Extrait du commentaire de l’Evangile de demain (saint Matthieu 21, 33-43 – parabole des vignerons homicides) par le père Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale :
"Cette parabole de Jésus est terriblement actuelle si on l’applique à notre Europe et au monde chrétien en général. Dans ce cas aussi il faut dire que Jésus a été « jeté hors de la vigne », expulsé par une culture qui se proclame post-chrétienne, ou même anti-chrétienne. Les paroles des vignerons résonnent – peut-être pas à travers des paroles mais à travers les faits – dans notre société sécularisée : « Voici l’héritier : allons-y ! tuons-le, nous aurons l’héritage ».
On ne veut plus entendre parler de racines chrétiennes de l’Europe, de patrimoine chrétien. L’homme sécularisé veut être lui-même l’héritier, le patron. Sartre met ces terribles déclarations dans la bouche d’un de ses personnages : «Il n’y a plus rien eu au ciel, ni Bien, ni Mal, ni personne pour me donner des ordres. […] Je suis un homme et chaque homme doit inventer son chemin».
L’exemple que je viens de donner est un peu une application « à grande échelle » de la parabole. Mais les paraboles du Christ […] s’appliquent à toute personne individuelle […] Je me souviens qu’un jour j’écoutais, assez distraitement, cette parabole au cours d’une messe. Au moment où le patron de la vigne se dit : «Ils respecteront mon fils», je sursautais. Je compris que ces paroles s’adressaient directement à moi, à ce moment-là. Le Père céleste était sur le point de m’envoyer son Fils dans le sacrement de son corps et de son sang ; avais-je conscience de la grandeur de ce moment ? Etais-je prêt à l’accueillir avec respect, comme le Père s’y attendait ? Ces paroles m’arrachèrent brusquement à mes pensées…"