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Tribune libre

Révolte paysanne… Souvenons-nous du serment de Grütli !

Révolte paysanne… Souvenons-nous du serment de Grütli !

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Aujourd’hui gronde une révolte paysanne en France. Je salue le courage de nos éleveurs et agriculteurs, qui perpétuent le lien essentiel de notre civilisation avec la terre, dans un contexte si difficile que cela en devient héroïque. Et je partage amplement leur désarroi dans la gestion politicienne de la dermatose nodulaire, et leurs refus de voir leurs troupeaux être abattus par le diktat parisien et européen. Ceci alors même que les nouveaux accords du libre échange avec le Mercosur risquent de détruire notre paysannerie.

C’est un drame qui nous émeut profondément. J’en ai la larme à l’œil. C’est une goutte de plus de tristesse et d’exaspération provoquée par nos dirigeants. Cela suffit !

Beaucoup d’entre nous espèrent que le mouvement actuel prendra au moins autant d’ampleur que celui des Gilets Jaunes, et qu’il saura mettre un coup de poing sur la table du gouvernement pour dire : cela suffit !

Depuis bien longtemps, des luttes ont émergé pour réclamer un pouvoir qui nous a été confisqué. Et si j’écris aujourd’hui, c’est pour me souvenir de la revendication principale des Gilets Jaunes à laquelle j’adhère amplement : celle du Référendum d’initiative citoyenne. Puisse le mouvement actuel arriver enfin à obtenir le RIC, non pas comme la solution parfaite, mais comme le moyen incontournable pour œuvrer en vue d’un renouveau. Mon espérance est que cette revendication phare devienne le point de convergence de toutes les luttes. C’est cette espérance que je veux ici raconter.

On a cherché à faire taire les Gilets Jaunes, et à rendre cette demande inaudible. Mais l’aspiration à la liberté et à davantage de participation à la vie politique ne disparaîtra pas de nos cœurs. Souvent nos regards se sont tournés vers la Suisse, en admirant leur système de votation, et en étant sidérés du refus obstiné de nos gouvernants de s’en inspirer. C’est donc le moment de nous souvenir du serment de Grütli, fondateur du modèle helvétique et prononcé le 1er août 1291 par une poignée de résistants qui se trouvaient confrontés à une tyrannie impérialiste.

Ayant vécu plusieurs années en Suisse, je peux témoigner du bienfait pour toute une société d’un tel système politique. Chaque année, les citoyens sont sollicités pour voter sur une vingtaine de questions au niveau communal, au niveau cantonal (la taille de nos départements environ) et au niveau fédéral. Chaque année, ils réfléchissent et débattent pour savoir ce qui est bon pour leur pays. Il faut les voir être très au courant des réalités concrètes qui les entourent, avec un langage précis, et développer tout au long de leur vie de véritables vertus citoyennes. C’est en forgeant que l’on devient forgeron. C’est en votant régulièrement sur des sujets concrets que l’on développe un véritable esprit civique.

Nous ne connaissons pas cela chez nous, car nous ne votons que pour des élections, et jamais pour des votations. Nous mettons chaque cinq ans dans l’urne quatre bulletins de vote pour donner les pleins pouvoirs aux personnes qui auront fait la meilleure prestation dans les médias. Nous vivons donc dans une dictature à l’applaudimètre. Et nos regards se portent tout de suite vers l’échelon national au lieu de s’intéresser au premier lieu d’engagement civique qui est le village, la ville, la région. Nous avons été pervertis par l’Anneau de pouvoir, et nous ne nous en rendons même plus compte.

En Suisse, les sujets concrets arrivent en votation pour trois raisons possibles et ce sur leurs trois niveaux politiques (commune, canton, confédération) : soit par obligation constitutionnelle, soit par la volonté des élus, soit par référendum d’initiative citoyenne quand suffisamment de signatures ont été recueillies. Un tel système serait largement praticable chez nous au niveau communal, au niveau départemental et au niveau régional.

Il faut d’ailleurs savoir que nos élus locaux peuvent d’ores et déjà user de votations pour gouverner s’ils en prennent l’initiative. Ayant un jour rencontré le député de ma circonscription, il m’avait confirmer que rien ne l’empêchait, et qu’il l’avait parfois lui-même pratiqué au niveau de la mairie ou du conseil général. À nous de le leur demander, et de leur faire signer une charte ad hoc engageante. Ceci en attendant que cela soit enfin gravé définitivement dans notre constitution.

Pour l’échelon national, du fait de la spécificité de notre pays, mon avis serait de pouvoir mettre un veto franc par référendum d’initiative citoyenne à toute proposition de nos élus, et aussi de pouvoir proposer des projets de loi. Rien d’important ne pourrait être alors décidé sans l’accord des élus et du peuple.

La Suisse a 700 ans d’histoire, et elle peut témoigner qu’un tel système n’est pas une utopie. Elle saura bien nous aider à le mettre en place chez nous, selon notre propre spécificité et avec sagesse, si nous le décidons et le lui demandons.

Telle était donc la revendication principale des Gilets Jaunes !

Alors souvenons-nous aujourd’hui de l’acte fondateur de la Suisse, où des représentants des trois premiers cantons se sont rassemblés le 1er août 1291 sur la plaine de Grütli, et ont prêté serment de se porter assistance mutuelle pour résister à la tyrannie de l’empire austro-hongrois. Des baillis arrogants les oppressaient. Ne voulant pas perdre leur dignité, ils se sont jurés une alliance perpétuelle et ont remporté une victoire qui leur a permis de vivre en hommes libres. Puis d’autres les ont rejoints jusqu’à former aujourd’hui une confédération de 26 cantons. Chacun a su garder sa spécificité linguistique (germanophone, francophone, italophone), religieuse (catholique, protestant, sans religion) et culturelle (patois, us et coutumes). Et ils ont su résister à travers les siècles à toutes les tentatives d’annexion, rester fidèles à ce serment et préserver leurs valeurs fondatrices.

Ne serait-ce pas là une source d’inspiration adéquate pour fonder une autre Europe ? La crise actuelle nous pousse tous à regarder vers Bruxelles, et non pas simplement vers Paris. Des agriculteurs français se sont rendus là-bas ces jours-ci pour manifester leur désaccord, dans cette capitale d’une Union Européenne qui est tombée dans un centralisme excessif et est à la solde d’une technocratie financière. Elle est devenue comme un nouvel empire de plus en plus oppressant et uniformisant.

Si l’Europe ne sait pas résister en interne à la tentation de la tyrannie impériale, comment pourrait-elle le faire face aux empires américains, russes, chinois ou indiens ? L’Union Européenne s’est laissée séduire par l’Anneau de pouvoir. À nous de trouver le moyen de le briser. Et le lieu pour cela se trouve en Suisse, dans leurs valeurs forgées par 700 ans d’histoire de résistance à l’esprit impérialiste.

La Suisse est située au milieu des autres pays européens, mais elle a toujours refusé de rejoindre l’Union Européenne. Demandons-nous pourquoi ! En fait, elle a quelque chose à nous dire…

Nos agriculteurs nous posent aujourd’hui la question : De quelle Europe voulons-nous ?

Le serment de Grütli, trésor de l’histoire européenne, ne pourrait-il pas être le fondement d’une Alliance Européenne où les diverses nations chercheraient à avancer ensemble tout en gardant leur souveraineté, et où le système des votations seraient mis à l’honneur en commençant par les échelons les plus bas (village, commune, etc) ? Qui dit Alliance dit pluralité où chacun reste libre tout en choisissant de collaborer avec les autres.

Tel est le sens du signe du serment de Grütli : les trois doigts levés désignent la pluralité, et les deux doigts baissés évoquent l’alliance. Ce symbole, d’abord chrétien pour désigner le Dieu de la Trinité d’Amour, a été utilisé pour signifier l’Alliance des cantons de Uri, de Schwytz et d’Unterwald, 700 ans en arrière. Et il continue à être largement utilisé pour les serments en Suisse.

Qui mieux que la France aujourd’hui pourrait prôner un tel nouveau modèle politique pour l’Europe ? Elle en a la capacité, et beaucoup de Français en ont le désir. Si notre pays prend le temps d’écouter son voisin Suisse et de méditer la sagesse que contient son histoire, elle sera en mesure de proposer une Alliance Européenne aux pays qui souhaitent sortir des impasses actuelles.

Alors souvenons-nous du serment de Grütli ! Et profitons du moment présent pour promouvoir une autre Europe, celle d’une Alliance libre, et celle des votations. Telle est notre espérance !

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

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1 commentaire

  1. Si la révolte prend de l’ampleur, il faudra savoir résister aux mensonges de l’oligarchie qui va “dénicher” une pandémie pour nous enfermer.
    C’est en tout cas ce qui s’est passé après les gilets jaunes avec le covid. Donc si cela revient éteignez vos écrans et allumez vos cerveaux!

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