D'une mère de famille :
Effet de sidération, profonde lassitude, écœurement, sourde colère… face aux révélations de ces nouveaux ou vieux scandales pédophiles, face aux multiples abus d’autorité de ceux qui sont, selon la définition donné par le Christ, serviteurs du plus petit et du plus vulnérable, face à un réseau «pro-gay» qui propage une complicité intellectuelle et organique bien peu évangélique. Rien de nouveau, pourtant. Déjà sous Jean-Paul II ou Benoit XVI de terribles hontes secouaient ainsi le peuple chrétien.
A chaque fois, on s’assoupit. On oublie un peu. Chaque réveil apporte une nausée plus violente : le monstre à têtes ignobles est donc encore là. Comment cela… l’autorité ecclésiale ne l’a donc toujours pas dégagé ? En réalité, ce monstre peut-il l’être avant le retour du Christ ? Mais, un terrible doute survient : est-il seulement encore combattu ? Certains semblent oublier que le combat spirituel existe, que tout ne se résout par une miséricorde mal comprise, sans justice et sans réparation.
En ces temps de christianophobie larvée, on aimerait se passer du lynchage médiatique sur l’Église, sur les prêtres. L’avocat du diable rétorquerait que radicalité évangélique, chasteté selon l’état de vie sont bien plus exigeantes que les lois civiles, et pourtant de facto, les victimes semblent ne pouvoir attendre de protection et de réparation que par les jugements des tribunaux civils et par voie de presse.
S’il n’y a pas de condamnation au pénal bien bruyante, pas de presse pour remuer l’affaire, l’autorité ecclésiale se permet de « souffler » ; les mauvaises langues disent « étouffer ». Et si la presse révèle des faits alors on a vite tendance à crier au complot. Drôle de paradoxe. Les victimes sont renvoyées vers la justice civile, la presse pour obtenir la fin d’état de nuire… mais si celles-ci à leur tour accablent – secret de la confession, destruction ou dissimulation de documents, auto-gestion calamiteuse, déplacement des bourreaux, achat du silence, utilisation d’un vocabulaire considéré désuet… – on s’insurge. A partir de quand obtient-on une réelle remise en cause des modes de fonctionnement ?
Faute de réponses appropriées, de rappels de la vérité, les erreurs se répandent… Les actes sexuels « inappropriés », faute de sanctions proportionnées se propagent. On le sait, nombre de pédophiles sont eux-mêmes d’anciennes victimes d’abus. Le relativisme moral, comme la permissivité contribuent à la propagation du mal, autant que le cléricalisme.
Les « méchants » espèrent ainsi obtenir par la lâcheté des bons que des pans de morale tombent en désuétude. La morale ce n’est pas la foi nous rappelle-t-on. La sexualité, on en a trop parlé nous répète-t-on. À qui ? aux victimes qui pour certaines n’ont pas eu la force de dénoncer plus vite, de s’opposer ; aux parents qui ont fait confiance, qu’on a souvent abreuvé de bonnes paroles ; aux bourreaux qu’on n’a pas arrêtés, et dont on n’offre l’occasion d’une vie de pénitence qu’à un âge trop avancé. Malheur à celui qui prétendant que la sexualité est une composante optionnelle de la vie chrétienne, amène lui-même le scandale par là. C’est une guerre d’usure.
Seulement une certaine justice immanente collective existe. Nous sommes faits pour adhérer au bien. Quand nous nous en détournons, en actions ou par complicité, les innocents, les petits trinquent. Face à cette détresse du pauvre, Dieu ne reste pas insensible. L’Esprit-Saint suscite dans l’Église, épouse du Christ, des saints qui crient vers le ciel, donnent leur vie et se retroussent les manches. Notre espérance découle de notre foi. « Quand le péché abonde, la grâce surabonde. »
Pour les cas présents, saint Pierre Damien est donné en exemple. Car tous les clercs ne sont pas lâches ! Il s’agit d’y associer sainte Hildegarde, donnée par Benoit XVI comme modèle de résistance au péché des clercs. Saint Louis de France est un exemple pour le fidèle laïc. Il endosse la responsabilité de son état. Ce sens de la justice oblige les autres membres du corps mystique. L’institution Église est certes l’ensemble des hommes pécheurs qui la constitue. L’Église, corps mystique du Christ, rendue sainte et immaculée est celle de tous ceux qui ont lavé leur vêtement dans le sang de l’Agneau. Notre-Dame, mère de l’Église, Immaculée, est-elle suffisamment honorée, aimée, surtout priée ?
Ce n’est pas le monde des bisounours. La chasteté n’est pas décorative, pour ceux qui ont le sens de l’esthétique. C’est l’intégration réussie de la sexualité dans la personne. Intégration capable de recevoir aussi bien la dignité du corps humain, le respect de la valeur du féminin et du masculin, même profondément blessé, en soi-même et en autrui. La sexualité n’est pas laissée à l’arbitrage de chacun, à l’opinion publique. Elle doit être le lieu d’une évangélisation des personnes, et de la culture. Prioritairement. À moins, que nous préférions que la culture post-moderne s’occupe de nous ; car, alors, nous en aurons de plus en plus besoin pour faire la police, pour réguler nos débordements.
Non, définitivement non, ce ne sont pas les lois du monde qui régissent le corps du Christ. Préférons la loi du Seigneur ! Que vienne le temps du rejet des compromissions, et des calculs. À protéger l’image abstraite, idéalisée de nos institutions, paroisses, écoles, à force de faire petits calculs politiques pour ne pas perdre d’acquis, ou d’influence… on oublie le bien de chaque personne, son éducation profonde. On en oublie la charité, qui est un don gratuit. Un grand réveil… voilà ce que nous devons nous souhaiter. Courage et conversion à tous les étages !"