Témoignage d’une infirmière d’EHPAD, qui a appelé l’antenne « Nos mains ne tueront pas » : antenne d’écoute, d’accompagnement et de formation des étudiants et professionnels de santé
Avril 2017…
Une infirmière quitte un service d’EHPAD, où elle travaillait depuis 13 ans parce qu'elle ne veut pas travailler comme cela, parce qu'elle ne veut pas volontairement endormir des gens.
Explications :
A son arrivée dans un EHPAD, sauf exception, une personne âgée ne pense pas encore qu’elle va mourir bientôt. Mais, à un moment donné, dans son parcours, elle réalise qu’elle va mourir. Comme pour tout un chacun, il faut alors un certain temps, un certain cheminement pour l’accepter. Ce temps est infiniment précieux pour cette personne. C’est son temps. Il n'appartient qu'à elle. Il ne doit pas être raccourci. Il ne doit pas lui être volé. Le cheminement peut être plus ou moins long (parfois quelques mois). Il est fait de dépendance, de petites choses, de faiblesse extrême. Il peut également être éprouvant pour les soignants, d’autant plus dans un contexte où la charge de travail est importante. C’est le temps des soins, c’est le temps de la présence, du sourire, de quelques mots, du toucher auprès de la personne dont la conscience peut même être très minimale, mais réelle.
Avec la loi Léonetti de 2005, l’équipe médicale et soignante cherchait à soulager la douleur des personnes, en l’évaluant régulièrement. Avec la nouvelle loi Claeys-Léonetti de 2016, légalement applicable depuis août 2016, ce temps est gravement menacé, raccourci, supprimé. Avec la « sédation profonde et continue provoquant une altération de la conscience maintenue jusqu'au décès » demandé dans cette loi, on va plus loin que soulager la douleur ou la souffrance.
Des personnes âgées sont tout simplement « endormies volontairement », « pour qu’elles ne souffrent pas » mais en réalité sans réelle évaluation ni observation de leur souffrance. En fait, elles sont emmurées dans leur souffrance par la puissance des médicaments sédatifs administrés. Elles meurent en 2 à 8 jours.
Il y a aussi des voix en France pour demander que cela devienne programmé ! Ne nous laissons pas abuser par l’utilisation actuelle de ces mots en France ! «Ne pas souffrir» peut insidieusement mener à «soulager» pour dire « en finir », qui peut vouloir dire «achever», «tuer».
Auprès de nos proches, veillons à maintenir le contact avec eux, jusqu’au bout, si minime soit-il. Demandons aux équipes soignantes de les soulager de leur douleur, apaiser leur anxiété/angoisse, en évaluant et ré-évaluant, sans forcément prendre une décision irréversible. N’ayons pas peur d’accompagner nos proches dans leur faiblesse extrême, au moment où ils en ont le plus besoin et nous aurons la joie de les avoir accompagnés selon leur rythme !
Martine
De nombreux témoignages de soignants ou professionnels de santé nous parviennent depuis la création de cette antenne d’écoute. Des voix s’élèvent. A Nantes par exemple, une jeune-femme, médecin, fut témoin d’une euthanasie par alimentation et sédation terminale d’une jeune femme de 20 ans handicapée, à la Rochelle, c’est une aide soignante qui nous confirme que ce genre de pratique est très courant, voire systématique depuis le vote de la loi de 2016…250 000 à 300 000 morts chaque année en France par sédation terminale…Ces chiffres sont à peu près les mêmes que ceux de l’avortement en France…L’élimination systématique des plus fragiles en France est devenue une pratique courante, promue et encouragée par les pouvoirs publics !