De Cyril Farret d’Astiès :
La sidération qui a frappé l’Église le 16 juillet, comme la foudre avait frappé le dôme de Saint-Pierre de Rome le soir du renoncement de Benoît XVI, ne se dissipe pas. Qu’une telle méchanceté (pour reprendre la juste expression de Jean-Pierre Maugendre) puisse s’exprimer sous couvert de vivre ensemble et de fraternité laisse pantois !
Mais le monde traditionnel ne reste pas désemparé, ce n’est pas la première fois qu’il doit se battre pour la messe, pour le catéchisme et l’Écriture comme le scandait Jean Madiran dès les années 1960, ce n’est pas la première fois qu’il est malmené par la hiérarchie, ce n’est pas la première fois qu’il doit choisir entre les honneurs du monde et la Vérité.
Et cette résolution paisible et inconditionnelle qui est celle du monde traditionnel d’un bout à l’autre de l’échiquier (de la fraternité Saint-Pie-X aux prêtres diocésains « bi-formalistes »), n’est pas l’attitude d’enfants gâtés préoccupés par leur privilèges et enfermés dans une pratique sociale surannée et stérile. Cette résolution jaillit au contraire de l’intime conviction que l’ancienne messe, et tout ce que la grande liturgie latine recouvre de trésor théologique et surnaturel, est le bien commun de toute l’Église. Que la liturgie ancienne, fruit ininterrompu d’une lente et paisible maturation depuis les premiers siècles du christianisme, est comme nul autre à même de louer Dieu, de lui demander des grâces, de le remercier pour ses bienfaits et de réparer nos fautes. Qu’elle est comme nul autre le chemin de notre sanctification et de la transmission de la foi à nos enfants, à nos proches et à tout le genre humain, demain comme hier.
Pour répondre à cet acte législatif et autoritaire difficilement qualifiable, la meilleure chose que nous puissions faire, c’est d’aimer plus profondément et de mieux comprendre ce trésor que le Bon Dieu nous a fait la grâce insigne de connaître et qu’il nous confie pour le transmettre intact ; redoutable mission que la nôtre ! Comme nous y invite le père Augustin-Marie de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrié dans une belle interview donnée au quotidien Présent :
« Il faut faire mentir ceux qui estiment à tort qu’elle est un objet mort, une curiosité de musée. C’est en vivant de cette liturgie que l’on manifeste qu’elle est vivante, et qu’elle est la vie de nos vies. »
C’était déjà le sens de l’essai que j’avais voulu écrire à l’occasion des cinquante ans de la nouvelle messe.
Ces derniers mois un livre d’une très grande profondeur spirituelle et d’une grande richesse théologique est providentiellement paru. Cet ouvrage très profitable pour tous les catholiques qui vivent de la liturgie traditionnelle ou qui s’interrogent à son sujet a été publié chez Via Romana : il s’agit des Méditations sur la Messe de l’abbé Guillaume de Tanoüarn. Ce petit ouvrage par la taille et le prix (12 euros, somme modique qui permet d’en offrir à nos curés de paroisses, à nos amis et à nos évêques) est d’un très grand profit spirituel. Qu’il soit lu d’une traite tant il est captivant, ou qu’il soit lentement goûté au jour le jour dans l’ordre de ses 73 petits chapitres qui offrent autant de méditations sur chaque partie de la messe, le lecteur est élevé par la plume savante autant qu’inattendue et amoureuse de l’abbé de Tanoüarn vers les sommets de la vie chrétienne et de la contemplation du sacrifice eucharistique. On ne vit plus la messe de la même manière après avoir lu ces pages profondes, graves, poétiques et mystiques. Ce petit livre spirituel, loin des querelles, mais démontrant par le haut la supériorité surnaturelle de notre chère liturgie, est appelé à produire de grands fruits.
Achetons-le, méditons-le, prêtons-le, offrons-le. Sans négliger le recours puissant de la prière, le soutien à nos prêtres, ou encore l’action (comme les rassemblements hebdomadaires devant la nonciature à Paris), voilà une bien belle résolution à prendre en cette rentrée ! Cette épreuve que permet le Bon Dieu nous oblige à regarder plus haut, plus loin, plus profond, l’abbé de Tanoüarn nous y aide.
Cyril Farret d’Astiès