C'est le souhait de Thibaud Collin :
"[…] Loin d’être une troisième voie, ce texte peut donc être vu comme la réponse du synode à la question du pape François, réponse sous forme de « retour à l’envoyeur »; comme si le synode avait refusé de conseiller le pape en se déterminant dans un sens ou dans un autre. D’où la grande confusion actuelle due aux interprétations contradictoires de ces passages du texte. On pourrait objecter que le texte constitue bien une troisième voie, la solution du for interne et du cas par cas, discerné lors d’un accompagnement pastoral. Mais à lire de près le texte, on constate qu’il n’en est rien. Par exemple, un prêtre pourrait-il légitimement, dans certains cas, donner l’absolution à un fidèle qui demeurerait dans une situation maritale objectivement contradictoire avec le sacrement de mariage? Si tel est le cas, on a du mal à voir en quoi cela ne présupposerait pas une remise en cause de facto de la doctrine de l’indissolubilité et de Familiaris consortio (n°84… lu dans son intégralité).
On dit souvent que le pape François a mis l’Eglise en Exercices spirituels, notamment avec ces deux synodes. Le père Bergoglio avait développé dans un article paru en 1990 une méditation très riche sur « l’unité dans la diversité » et le sens du conflit à partir des Exercices spirituels et des Constitutions de la Compagnie de Jésus. Je cite: « Dans le « mouvement » de l’esprit, il y a des tensions diverses… mais, et je veux affirmer ici ce qui est important, la résolution de ces tensions ne s’obtient ni par une synthèse (qui annulerait la vigueur des polarités particulières précédentes) ni par l’affirmation de l’une de ces multiples polarités et la destruction des autres, ni par le privilège accordé à une ou deux de ces tensions polaires au détriment des autres. Si nous examinons attentivement notre expérience intérieure, nous voyons que les tensions se résolvent sur un plan supérieur, en maintenant, dans l’harmonie nouvellement atteinte, la virtualité des diverses particularités. »
Attendons donc que le pape nous indique, peut-être dans une exhortation apostolique, quel est ce niveau supérieur dans lequel les très fortes tensions engendrées par les deux synodes vont pouvoir se résoudre."