Pierre-Yves Dugua, journaliste français aux Etats-Unis, a été stupéfié par le style de la conférence de presse de François Hollande :
“[…] 1) Le contraire d’une conférence de presse
Deux
heures et demi ! C’est beaucoup trop long, au regard de la norme
américaine. Surtout c’est trop long pour la capacité d’attention de
l’électeur moyen. Même en pleine après-midi de semaine...Si le message
des priorités d’un chef d’État ou de gouvernement ne peut pas être
résumé en moins d’une demi heure, il y a un problème dans le message et
les priorités… On ne commence pas une conférence de presse par un long discours de justification. Cinq
à dix minutes maximum, suffisent pour cadrer le message. […] Plus
la communication est longue, plus la matière à des interprétations
diverses est riche. Le communiquant qui perd la maîtrise de la matière
première de sa communication perd son temps. Il passe à côté d’une
occasion de recadrer le débat public selon ses propres termes. En gros,
plus on veut en dire, moins on en dit et plus on risque de se voir
faire dire ce que l’on n’a pas dit. C’est à l’occasion des réponses que le Président aurait dû placer les messages qu’il voulait faire passer dans un long discours.2) Un Président choisit et tranche
Si
un Président ne sait pas choisir dans une foule de journalistes celui
qui va lui poser une question…ça fait désordre. Rien de pire qu’un
chef, qu’un patron, qu’un leader, qu’un capitaine d’équipe sportive, qui
se montre en direct hésitant et dépassé par la tâche basique de donner
la parole à quelqun. Tous les spécialistes de “com” vous le dirons. […]3) Les responsables de la communication de l’Élysée servent à quoi ?
[…] La fin de la “conférence de
presse” aujourd’hui partait carrément en eau de boudin.
François
Hollande est mal servi par cette situation. […] Pas
de timing, pas de discipline, pas de recadrage des journalistes qui se
laissent aller à poser des questions précédées d’éditoriaux…Tolérance
ridicule pour des relances. La première
question du journaliste de l’AFP: un vrai gag ! Mon collègue lisait dans
son petit livre rouge la question qu’il avait rédigée ! J’ai cru à un
sketch ! Je vous assure qu’un journaliste qui
couvre la Maison blanche, ou n’importe quelle agence gouvernementale
américaine, maîtrise autrement plus son sujet. […] Des questions dures, oui. Mais des questions courtes.
Ce sont les meilleures. Je ne résiste pas à la
tentation de vous suggérer d’aller revoir les conférences de presse de
George W. Bush, Président ouvertement méprisé en France. Vous y verriez
un homme qui connaissait tous les noms des journalistes, qui répondait
avec précision aux questions, qui plaisantait et improvisait en réaction
aux questions, avec un professionalisme à mille lieux de ce que j’ai vu
cet après-midi. […]”
Un lecteur me fait remarquer que j’ai illustré ce post avec une photo sur laquelle le président a sa cravate de travers. Comme souvent.
AcideBase
Oui, enfin la norme américaine, on peut allègrement s’en passer.
J’ai du mal à comprendre cette tendance à vouloir toujours mettre en valeur un système qui paraîtrait bon par rapport aux autres. Non, nous sommes dans une société globalisée et la politique américaine est aussi vérolée et pourrie que la française.
Certes, il y a des détails profitables partout. Mais on ne peut justifier du bien de quelque chose simplement en indiquant sa provenance. Enfin, je ne pense pas.
[Nous parlons de la conférence de presse là. Vous pouvez ne pas apprécier le système américain, mais merci de rester dans le sujet. MJ]
btk
pour parler vite et bien, il faut avoir d’abord l’esprit d’analyse et ensuite l’esprit de concision
enfin peut-etre le respect des personnes sensees ecouter
FH et sa clique… politiciens ‘low quality’
Daquin
Que suggère le titre?
Vu le délayage usuel, une demi-heure resserrée est, ou serait, généralement suffisante.
Cril17
En résumé, où est le problème ? …
http://cril17.fr/
c
De tout façon pour ce qu’il avait à dire, en deux mots ou en délayant….
lama12
J’ai entendu dire que les journalistes devaient arriver à l’Élysée 1 h avant l’heure du début de la conférence, et s’asseoir 1/4 h avant. Je ne sais pas si le Président était à l’heure (je n’ai pas regardé, ni écouté). Mais, vu la durée de l’intervention, on peut comprendre les journalistes qui sont partis avant la fin (pour la faim, il parait qu’il n’y avait pas de buffet); ne serait-ce que pour rédiger leur article.
Ceci dit je ne les plains pas, car, à ma connaissance, ils bénéficient toujours, malgré le tour de vis fiscal actuel, de quelques 7 000 € d’abattement sur leurs déclarations de revenus !
Serge
Une conférence une fois et demi plus longue que celle des autres Présidents avec 100 fois moins d’informations intéressantes !!!!!
NUL !!!!!!
Cosaque
Pas regardé.
Et apparemment je n’ai rien loupé !
Emmanuel
Excellente analyse!
En faisant la comparaison avec l’ambiance des conférences de presse du président GW Bush et le contact de celui-ci avec les journalistes, Pierre-Yves Dugua nous propose quelques très fines observations. Merci au SB de relayer.
En effet, ce côté pompeux, affecté, grandiloquent de la conference de presse du président Hollande ne déparerait pas à Disneyland. D’une pénible bouffonnerie et faussant la réalité de l’objet premier d’une conférence de presse: le mandataire vient faire son rapport à ses mandants.
Je recommande vivement de visionner, fusse une partie, cette video: http://www.youtube.com/watch?v=ZZkKTTZuxO8. Vous y verrez à quel point il est rafraichissant de voir que les américains, eux, souffrent incomparablement moins de la pathologie qu’est cette vénération mystique de l’Etat et du Pouvoir.
piques-à-sots
La fin de la conférence ,contrastant avec le décorum du début ressemblait à un gag, style dernier cours de classe avant départ en vacances…. Président groupant les questions , indiscipline des journaleux ..Mais quid de l’organisation normale de pareil événement ????
passons sur le manque de tenue vestimentaire de nombreux participants quand celle-ci est exigée dans maints endroits respectables ???? pauvre pays ???