Véronique Besse, député de la Vendée et présidente du groupe d'étude sur les chrétiens d'Orient à l'Assemblée nationale, écrit dans le Figarovox :
"Personne ne le contestera, le combat contre l'État islamique et ses alliés est urgent. Encore aujourd'hui, les populations fuient en masse le rouleau compresseur islamiste, que rien, pour le moment, ne semble réellement arrêter, ni les bombardements de la coalition, ni le courage de l'armée kurde. L'urgence est donc sur le terrain, sur la ligne de front.
Cependant la victoire ne pourra être réelle, si on ne fait pas, dès aujourd'hui, toute la lumière sur les appuis extérieurs de l'État islamique. Ces appuis, ce sont, avant tout, certaines grandes puissances locales, qui n'ont jamais été claires sur leurs relations avec l'organisation terroriste qui fait régner aujourd'hui la terreur sur une large partie de l'Irak et de la Syrie.
La victoire militaire est une chose; la construction de la paix en est une autre. Demain, la mosaïque irakienne ne pourra perdurer que si l'équilibre entre ses composantes est respecté. Cet équilibre est aujourd'hui très fragile, si ce n'est déjà totalement détruit. Sunnites et chiites s'affrontent, aidés, de part et d'autres, par de grandes puissances étrangères (Arabie Saoudite, Iran…). Les relations entre le gouvernement central irakien et le gouvernement autonome kurde sont tendues, notamment à cause de la politique pro-chiite premier ministre Nouri al-Maliki. L'avenir est sombre. Si aujourd'hui, partout en Irak, les minorités yézidis, chrétiennes, musulmanes fuient l'oppression de l'État islamique, demain, sans aucun doute, elles devront fuir celle des milices sunnites ou chiites qui s'organisent. De nombreux témoignages que j'ai pu recevoir comme co-présidente du groupe d'études parlementaires sur les Chrétiens d'Orient, nous ont alarmés à ce sujet. […]
Le combat contre le djihadisme est donc en Irak. C'est pour cela qu'il était nécessaire d'approuver l'intervention française contre l'État islamique. Mais ce combat se déroule aussi chez nous, en France. Traquer les islamistes en Irak et laisser leurs propagandistes prêcher librement chez nous serait un non-sens absolu. L'actualité de ces derniers jours en est une illustration éclatante et tragique. Le ministère de l'Intérieur a revu à la hausse le nombre de Français partis faire le djihad en Syrie et en Irak. Officiellement, presque 1500 individus auraient ainsi quitté le sol national.
Il est cependant trop simple de trouver dans l'État islamique la seule source de nos malheurs. Les racines du mal ne sont pas seulement chez les autres. Elles sont aussi chez nous. La faillite de l'Occident a sa part de responsabilité: une faillite économique, politique, mais aussi morale et spirituelle. Le consumérisme, l'individualisme, le matérialisme, le laxisme… et bien d'autres ont largement contribué à décrédibiliser notre pays aux yeux de beaucoup. Le combat que nous devons mener est aussi un combat sur nous-mêmes. Ne pas l'admettre reviendrait à faire des belles résolutions actuelles l'effet d'un cataplasme sur une jambe de bois."