D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
Dans l’imaginaire catholique, l’image de saint Georges est associée à son combat contre le dragon. Ce chevalier et guerrier — tel que le présente une certaine tradition hagiographique — ayant vécu entre le IIIᵉ et le IVᵉ siècle, nous offre de nombreuses pistes de réflexion. J’aimerais en proposer ici trois qui, à mon avis, résument beaucoup de choses sur cette figure fêtée le 23 avril.
La première réflexion est que saint Georges nous enseigne que la vie est un combat. Saint Paul lui-même dit qu’il a “combattu le bon combat”. Certes, tous les combats n’ont pas la même valeur ; nous devons apprendre à choisir ceux qui méritent d’être menés. Mais il faut aussi prendre conscience que nous sommes appelés à lutter, à faire partie de cette armée qui combat pour le bien. Et pour cela, il faut se former sans cesse, écouter des enseignements enracinés dans les fondements éternels.
« Comme pour d’autres saints entourés de légendes, on peut dire que la fonction historique de saint Georges est de rappeler au monde une seule idée mais fondamentale : le bien, à la longue, triomphe toujours du mal. Le combat contre le mal est une constante dans l’histoire humaine, mais ce combat ne se gagne pas seul : saint Georges tue le dragon parce que c’est Dieu qui agit en lui. Avec le Christ, le mal n’aura plus jamais le dernier mot. »
(vaticannews.va)
Devenir chevaliers du Christ, voilà ce que saint Georges veut nous enseigner.
La deuxième réflexion concerne l’image du dragon. Les croisés y voyaient un symbole de leur lutte contre l’invasion islamique, mais nous pouvons y voir aujourd’hui bien d’autres choses. Chaque jour, nous combattons nos propres dragons — qu’ils soient extérieurs ou intérieurs. Sun Tzu, auteur de L’art de la guerre, disait : « Celui qui sait quand il faut combattre et quand il ne faut pas, remportera la victoire. » Aujourd’hui, le mot discernement est très à la mode, et je pense qu’il trouve ici une application juste. Nous avons tous nos dragons à combattre, il nous faut les identifier et les affronter. Il faut vaincre nos peurs, car le courage n’est rien d’autre que la peur affrontée. J’imagine que saint Georges a lui aussi ressenti de la crainte face au dragon, mais il l’a finalement combattu et vaincu. Parfois, nous avons l’impression d’être vaincus, de persévérer dans une vie de péché, mais il ne faut pas se résigner : il faut nous relever chaque fois que nous sommes jetés à terre.
La troisième réflexion liée à saint Georges concerne la jeune fille qu’il sauve du dragon, à laquelle elle avait été sacrifiée. L’image du chevalier, de l’homme qui protège la femme, est aujourd’hui regardée avec suspicion, comme s’il s’agissait d’un modèle dont il faudrait avoir honte. Et pourtant, cela fait partie de notre manière de vivre. Il est bon de redécouvrir la spécificité de chaque sexe, car c’est aussi ainsi que nous comprenons mieux le sexe opposé. Nous devrions redécouvrir les vertus chevaleresques : j’ai entendu de nombreuses femmes et jeunes filles dire qu’elles aimeraient rencontrer des hommes dotés de ces qualités. Ces vertus du chevalier, nobles expressions de la civilisation chrétienne, nous rappellent les valeurs éternelles, aujourd’hui si violemment combattues et mises de côté dans un monde qui cherche de plus en plus à vivre loin de Dieu.