De l’abbé Michel Viot pour le Salon beige:
Touchez pas à leurs cierges! Telle est la dernière consigne que la Mairie de Paris vient de donner à ses services funéraires SFVP. C’est la suite de « Touchez pas à leurs cercueils! » que je dénonçais il y a une quinzaine de jours. Oh certes, en cette belle matinée de vendredi 17 avril 2020, à Notre Dame du Perpétuel Secours, les porteurs ont eu l’amabilité de porter le cercueil jusqu’aux tréteaux, masqués et gantés, ce qui est très bien en ces temps dangereux.
Mais, stupeur ! Les cierges qui doivent entourer le cercueil étaient restés éloignés. Je m’en suis aperçu au moment du rite de la lumière, au moment de les rallumer moi-même, afin d’éviter les déplacements des quelques personnes de la famille présente. Je les ai ensuite portés, chacun à leur place autour du cercueil. Cela aurait pu être plus difficile pour un confrère plus âgé. Pour moi, c’était limite. Mais j’ai cru, sur le moment, à un oubli.
À la fin seulement, j’ai compris, quand le maître des cérémonies m’a demandé très poliment d’ôter moi-même les cierges et leurs candélabres, pour que ses porteurs, toujours gantés puissent porter le cercueil. Pas touche aux cierges!
À quoi joue Madame Hidalgo, pourtant décorée de la croix de Commandeur de l’Ordre d’Isabelle la Catholique et qui dit admirer sainte Geneviève?
Considère-t-elle nos cierges et ce qui les supporte comme des dangers sanitaires, sans doute plus chargés de virus clérical parce que séjournant dans nos sanctuaires, ou a-t-elle tout d’un coup décidé que déplacer des cierges constituait un acte cultuel, et qu’au nom de la laïcité , ses employés ne pouvaient l’accomplir ?
Je pense que, décidément, Madame le Maire manque de grandeur, et que c’est bien dommage pour la belle tradition espagnole dont elle est issue. Mais qu’elle soit alors logique avec elle-même. Qu’elle munisse de scaphandres ses employés des pompes funèbres quand ils entreront dans nos églises catholiques. Il pourront même porter les couleurs de la Ville de Paris et sa belle devise: « Fluctuat nec mergitur! », ils seront ainsi protégés des effluves pestilentielles de sacristie. Ou que leur direction leurs disent clairement ne plus venir chez nous !
Et personnellement, je le redis à mes frères catholiques, ne faites plus appel aux SFVP, vous commettriez un péché grave, en tentant, sans le vouloir, de violer les consciences d’employés de pompes funèbres, et pire de devenir pour eux une occasion de chute !
Puisse cet incident maupiteux servir d’avertissement aussi aux quelques entreprises de pompes funèbres qui mentent encore effrontément aux familles endeuillés en leur disant que les services religieux sont interdits pour les défunts du coronavirus. Ce crime contre le deuil est inspiré par l’appât du gain, et rien d’autre! On rêve d’emporter le marché aux cercueils de Rungis, pour en transporter le maximum et le plus rapidement possible aux incinérateurs, ou à la fosse, en grande vitesse et sans étape qui puisse ralentir le profit.
Aussi, quand les uns et les autres nous dresserons des listes, nous verrons que le coronavirus a fait tomber bien des masques !