Lu dans La Lettre de St Maur sous la plume de Cyril Brun :
"Il y a, me semble-t-il, deux façons de se concevoir dans la vie : acteur ou spectateur. Nous pouvons être l’un et l’autre ou bien l’un ou l’autre. Bien des gens ont tendance à n’être que spectateurs de la vie voire même, de ce fait, de leur vie ! Il est normal d’être spectateur d’une partie de la vie du monde et même de notre vie. Il y a bien des choses que nous ne maîtrisons pas ou qui sont trop éloignées de nous. Le simple fait de regarder autour de nous, fait de nous des spectateurs. Mais il y a plusieurs types de spectateurs.
Le premier d’entre eux ne fait que subir ce qui l’entoure. Il n’a pas même conscience qu’il subit. Il est tellement pris dans le mouvement qu’il est acteur malgré lui de ce qui se passe. Il agit mécaniquement, sans recul tel une marionnette. Il est tellement anesthésié par le milieu ambiant qu’il est incapable de la moindre réaction, du moindre discernement. Par-là, il se rend complice involontaire de tout ce qu’il subit et qu’il diffuse par ricochet.
Le second spectateur est, quant à lui, conscient du monde qui l’entoure, mais ne mesure pas forcément les tenants et aboutissants de ce qu’il voit. Il est capable de prendre suffisamment de hauteur pour se voir luimême dans la société, mais il ne s’élève pas au point de comprendre ce qui se passe ou ce qu’il fait. Ainsi, perdu dans l’imbroglio de ce qu’il voit, de ce qu’il perçoit, de ce qu’il ne parvient pas à discerner, il se laisse conduire et porter par le courant, soit par confiance, soit par paresse, soit par intérêt personnel. Il devient alors complice à son tour, mais complice volontaire par refus de sortir de son ignorance. Il est souvent plus facile de se cacher derrière le fallacieux prétexte:« Ce n’est pas à moi de gérer ça, il y a des spécialistes, je n’y peux rien. » Dans l’absolu, personne ne peut rien si ce n’est celui qui veut s’en donner la peine et prendre les moyens d’agir.
Notre troisième spectateur est issu de la même branche que le second. Il a conscience de ce qui l’entoure et ne veut pas s’en contenter. Il râle, critique, condamne, dispense de bonnes paroles assurant que lui s’il pouvait agir ‘Vous verrez ce que vous verrez !’ Mais voilà, nous ne voyons rien. Combien nombreux sont ceux qui sont pleinement conscients de ce qui les entoure et de la complicité passive qui est la leur, mais qui ne se donnent pas les moyens de bouger. Quelle responsabilité est la leur ! Non seulement ils savent que ce qui les entoure n’est pas bon, mais en plus ils y participent et poussent les autres dans cet engrenage ! Ils savent que ce n’est pas bon, ils le refusent, mais le font tout de même et entraînent à leur suite les autres à le faire. C’est sur la lâcheté de ceuxci que les promoteurs du système actuel comptent ! Nous avons tous de bonnes raisons de ne pas agir. Je suis trop jeune, trop vieux, j’ai ma famille, mon travail, je ne peux pas prendre le risque de me compromettre, sinon ma carrière… Mais voilà, nous commençons tous par être jeune et nous finissons tous par être vieux. Entre temps, nous avons notre carrière et notre famille, bref nous sommes de braves gens honnêtes qui vivent leur vie le moins mal possible (toujours ?) en se satisfaisant des conditions qui les entourent voire en en tirant profit (toujours honnêtement ?), mais que voulez-vous la vie est ainsi ! Dans ce cas, silence, ne râlons plus ! Si nous nous satisfaisons du système, ne le critiquons pas ou alors soyons des critiques actifs et mouillons-nous ! Sinon demeurons complices, mais ne nous donnons pas bonne conscience en critiquant ce dont nous profitons et dont visiblement nous nous contentons très bien !
Malheureusement, l’immense majorité de nos contemporains sont ainsi. Ils ne cessent de se plaindre du monde qui les entourent, mais la plupart ne bougent pas. D’autant que bouger c’est non seulement prendre des risques, mais aussi renoncer à ce qui est mauvais mais qui nous convient bien. Il faut changer les choses, mais que les efforts ne me concernent pas. Soyons clairs, il y a là un parfait mélange de couardise, d’égoïsme et de paresse. Beau tableau ! Penser que nous ne sommes pas concernés ou que nous n’avons pas la capacité d’agir parce que trop loin, trop faibles, c’est méconnaître le lien essentiel et organique qui lie tous les hommes entre eux.
Il y a une véritable solidarité humaine. Entendons solidaire dans son acception technique, c’est-à-dire tellement liés entre eux que la contagion les atteint nécessairement. Ce que je fais ou ne fais pas à titre individuel a des répercussions sur la vie concrète des autres. Là où je suis, je peux changer bien des choses par mon simple comportement, mon adhésion ou non à telle valeur, tel système. L’éducation que je donne à mes enfants concerne tous ceux qui un jour les approcheront. Refuser une habitude imposée par des lobbies, des modes rendues tyranniques par les médias, voilà autant d’actions concrètes que je peux individuellement, familialement mettre en oeuvre. Mais voilà, de tels gestes veulent souvent dire se distinguer et s’exposer alors là, la peur nous paralyse. Peur du ridicule, peur d’être montré du doigt voire exclu. Il est donc évident qu’il faut se mobiliser. Ce n’est pas en restant chacun dans notre coin que nous serons à même de faire bouger les choses. Bien sûr, il y a les forts qui peuvent braver ces peurs, tant mieux pour eux et tant mieux pour nous. Ils seront alors nécessairement ceux qui par l’exemple vécu donneront aux autres le courage et l’impulsion. Ils doivent être cela et plus encore, ils doivent être les piliers des structures de regroupement. Penser que leur force leur suffit est illusoire et égoïste. Les dons que nous avons doivent servir à notre édification et à celle des autres. Nous ne sommes pas propriétaires de nos talents. Nous devons les faire fructifier. Or, fructifier ne veut pas dire uniquement les faire progresser, mais aussi qu’ils portent du fruit. […]"
pmc
Bravo pour ce texte !
Galimard
Einstein a dit : “le plus coupable n’est pas celui qui agit mal mais celui qui regarde sans rien faire”…la lâcheté du voyeur qui ne fait rien est sans doute la cause de notre décadence actuelle, il suffirait de peu de chose pour inverser la vapeur : oser parler et s’opposer tant qu’on en a encore la liberté !
antoinette
Einstein a dit : “le plus coupable n’est pas celui qui fait le mal mais celui qui regarde et ne fait rien”. La lâcheté de nos voyeurs modernes est sans doute la cause de notre décadence actuelle… il suffirait pourtant de peu de chose pour inverser la vapeur : oser parler et agir tant qu’on en a encore la liberté !
Fred
La Liberté n’est pas de faire ce que l’on veut , mais de vouloir ce que l’on doit .
Je ne me rapelle plus l’auteur .
Michel
L`Union fait la force mais a l`école depuis 1960 toute loyauté et unité a été détruite pour la pluralité.
Pour s`unir encore fait-il avoir une vision et un but commun…
Est-ce la foi….elle n`est plus enseignée..
Est-ce la patrie – les pacifistes l`ont détruit..