"Vous avez sous les yeux l’incurie française, de ses “élites”, de ses “dirigeants”. Selon nos mamamouchis, il faut “vivre avec le terrorisme”, il faut aussi “vivre avec les cyclones”, il faut vivre avec tout ce qui ne va pas. Malheur à ceux qui oseront dire que le service après-vente est nul quand on achète un produit “État français”. Oui, l’État est déficient, et ce que vous voyez à Saint-Martin n’est pas exclusivement le fait de ce gouvernement fut-il celui en exercice. Ce qui se passe est la conséquence d’années de laxisme dans la totalité des domaines.
La sous-préfète en dessous de tout et dans tous ses états… de choc !
Alors tout part à vau-l’eau sur l’île de Saint-Martin, y compris la sous-préfète, exfiltrée certaines rumeurs, et officiellement en état de choc, car la “pauvrette” s’est un peu trouvée à l’étroit dans une pièce sombre de la Préfecture en pleine tourmente. Elle a mal digéré l’ouragan, ce que l’on peut comprendre, mais la “pauvrette” n’est pas la seule. Ils sont 35 000 Français à avoir eu de peur à très peur et en passant par toutes la palette de couleurs de la trouille.
Évidemment, de bonnes âmes vont me dire “vous n’y étiez pas, blablabla, la pauvre, quand même”… Arguments irrecevables. Un préfet ou un sous-préfet incarne le pouvoir, l’autorité, et se doit d’être en mesure de prendre les décisions. Il doit tenir la barre. S’il en est incapable, il est démis sur le champ. Il est une chose d’être un préfet Ferrero Rocher, et une autre d’être une “autorité”. Manifestement, les autorités autorisées sont dans l’incapacité de décider, d’organiser et de structurer quoi que ce soit. De nombreux pays ont évacué préventivement l’île. Nous, rien. Je ne vais pas détailler la liste des défaillances évidentes car il convient d’attendre que la poussière retombe sur les ruines d’un État décadent. Le problème qui nous concerne tous est le suivant.
Que pouvons nous attendre de l’État ?
Plus rien mes amis. Le problème c’est que nous avons délégué à l’État des pans entiers de notre vie. La sécurité, qui est le besoin fondamental comme j’ai eu l’occasion de le dire dans un autre édito, est le premier sujet que nous avons délégué à l’État. L’État assure notre sécurité et la justice. Nous acceptons de ne pas être armés et de nous en remettre à l’action des “gens en armes”, qui devinrent nos gendarmes. Mais quand ils ne sont plus à leurs postes ou que leur action n’est plus utile, ou rendue possible et ce, quelles que soient les circonstances (y compris lorsque certains passent du côté des pillards), le citoyen, désarmé, est à la merci des plus violents et devient la proie chassée par les vilains bandits.
Ce qui se passe à Saint-Martin est très grave, dans la mesure où c’est la rupture unilatérale par l’État du “contrat social”. Ce contrat matérialise ce qui fait que le citoyen a besoin de l’État, ce pour quoi il est prêt à payer des impôts, d’où son “consentement” aux règles aussi bien légales que fiscales. Si vous n’avez rien à attendre de l’État, alors l’État ne doit rien avoir à vous prendre. À service inexistant, impôt réduit à presque néant. Pourtant, en France, c’est l’inverse (sauf à Saint-Martin où personne ou presque ne paye d’impôt, ceci expliquant aussi un peu cela, car il faut “punir” Saint-Martin), et c’est à chaque fois la même chose.
Quand j’étais jeune, j’ai travaillé, à la suite d’ailleurs d’un cyclone, dans les assurances… à Saint-Martin. Je me souviens de cette scène exquise où deux contrôleurs des impôts sont venus sur l’île contrôler des commerçants qui avaient été “cyclonnés” 6 mois avant. Autant vous dire que les contrôles n’ont pas eu lieu, et que les gendarmes ont vite ramené tout ce petit monde à l’aéroport avant que les deux pandores du fisc ne se fassent lyncher en place publique.
Mis à part les cas “particuliers”, partout on voit bien le retrait massif de l’État en situation de quasi faillite. Les soins deviennent de plus en plus chers, l’éducation est devenue dans les faits privée – sauf si vous habitez place des Invalides dans Paris 7e –, les emplois aidés sont supprimés, les APL baissent de 5 euros, ou encore les services communaux se dégradent, et partout, les poubelles sont vidées moins souvent, les déchetteries ouvertes moins de jours chaque semaine et la liste est infinie. Vous assistez, mes amis, non pas à l’effondrement brutal de votre pays, mais à sa déliquescence. Ce que nous avons été capables de faire en 1999 quand il y a eu cette grande tempête, je peux vous assurer que nous serions incapables de le refaire car l’armée, EDF, les services publics comme les autoroutes ont tous dégraissé (drôle de régime) leurs effectifs de manière massive. Si cet hiver une tempête devait dévaster notre pays, je vous assure qu’il n’y aurait sans doute plus grand monde pour vous rallumer les lumières.
La conséquence est simple
Si l’État ne peut pas venir vous aider, alors que pouvez-vous faire pour vous aider ? Que pouvez-vous faire pour vous préparer ? Pour anticiper ce qui pourrait arriver ? Vous préparer et anticiper pour vous-même et pour vos proches ? Ne me parlez pas d’argent ! Vous avez vu les dévastations à Saint-Martin, île riche, et sur celle encore plus riche de Saint-Barthélemy ! Et à Cuba ? Chez Fidel, dans ce pays d’arriérés (c’est ironique à notre égard évidemment puisque nous donnons des leçons à tout le monde y compris à Trump), avez-vous vu un chaos semblable ? Avez-vous entendu parler de morts à Cuba ? … Normal, les Cubains sont les meilleurs en prévention des ouragans. Comme ils n’ont pas d’argent, ils préfèrent prévenir que guérir, ce qui est d’une grande intelligence bien entendu et du bon gros vieux bon sens (le BGVBS de mon papi).
La réalité c’est que sur certains sujets, Castro c’est mieux que Macron… Surprenant vu comme ça non ? (Pas sur tout, évidemment, sinon on va encore me traiter de rouge crypto-marxiste.) Tout cela pour vous dire que si je fais le parallèle entre la tempête de 1999 qui nous avait frappés et notre incurie de 2017, c’est parce que le dernier gros cyclone qui avait ravagé Saint-Martin a eu lieu justement… en 1999 : je le sais, j’y étais ! Et cette année, j’eu l’ineffable idée de revenir passer les fêtes de Noël en Métropole en famille… ce qui me valut de contempler ma belle Twingo écrasée sous une cheminée d’immeuble au petit matin ! N’oubliez pas, quand les lumières s’éteindront, vous serez seul, et si l’État vient à votre secours, ce sera trop peu, trop tard. Cette nouvelle règle, taboue pourtant, vous devez l’intégrer."