D’Yves-Marie Adeline dans Politique Magazine à propos de la taxe proposée par Zucman :
[…] la taxe Zucman voudrait imposer les 1.800 plus riches de France sur la base des bénéfices de leurs entreprises. Naturellement, quand il s’agit de grosses entreprises, l’actionnaire majoritaire ne pourrait pas payer la taxe. Qu’à cela ne tienne, il céderait à l’Etat une part du capital de son entreprise. Les années passant, l’entreprise deviendrait propriété de l’Etat lui-même, qui devrait donc l’administrer.
Cette suite aboutit à un système bien connu au siècle dernier, le socialisme, le vrai, le communisme en fait, dont l’expérience a fourni la preuve de son inefficacité, arrachant aux acteurs l’esprit d’entreprenariat, l’innovation, l’aiguillon de la concurrence, la recherche de profit, l’inventivité, l’idée, tout simplement, devenue captive de la matière. Toutes les nations ayant glissé dans ce gouffre, même les mieux conformées initialement à l’activité économique – on pense à l’est de l’Allemagne – ou les mieux pourvues en matières premières – on pense à la Russie – ont été ruinées par cette pratique doctrinaire ; que dire alors des pays les moins conformés, la Roumanie, la Bulgarie, sans parler de ceux du Tiers-monde…
Bien sûr, la Taxe Zucman est trop irréaliste pour être adoptée, mais elle a le mérite d’exposer au grand jour la médiocrité de nombreux théoriciens couverts d’honneurs académiques, enseignant dans des écoles dont on dit qu’elles sont les meilleures du monde. C’est d’autant plus regrettable que, justement, en plus de la redistribution sociale, l’une des solutions aux problèmes posés par la logique capitaliste est la formation, qui prépare aux changements, aux progrès, à l’adaptation. Or, la chute du communisme dans le monde a été pratique, mais pas théorique : dans les pays occidentaux qui n’ont pas souffert de l’économie communiste, nos institutions médiatiques, culturelles ou académiques ont assuré sa survie sous perfusion, pourrait-on dire, hors du monde réel mais dans sa forme chimérique, tel un ectoplasme. La complaisance des médias entretient l’hystérisation du débat actuel, jusqu’à ce qu’une actualité plus brûlante le remplace par un autre.