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Religions : L'Islam

Toutes les victimes musulmanes d’attentats terroristes n’ont pas la même importance pour l’Organisation de la Coopération islamique

Toutes les victimes musulmanes d’attentats terroristes n’ont pas la même importance pour l’Organisation de la Coopération islamique

Beaucoup de monde se souvient des attentats de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, perpétrés le 15 mars 2019 par un néo-zélandais contre deux mosquées et ayant fait 51 morts et 49 blessés. Ils ont été en particulier l’occasion pour certains de vouloir impliquer M.Renaud Camus (il faut lire dans le dernier ouvrage de celui-ci, La Dépossession Ou du remplacisme global, les pages 249 à 254 que M. Camus consacre à décortiquer l’absurdité de ce dénigrement).

Dans les actualités publiées sur le site internet de l’Organisation de la Coopération Islamique (« La voix collective du monde musulman »), entrer le mot « Christchurch » sur le moteur de recherche, fait apparaître une liste de 12 articles.

Le premier de ces articles a été publié le jour même des attentats et s’intitulait : « L’OCI condamne fermement les attentats terroristes perpétrés dans deux mosquées de Nouvelle-Zélande ». Le dernier est du 15 mars 2022, le 15 mars étant devenu jour de commémoration, et s’intitulait : « À l’occasion de la commémoration de l’attaque terroriste du 15 mars 2019 en Nouvelle-Zélande Le Secrétaire général de l’OCI réitère ses appels à la solidarité internationale contre l’islamophobie ».

Le plus long était un communiqué final de la « Réunion Extraordinaire A Composition Non Limitée Du Comité Exécutif De L’OCI Tenue Au Niveau Des Ministres Des Affaires Etrangères Istanbul, République De Turquie », le 22/03/2019, soit une semaine après l’attentat. Il faisait 1858 mots et avait donc été publié à l’occasion de l’organisation d’une réunion extraordinaire consacrée à l’attentat.

Maintenant, vous souvenez-vous qu’il y a eu, le 30 janvier 2023 (c’était il y a seulement une quinzaine de jours), un attentat dans une mosquée de Peshawar au Pakistan ? Non ? Pourtant, cet attentat a fait, selon les derniers décomptes, environ 100 morts et plus de deux cents blessés. Et ce n’était pas le premier puisqu’un autre attentat également dans une mosquée dans la même ville avait eu lieu en mars 2022 faisant 64 morts. Peshawar n’est qu’à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l’Afghanistan.

Le site de l’OCI n’a [jusqu’à présent] consacré qu’un seul communiqué à cet attentat, publié le jour même et s’intitulant : « Le Secrétariat général de l’OCI condamne fermement l’attentat-suicide à la bombe perpétré à l’intérieur d’une mosquée à Peshawar, au Pakistan ». Il fait 145 mots. Le service minimum standard en quelque sorte. Et pas [jusqu’à présent] de réunion extraordinaire. Rappelons que l’attentat de mars 2022 à Peshawar n’avait aussi provoqué l’émission immédiate que de deux courts communiqués.

Pourtant, autre exemple récent, après les actes publics d’autodafé du Coran en Suède, au Danemark et aux Pays-Bas, l’OIC a également provoqué « une réunion extraordinaire à composition non limitée du Comité exécutif de l’OCI à son siège à Djeddah le mardi 31 janvier 2023 » et publié un communiqué final le 1er février (1483 mots).

Pourquoi si peu de mots en comparaison pour les morts de Peshawar ? Serait-ce parce que, si les commanditaires de l’attentat de Pashawar ne sont pas clairement désignés [les regards se portent avec insistance vers des mouvements talibans, branche afghane ou branche pakistanaise, ou bien encore vers une branche régionale du groupe jihadiste Etat islamique], ils sont néanmoins certainement musulmans ?

Et puis, après tout, l’imam Ismail de Marseille, dans une vidéo récente comparait le fait de n’avoir pas fait sa première prière à l’heure avec le fait (d’importance apparemment moindre) d’avoir tué une centaine de personnes [pile-poil le nombre à Peshawar…] :

« Quand tu ne t’es pas levé ce matin pour la prière du Fajr, tu as dit : c’est bon, je me lève à 8h, 9h. Quand je me lève, je fais la prière à ce moment-là. Dis-toi que ce péché-là, les sahabas se sont posé la question : « Est-ce que c’est le plus grand péché qui ne fait pas sortir de l’islam ? Plus grave que d’avoir tué une centaine de personnes ? ». »

L’OCI aurait-elle supposé, de façon quasi-certaine,  que les auteurs de l’attentat de Peshawar, eux, ont ensuite continué de faire leurs prières aux heures dites. Comme de bons musulmans, en fait.

Et puis, après tout, n’y a-t-il pas ce hadith connu « de l’homme qui a tué 99 personnes », rapporté par Al Boukhari (considéré comme la source de hadiths la plus fiable). C’est un petit récit fait par Mahomet et censé démontrer qu’il ne faut jamais désespérer de la miséricorde d’Allah. Un tueur en série (99 meurtres à son actif quand même…) veut savoir s’il peut se repentir. Sa démarche nous paraît curieuse mais c’est certainement dû à un biais culturel (« il y avait un homme qui avait tué 99 personnes. Un jour, il chercha à rencontrer le plus grand savant sur terre. On lui indiqua un moine. Il se rendit auprès de lui et lui dit: J’ai tué 99 personnes. Est-ce que je peux me repentir? Le moine dit: Non. Alors, l’homme le tua et porta ainsi le nombre de ses victimes à 100… » ). Puis le tueur meurt en chemin et on apprend qu’il ira quand même au paradis. Sans doute n’avait-il pas oublié l’heure de ses prières de bon musulman ?

Bon, ceci étant, le communiqué de l’OCI après l’attentat de Christchurch nous rappelait opportunément l’un des mantras islamiques (l’autre étant la religion de paix et de bienveillance) : « réitérant la position de l’OCI selon laquelle le terrorisme n’a pas de religion »… Mais il y a quand même des situations dans lesquelles la Voix collective du monde musulman tonne plus que pour d’autres.

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