Giuliano Ferrara, ancien communiste aujourd'hui rallié à Berlusconi, créateur du journal néo-conservateur Il Foglio, qui se présente comme un "athée dévot" (il s'était fait remarquer en 2007 en proposant un moratoire sur l'avortement), commente le discours de Benoît XVI au Bundestag :
"dans le splendide discours au Bundestag , le parlement de sa patrie, est réapparu dans une lumière claire, douce et brillante – la lumière de l'intelligence et de la raison – ce formidable professeur Ratzinger qui a été élu pour guider l'Eglise de Rome sur une plateforme de lutte intellectuelle et éthique contre la dérive relativiste et nihiliste venue de l'Occident moderne. Que seul un Pape peut sauver (autrement que le dieu obscur de Martin Heidegger). Benoît XVI a surpris tout le monde. Pas d'élan pastoral d'inspiration minimaliste, aucune catéchèse ordinaire, mais à la place, un rappel clair, énergique, et extraordinaire de la substance de ce qui est politique et public, et de la question philosophico-juridique autour de la façon de faire le bien, de mener une vie juste, de conduire des gouvernements et des Etats justes, de faire des lois justes dans un monde qui ne dépend plus de la tradition, de l'autorité intrinsèque de la foi, mais de la démocratie majoritaire.
Dans l'exorde scripturaire, il y avait déjà tout. Le roi Salomon demande à Dieu un cœur docile et la capacité de distinguer le bien du mal. Et il n'y aurait rien à ajouter. Mais cette question à la fois suave et fatale, est ensuite déroulée par Benoît sous la forme d'une grande leçon philosophique, historique et théologique sur la fondation, ou plutôt sur les fondements politiques de notre culture et de notre idée de liberté, d'humanité, de nature et de raison. Les géants usent de mots simples et de concepts accessibles à tous, ils ne sont pas ésotériques, ils parlent au centre fort et réaliste de l'intelligence humaine. Tout comme l'a fait le pape, s'adressant aux Damen und Herren du Bundestag. Évitant les polémiques, et caressant la vérité comme un enfant le ferait avec un jouet de Nuremberg [ndt: Nuremberg est connue comme "la ville du jouet", il s'y tient tous les ans, en Février, le salon mondial du jouet]. Benoît XVI sied à l'Allemagne comme Jean-Paul II convenait à la Pologne. […]
Si nous sommes libres, si nous sommes dans un monde laïc, si nous sommes maîtres de notre destin, c'est parce que nous sommes chrétiens. Le christianisme n'a pas imposé la Révélation comme une loi, ce n'est pas la charia, ce n'est pas un espace mythique pour des dieux querelleurs. A la base des droits humains, des réalisations des Lumières, de l'idée moderne même de conscience, il y a le choix chrétien et catholique en faveur de la loi naturelle et de la loi de la raison, il y a le parcours historique enraciné dans les vérités écrites par saint Paul dans la Lettre aux Romains, dans Augustin d'Hippone et dans la culture des Pères de l'Église. La preuve est per tabulas (ndt: locution latine qui signifie "à travers les écrits"), granitique au sens logique, mais jamais sourcilleuse, culminant dans la contestation argumentée d'une conception positiviste du droit, celui du grand juriste Hans Kelsen, qui ne parvient pas à trouver le chemin de la vraie justice, quand il théorise que chaque règle correspond à une volonté, et exclut de la volonté, la mystérieuse volonté de Dieu, d'un Spiritus Creator. Même ceux qui n'ont pas la foi comprennent que l'origine du tout ce que nous sommes est mystérieuse, que quelque chose d'inconnaissable est à la base de ce qui est, et que sans la reconnaissance de l'être des choses, la pensée et le monde s'écroulent en un délire du sujet qui se fait le créateur du monde, le portant à une destruction certaine. Le Pape a fait une référence délicate et savoureuse à l'écologie, dans la terre d'origine du phénomène des Verts, et a ajouté, avec un esprit espiègle, que l'écologie est d'abord et avant tout l'écologie humaine. Il n'y avait pas besoin de parler d'avortement, de sexualité, d'amour, profane, de coutumes et traditions de l'occident postmodernisme, pour être clair et sans détour. L'Église est beaucoup de choses, bien sûr, et sa fonction ou sa vie communautaire comme corps mystique du Christ dépasse d'un coup, qu'elle soit majoritaire ou minoritaire parmi les hommes et les femmes importe peu, toute autre fonction. Mais Benoît XVI a rappelé à un grand et puissant pays de la vieille Europe, qui a dans son passé la tragédie et la culpabilité du plus tragique totalitarisme de l'histoire, que les chrétiens sont, dans leur totalité agissante, une grande agence de la culture humaine capable de contrer tout totalitarisme, y compris relativiste et nihiliste, en engageant dans l'espace public leur conscience théologique, philosophique et politique. L'Osservatore Romano avait prédit qu'il allait rencontrer les gens pour parler de Dieu". Et en un sens, c'est que le Pape a fait en Allemagne. Mais au Bundestag, il a parlé de l'homme. Tout compte fait, Dieu sait ce qu'il en est. C'est l'homme qui est devenu un mystère retentissant et parfois obscur. Surtout pour lui-même."
Vincent
Merci au salon beige pour cette belle et pertinente réflexion. Benoit XVI est décidémment un très grand pape. Que Dieu nous le garde!
Brando
Il y a un article dans avraidire.com,blogue chretien, qui est incroyable et tres bon pour fortifier la foi,c’est qu’en 2003 le philosophe chretien anglais Richard Swinburne avait publié “La Resurrection de Dieu Incarné” ou il applique le theoreme mathematique de Bayes(pour savoir les probabilitées) et arrive a la conclusion que la resurrection de Jesus= 97%.
http://www.avraidire.com/2010/05/la-probabilite-que-dieu-ait-ressuscite-jesus-seulement-97/
Lisez les details:
FARCE
Excellent article. Un détail pourtant : Vous dites que l’Allemagne a été le siège du totalitarisme le plus tragique de l’histoire. Il me semble que l’URSS a fait encore mieux. Au moins au niveau du nombre de victimes : 40 millions pour le nazisme, 80 millions au bas mot pour le communisme…
Rotch
Notre pape,d’une humilité déconcertante à l’image de notre Seigneur JC.les à pratiquement tous mis dans sa poche en un tour de main(façon de parler)ces orgueilleux politiciens et détracteurs,même que le commentateur de la chaîne public allemande ARD était embêté,quand après le discourt du pape il interviewait les politiciens qui sortaient de l’hémicycle,n’avait trouvé aucun de ceux-ci tous partis confondus(à part un mais qui lui n’avait assurément rien compris ou n’avait rien voulu comprendre)ayant une critique négative.
Merci à l’Esprit Saint pour ce GRAND PAPE
Tonton Jean
Venant de ce personnage italien et vu son passé, ce témoignage mérite une très grande diffusion et être connu d’un maximum de personnes
Merci Le salon beige