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Culture : cinéma

Simone, le voyage du siècle : un film de propagande

Simone, le voyage du siècle : un film de propagande

Critique par Guilhem de Tarlé du film biographique sur Simone VeilSimone, le voyage du siècle, un film français d’Olivier Dahan, avec Rebecca Marder et Elsa Zylberstein (Simone Jacob, épouse Veil, de 1941-1962 et de 1968 à 2006), Olivier Gourmet (son mari, Antoine Veil), Judith Chemla (sa sœur, Milou), Élodie Bouchez (sa mère, Yvonne Steinmetz, épouse Jacob) :

Dans son livre, Une vie, daté de 2007, Simone Veil mentionne la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, dont elle a été la première présidente de 2001 à 2007, et cite 5 films que cette fondation ne pouvait pas financer (La vie est belle, La liste de Schindler, Lacombe Lucien, Portier de nuit et Le Choix de Sophie), dont elle dit que l’un « caricature la réalité historique » ou encore qu’ils donnent à voir des « images inexactes, invraisemblables ou dérangeantes » !  Je ne sais pas ce qu’elle aurait dit de ce biopic qui lui est consacré dont, au moins la moitié porte précisément sur la Shoah, et dont je n’ai pas lu qu’il était financé ni soutenu par ladite FMS.

Nous sommes en tout cas très certainement en présence d’un film de propagande européiste affirmant l’utopie selon laquelle  l’Europe (terme mensonger qui désigne l’Union européenne) serait un rempart contre la guerre et les camps de concentration.

Propagande aussi quand le film accuse l’armée française de torture et des conditions indignes de détention des prisonniers du FLN durant la guerre d’Algérie, sans même évoquer les atrocités commises par ces terroristes.

Propagande enfin que cette hagiographie de celle qui a « porté » -comme on dit – et accouché la loi sur l’IVG. Olivier Dahan s’est complu dans les gros plans sur les visages des députés opposés à la loi,  afin de bien nous convaincre qu’ils étaient uniquement des personnages haineux et misogynes.

Ce n’est sans doute malheureusement pas ici le lieu de discuter de l’avortement (quoique ?) mais il  nous faut néanmoins juger l’arbre à ses fruits… Simone Veil affirmait que l’avortement était  un « échec » et un « drame » et qu’il s’agissait seulement de lutter contre l’avortement clandestin…  J’invite chacun à lire ou relire son discours du 26 novembre 1974 à l’Assemblée nationale, en annexe de son livre Une vie : Que sont devenues « l’exception » qu’elle évoquait, les restrictions et les conditions qu’elle formulait pour une loi qui devait être « dissuasive », alors qu’aujourd’hui Mme Borne appuie une proposition de loi visant à inscrire le « droit à l’avortement » dans la constitution, tandis qu’Emmanuel Macron veut qu’il figure dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

Rien dans le film n’évoque la position des autorités religieuses dont elle écrit que, lors de son entretien

« avec le prélat en charge de ces problèmes au sein de la hiérarchie catholique, il n’a pas tenté de (la) dissuader (…) à cette époque, l’Église de France était très ouverte (…) J’en ai tiré le sentiment que les communautés religieuse étaient plus concernées par leur régime de Sécurité sociale que par l’IVG ».

Simone Veil est décédée en 2017. Son athéisme, qu’elle affichait, ne m’empêche pas de formuler le Requiescat in pace de rigueur, tout en affirmant mon opposition sans concession à la femme politique qu’elle fut. Le long métrage (2h40) de propagande hagiographique n’en est pas moins un très bon film qui ne peut, en outre, que flatter la ville de La Ciotat où ses parents avaient construit leur « maison de vacances ». Le réalisateur, ciotaden comme nous, a su nous enchanter de jolies photos, avec un plongeon final dans  la très belle calanque de Figuerolles.

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6 commentaires

  1. Un point de consolation. Elle est la première manifestante de La Manif pour tous à être entrée au Panthéon. LMPT panthéonisée grâce à elle, c’est quand même assez drôle. ONLR

  2. En conclusion, il y a le mauvais holocauste contre les juifs et le bon holocauste contre les enfants à naître…
    Comme si l’un et l’autre n’étaient pas les deux faces d’une même réalité, le mal absolu.
    Dénoncer l’un pour justifier l’autre relève de la tartufferie.

  3. Une résistante extrêmement discrète, qu’un beau podcast d ‘Europe 1 révèle : la sœur de Christian Dior, Catherine, qui faisait partie d’un réseau de Résistance. Dénoncée, emprisonnée, torturée, elle n’a jamais parlé mais a indiqué des fausses pistes aux nazis. Elle a été déportée dans les mêmes camps que Simone Veil, sa mère et ses sœurs, a survécu à la longue marche de la mort.
    Enfin libérée, survivante, mais dans quel état, elle a tenu un magasin de fleurs.
    Son frère Christian a composé pour elle le parfum ” Miss Dior “.

  4. “Simone Jacob, épouse Veil, de 1941-1962 et de 1968 à 2006”
    Que faut-il comprendre par cette phrase ? Etaient-ils séparés entre 1962 et 1968 ?

  5. J’ai toujours été choqué qu’une personne d’une origine culturelle et identitaire extérieure à la France, puisque les israélites revendiquent de manière très ferme leurs différences identitaires et culturelles (quel peuple aurait survécu à une dispersion de 20 siècles ? quel autre peuple – en dehors des tziganes – utilise un mot dépréciatif pour désigner toute personne qui ne fait pas partie de sa communauté ? quelle autre communauté est-elle aussi endogamique, et aussi anti-inclusive ?) se permette d’intervenir dans un domaine aussi intime d’un autre peuple.

    Imagine-t-on un français à l’origine d’une législation sur l’avortement au Mali, en Indochine, aux USA, en Russie ?

    La sacralité du domaine, en l’occurrence la vie des très-petits, mais aussi le fait qu’il touche profondément l’avenir d’un peuple qui n’est pas le sien, aurait du lui commander de se récuser pour cette mission dans laquelle elle était déplacée.

  6. A l’attention de Vaucenay.
    Sans doute, mon raccourci était-il ambigü qui signifiait que Rebecca Marder interprétait S. V. sur la période 1941-1962, tandis qu’Elsa Zylberstein l’interprétait de 1968 à 2006.

    GT

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