Romano Prodi est interrogé dans La Croix sur le traité européen. Lui est ensuite demandé s’il regrette "l’abandon de la notion de l’héritage chrétien de l’Europe" :
"J’ai fait tout mon possible pour la conserver. Mais vous savez bien que c’était absolument impossible. […] [L]e veto aux racines chrétiennes a été pour moi un veto du passé, et non un veto du futur de l’Europe. […]
En Italie, pourtant, on constate une hostilité grandissante de l’Église catholique contre certains projets de votre gouvernement…
Cela ne me fait pas changer d’avis ! Certes, il est du devoir des catholiques d’ici d’être très vigilants, sensibles à tous les enseignements de l’Église. Mais il faut tenir compte de la laïcité de l’État et sauvegarder cette laïcité.
Comment vous, catholique pratiquant, vivez-vous cette intervention plus forte de l’épiscopat dans la vie politique ?
Il est normal, bien sûr, que l’Église s’exprime et donne son point de vue : personne n’a jamais contesté cela ! De mon côté, comme catholique, j’ai le devoir de tenir compte de la doctrine de l’Église. Sur un plan personnel, comme catholique, j’éprouve une grande souffrance, mais je la garde pour moi. Mais il y a un moment où il faut aussi prendre en considération le compromis de l’État laïc, et admettre la séparation entre Église et société civile. La grande modernité du christianisme, c’est cette séparation. Toute l’histoire de l’État moderne est là. Je suis parfois dans une position inconfortable, mais pour moi, la séparation entre l’Église et l’État est une conséquence de la modernité chrétienne."
La séparation est une idée anti-chrétienne au contraire de la distinction entre Dieu et César, distinction que ne fait pas le laïcisme en refusant la vérité des racines chrétiennes de l’Europe.