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France : Politique en France

Signer ou ne pas signer, telle est la question!

Signer ou ne pas signer, telle est la question!

De Stéphane Buffetaut, Elu de Vendée, ancien député européen, Membre du bureau politique du CNIP, pour le Salon beige:

Au commencement était une question technique : comment organiser l’élection du président de la république au suffrage universel ? A qui déférer le droit de présentation, dès lors que l’on entendait quitter le système du collège de grands électeurs pour et permettre cette fameuse « rencontre entre un homme et un peuple ». Ce mythe fondateur gaulliste qui s’avère très nécessaire à notre imaginaire politique car il permet d’affirmer que le Président est « président de tous les Français » et non seulement un chef de bande – celle qui lui a permis d’accéder au pouvoir et de s’y maintenir éventuellement.

Encore fallait-il inventer un mode de sélection des candidats afin d’éviter des candidatures pléthoriques ou farfelues. Le législateur a hésité quant aux modalités d’organisation, de collecte et de publicité des parrainages comme en témoignent les changements apportés à la loi à plusieurs reprises. La loi et non la constitution, contrairement à ce que croyait M. Ferrand, président de l’assemblée nationale, plus féru d’immobilier de bureaux que de droit public.

En 1962, le nombre de parrainages nécessaires avait été fixé à cent. Une loi organique de 1976 le fit passer à cinq cents, avec une étrange règle de publicité par tirage au sort. La loi organique du 25 avril 2016 a imposé la publication intégrale des parrainages. Elle fut déférée au Conseil constitutionnel qui rejeta le recours en refusant l’assimilation du parrainage à un scrutin, ce qui aurait impliqué l’anonymat.

La conséquence immédiate de l’absence d’anonymat fut qu’en 2017 seulement 34% des élus habilités à parrainer (environ 47 000) l’avaient fait. Preuve évidente de l’imperfection et de la nocivité du système.

D’abord parce qu’il démontre que 66%  des élus habilités à parrainer refusent d’assumer la responsabilité que la loi leur confère. Il ne s’agit pas de faire campagne pour tel ou telle, simplement d’assumer un rôle confié par le législateur. Gérard Larcher, en politicien roublard, a bien senti le danger et exhorté les élus à user de ce droit.

Ensuite parce qu’il met au jour une certaine lâcheté des élus et/ou des pratiques douteuses des partis. Car enfin l’argument selon lequel la plupart des élus sont sans étiquette dans les petites communes et que dès lors le maire ne peut prendre position, ne tient pas. D’autant plus si, comme l’a souligné le Conseil constitutionnel, il ne s’agit pas d’un scrutin politique. Dès lors que craignent les élus ? Des rétorsions de la part du président de leur communauté de communes ou de département ? Des pertes de subventions ? Un retrait de soutien lors de futures élections ? Autant de pratiques partisanes mafieuses mais, hélas, tout à fait imaginables. En tout état de cause, il ne s’agit pas de risquer le goulag et cette crainte de mécontenter certains appareils voire certains électeurs n’est pas bien glorieuse.

Risqué pour le « système » lui-même, parce qu’il contribue à ancrer dans les esprits que ce processus arrange bien les partis en place, même moribonds, en empêchant des candidats hors système et crédités d’un certain soutien populaire de se présenter. Les propos de Madame Hidalgo déclarant au sujet des difficultés de Marine le Pen et d’Eric Zemmour pour obtenir les signatures – « C’est la loi qui décide de qui participe en fonction des parrainages. S’ils ne les ont pas, c’est qu’ils ne méritent pas d’y participer » – en disent long à la fois sur la qualité du personnage et sur les objectifs réels du mécanisme. Au demeurant, Valérie Pécresse se place sur le même registre lorsqu’elle refuse de débattre avec Eric Zemmour au motif qu’il n’a pas encore recueilli les cinq cents signatures.

Enfin périlleux pour la démocratie elle-même. Selon les enquêtes d’opinion les trois candidats qui peinent à recueillir leurs signatures, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour, recueilleraient plus de 40% des suffrages. Il serait scandaleux qu’ils soient dans l’incapacité de se présenter et on imagine colère de leurs soutiens si tel était le cas. La démocratie libérale, dont toujours plus de citoyens considère qu’elle est de moins en moins capable de prendre en compte les aspirations du peuple, en subirait un discrédit irrémédiable et justifié. Priver un grand nombre d’électeurs de la possibilité de s’exprimer en faveur des candidats qu’ils souhaiteraient, c’est les inciter à choisir la rue plutôt que les isoloirs pour le faire.

Lorsqu’un mécanisme politique se révèle clairement inéquitable et dangereux, il convient de le modifier sans tarder. Des pistes ont été envisagées à plusieurs reprises : rétablissement de l’anonymat, pétition citoyenne rassemblant tant de milliers de signatures, parrainage étendu aux adjoints au maire et aux conseillers municipaux…Evidemment rien n’a, pour le moment, bougé. La nomenklatura des vieux partis en perte de vitesse a trop intérêt à le conserver. Comme le souligne la vieille formule : « Le système gouverne mal mais se défend bien ». Mais si la droite de rupture et de conviction l’emporte, ce sera une réforme à engager immédiatement, ne serait-ce que pour  montrer dans quel camp se situe vraiment le respect de la démocratie.

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2 commentaires

  1. Si l’anonymat ne devait pas être remis en cause, une solution serait d’obliger les élus concernés à se positionner en faveur d’un candidat de fixer un seuil ou taux de soutien minimal pour accéder au suffrage universel. Les choses seraient ainsi plus claires.
    Il n’en reste pas moins vrai que la monarchie éviterait encore un problème de plus de cette prétendue démocratie qui n’en a que le nom à l’instar d’un Lénine ou d’un Maximilien de Robespierre parlant au nom du peuple que pour mieux le soumettre.

  2. « La conséquence immédiate de l’absence d’anonymat fut qu’en 2017 seulement 34% des élus habilités à parrainer (environ 47 000) l’avaient fait. Preuve évidente de l’imperfection et de la nocivité du système. » est un résumé suffisant de tout cet article qui ne cherche qu’à exposer une demande de place au soleil pour l’auteur à répétition du Salon Beige.
    L’auteur n’aborde pas une raison toute simple. Le maire a peur de certains de ses concitoyens et sa stigmatisation diabolisante, au quotidien, dans ses rues, surtout dans les villages. Le courage du juste est ‘extrêmement-minoritaire’. Le système et la démocratie se moquent de ces difficultés candidatesques. Les candidats ‘sérieux’ dans les sondages obtiennent toujours leurs signatures, même le ‘diable’ Le Pen. Non Monsieur, c’est une simple tactique politicienne psychologique : « Regardez cet hurluberlu, il court après les parrainages, il crie, il dépense du temps et des mots à faire cela, on l’use psychologiquement en montrant en plus que ce nain politique ne fait pas partie de la cour des grands. » La fin de phrase de l’auteur « La démocratie libérale, … plutôt que les isoloirs pour le faire. » est celle d’un ami du système, d’un apparatchik bcbg usant d’un passe de la honte, d’un ancien nomenklaturiste qui ne sait pas que nous sommes en post-démocratie. « ‘La droite de rupture’ ! » alors qu’il devrait dire ‘la droite de survie’, ‘le mouvement de sauvetage’, ‘le salut par un homme courageux’, ‘l’appel d’un homme debout’. Ce gars raisonne en homme de siège, de siège à retrouver. Il a une maladie de siège. Alors son tout prochain article sera, j’appelle à voter Zemmour, je me rallie à lui et je lui montre mes bafouilles du Salon Beige en gage de sérieux, et même un livre !

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