Dominique Morin, ancien drogué atteint du Sida, témoigne sur son blog sur la néfaste idée de Roselyne Bachelot, soutenue par Jean-Claude Gaudin et Gérard Larcher. Extraits :
"Dans ce cas précis, on détourne l’attention d’un mal objectif, la toxicomanie, pour éviter une conséquence directe de ce mal, les infections liées à l’injection par les toxicomanes dans de mauvaises conditions. La consommation d’héroïne semble alors devenir acceptable. Médecins du Monde, association très à gauche, testaient les drogues lors des raves parties, justifiant la défonce « propre » comme un « moindre mal ». Des experts leur ont heureusement réaffirmé que les drogues étaient dangereuses en soi, indépendamment des produits qu’on y mélangeait, ce que les faits ont confirmé. Une injection d’héroïne, de cocaïne ou autre stupéfiant, est toujours dangereuse.
Ayant vécu dans le monde de la drogue, j’ai côtoyé la déchéance humaine et la mort de jeunes qui avaient pourtant la vie devant eux. Ce tour de passe-passe a pour but de tromper l’opinion par des arguments affectifs et une « morale hygiéniste » pour mettre en place une situation de fait. Un de leurs soucis est de vider les rues des XVIII et XIXe arrondissements de Paris de la déplorable présence de toxicomanes agressifs qui jonchent rues et halls d’immeuble de seringues et autres déchets souillés. Le problème n’aura pas disparu, juste déplacé, mais il ne dérangera plus visuellement le voisinage. Les dealers continueront leurs trafics, la gauche n’aime pas la répression, mais Delanoë pourra dormir tranquille avec sa morale de pissotière. La liste est longue de ces escroqueries morales par une perversion du bien, depuis l’avortement qu’il faut rendre moins dangereux parce qu’on ne peut ni ne veut l’interdire à la fin de vie qu’il faut abréger parce qu’elle est inhumaine en passant par la vie d’un handicapé qu’il faut empêcher parce qu’elle est indigne et qu’on ne veut pas l’accueillir. Derrière une apparence de compassion et d’urgence qui singe la charité, on empêche à chaque fois une véritable réflexion de fond. […]
L’héroïne et autres dérivés morphiniques injectés sont toujours toxiques pour le consommateur, créant une forte dépendance physique, perte de sensations, dénutrition, troubles du sommeil, de la mémoire, de l’attention. Par la dépendance physique rapide, le besoin impérieux d’argent pousse le toxicomane à dépenser des fortunes pour son produit et négliger tout le reste pour éviter d’être en manque. Cela mène vite au trafic de drogue, à la rupture familiale et sociale, à toutes les combines possibles, à la violence ou à la prostitution pour payer sa drogue, comme les réseaux de traite humaine « accrochent » les femmes qu’ils prostituent de force à l’héroïne pour garantir leur docilité. En cautionnant l’empoisonnement d’une personne, on se rend complice objectivement de tous ces parasites qui vivent de la drogue et de la déchéance humaine qui l’accompagne. […]
Exercer une violence, relative et nécessaire par le sevrage de drogue, sur une personne pour son bien est moins absurde que de lui fournir les moyens de s’injecter la mort. Un drogué qui se dégage de cet engrenage redevient un citoyen, un être libre et une âme disponible pour la grâce. Mais si la drogue tue et avilit, la fragilité humaine, comme pour le sida et la sexualité des jeunes, fait prospérer des associations dont les buts sont souvent pervertis par l’autre poison de l’idéologie et l’idée fausse qu’ils se font du bien des personnes. Le révolutionnaire idéalise l’homme dans ses capacités et dans ses droits et veut le préserver de la dure réalité de sa responsabilité devant ses actes et dans sa vie. Mais comment retrouver sa dignité et grandir en devenant libre sans dépassement de soi et sans sacrifice ?"