entre ce qui ne serait pas humain et ce qui le deviendrait ? Nous sommes devant un développement continu de ce qui deviendra un enfant si on lui permet d'aller à son terme : « Le corps d'un être humain, dès les premiers stades de son existence, n'est jamais réductible à l'ensemble de ses cellules. Ce corps embryonnaire se développe progressivement selon un « programme » bien défini et avec une finalité propre qui se manifeste à la naissance de chaque enfant. » (Instruction Dignitatis humanae de la Congrégation pour la doctrine de la foi du 8 décembre 2008).
Le projet de loi fait une distinction entre les embryons congelés qui font l'objet d'un projet parental et ceux qui n'en feraient plus l'objet. Ceux-ci, après autorisation expresse des « parents », pourraient être affectés à la recherche. Certes, l'environnement parental, et donc un projet parental, est important pour l'enfant à naître et pour l'enfant qui est né mais pas au point d'être le critère de l'humanité de l'embryon. Celui-ci est déjà pleinement humain en lui-même. Ce n'est pas parce que les parents l'estiment désormais inutile qu'il l'est."
Vincent
Merci Eminence.