De Rémi Fontaine pour Le Salon beige :
Vous avez dit « tradiphobe » ?
Pour sourire un peu… quoique ! Prenons le § 2358 du Catéchisme de l’Église catholique et changeons le mot « homosexuelles » par « traditionalistes » :
2358. Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présente des tendances « traditionalistes » foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve… Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition.
Nous aurons l’article possible d’un nouveau catéchisme « synodal » peu respecté, il est vrai, par une nouvelle Église devenue « tradiphobe » !
Bon Samaritain de la Tradition ?
Le vénérable rite romain gisait là blessé avec son peuple de fidèles. Relégué sur le bord du chemin, laissé à la périphérie de l’Église. Moqué, marginalisé, stigmatisé comme « messe en latin », vetus ordo, usus antiquior ! Frappé (de banissement) par un étrange instrument : au mépris de la piété filiale, ses agresseurs s’étaient servis en effet de la nouvelle messe, du novus ordo produit par l’esprit de Vatican II, comme arme par destination contre son pieux et antique usage ainsi que son développement organique in medio Ecclesiae.
Deux souverains et vénérables pontifes étaient déjà passés devant, presque indifférents à son sort inouï, même si le deuxième avait consenti à lui donner quelques premiers soins rapides (indult et motu proprio). Un troisième pontife passant par là, fut profondément ému de son état. Il résolut, motu proprio, de le porter lui-même jusqu’à l’hôpital de campagne où il agissait, donnant à l’hôtelier ce qu’il fallait pour le restaurer et lui rendre son plein droit de cité in corde Ecclesiae. N’était-ce pas là un bon Samaritain, dont le mot signifie gardien : un bon gardien de la Tradition !?
Un quatrième pontife entreprit pourtant, motu proprio, de revenir en arrière, retreignant drastiquement l’œuvre de restauration et de libération de son prédécesseur, voulant faire des évêques non plus de bons gardiens mais de vrais geôliers pour le coup de la Tradition ! Par un singulier « mécanisme de contrôle » qu’il demandait paradoxalement à son nouveau gardien de la Doctrine d’honnir… Si bien qu’au milieu d’une perplexité et obscurité certaines peut retentir à nouveau aujourd’hui l’appel d’Isaïe en l’adressant au Très Haut et Très Bon Gardien de l’Église : « Garde, où en est la nuit ? Garde, où en est la nuit ? »
En trois citations :
« Dieu est sagesse et veut être aimé non seulement avec douceur mais avec sagesse. Bien plus, l’esprit d’erreur gâchera tout zèle si tu négliges la science. Et l’ennemi trompeur n’a pas de moyen plus efficace pour enlever l’amour du cœur de l’homme, que de réussir à le faire marcher dans l’amour, sans précaution et sans être guidé par la raison. » (saint Bernard, Sur le cantique, sermon 19, 7)
« L’hostilité des méchants résonne comme une louange pour notre vie, car elle montre d’une certaine façon notre droiture parce que nous déplaisons à ceux qui n’aiment pas Dieu : en effet, personne ne peut être agréable à la fois à Dieu et aux ennemis de Dieu. Il n’est pas ami de Dieu celui-là qui recherche la complaisance de ceux qui s’opposent à Lui : et celui qui se soumet à la vérité luttera contre ce qui s’oppose à la vérité. » (saint Grégoire, In Ezechielem homiliae, I, 9, 14)
« N’ayant pas obtenu que les hommes pratiquent ce qu’elle enseigne, l’Église actuelle a décidé d’enseigner ce qu’ils pratiquent… Auparavant l’Église absolvait les pécheurs, aujourd’hui elle a résolu d’absoudre les péchés. » (Nicolás Gómez Dávila)
Rémi Fontaine