Lu dans Minute :
"[…] La victoire d’Emmanuel Macron restera, dans l’histoire, comme un chef-d’œuvre. De communication, pour être neutre ; de publicité, si l’on choisit la dérision ; ou de propagande si l’on est légitimement indigné. Dès l’origine, une précision horlogère a marqué de son empreinte l’OPA d’Emmanuel Macron sur la France.
En avril 2016, ministre du discrédité Hollande, sans le moindre bilan propre à présenter, Macron lance son mouvement En Marche ! à Amiens. D’emblée, d’un événement banal, il fabrique quatre informations : la première est la fondation de son mouvement ; la deuxième, son nom a les mêmes initiales que lui ; la troisième est le lancement du mouvement à Amiens ; la quatrième est qu’Amiens est sa ville natale. Et instantanément, on glose sur son enfance, sa jeunesse, son lycée, sa femme, etc.
A propos de celle-ci, les journalistes ont été un peu plus curieux en fin de campagne, en livrant l’orchestration parfaitement maîtrisée par une amie du couple de l’inflation de couvertures de magazines people dès l’été 2016. Toujours aucune information de nature politique ou d’un quelconque intérêt, mais on parle de Macron. Les journalistes ont-ils été piégés ? Ils n’ont pas été dupes.
[…] 1,7 million de voix seraient allées à Macron du fait de sa personnalité et 6,8 millions par désir de renouvellement, soit 8,5 millions de suffrages, autant dire une petite moitié de la victoire, clairement due à cette campagne de communication. Les électeurs ne demandaient plus à un président de la République de faire le job, ils lui demandaient d’être Macron et lui savaient gré d’être jeune et neuf en ne retenant aucune de ses phrases creuses, telles que « nous avons des devoirs envers notre pays », « je ne vous oublierai pas » ou l’ineffable « il y a du terrorisme en France », lancé au cours du débat à onze en guise de programme de politique internationale.
Quant à la moitié des suffrages qui manquaient encore, la diabolisation du Front national a fait le reste. A la lumière de ces chiffres, on a de bonnes raisons de penser que François Fillon l’aurait battu s’il avait accédé au second tour parce que ce sont tout de même 8,9 millions de voix qu’il a récoltées uniquement parce qu’il était opposé à Marine Le Pen.
Mais même sur ce point, il a réussi à jouer de la com. Le débat du 2 mai, a, de l’avis général, été particulièrement affligeant, Macron étant jugé toujours creux et sans intérêt, Le Pen agressive et d’un niveau médiocre. Mais est-ce vraiment un hasard si BFM TV, chaîne la plus macronienne de tout le PAF, a cru bon de faire circuler la rumeur selon laquelle si Marine Le Pen était agressive, il quitterait le plateau ? Il y a de bonnes raisons de croire que cette ultime manipulation a été lancée par les équipes du candidat. Ils n’avaient plus qu’à attendre que Le Pen fût agressive en essayant de faire sortir Macron de ses gonds. Elle est tombée dans le piège à pieds joints. Encore un coup de com. Carton plein !"