Un éditorial de Jacques de Guillebon dans la Nef de janvier 2015, où l'on peut voir que, sans une conversion radicale et un ancrage solide dans le terreau chrétien de notre pays, toute gesticulation politique est vaine :
"Comment cela se peut-il ? Comment se fait-il que nous soyons à chaque fois défaits dans le combat politique ? Et d’ailleurs parfois défaits avant même d’avoir commencé.
Dire nous, c’est définir un camp : est-ce là l’erreur fondamentale, ou est-ce tout de même une vérité ? Nous disons « nous » pour parler de cette « opposition qui s’appelle la vie », selon le mot de Balzac, laquelle a tendance à ne plus rassembler, quoique nous en ayons, que des chrétiens conscients. Il est de plus en plus compliqué, en effet, de trouver parmi nos contemporains qui ne partagent pas notre foi des hommes et des femmes pour qui nos combats revêtent l’importance que nous leur accordons. L’euthanasie ? Selon les sondages, une immense majorité de Français se prononce pour, sans que l’on sache d’ailleurs exactement ce que l’on met sous ce mot. On peut supposer qu’il s’agit de choisir une « mort douce », sans souffrances et sans dégradation visible du corps. Louable intention : qui n’est pas pour le bien et contre le mal ? Mais nous voilà bien avancés. L’avortement ? Tout le monde encore une fois en a pris son parti, sans souci des dégâts directs et indirects que cause cet acte de mort. Le « mariage pour tous » ? C’est plié. L’humain augmenté ? C’est pour demain. La pilule ? Évidemment.
Devant ce constat, il faut se résoudre soit à penser que nous-mêmes sommes totalement en dehors de la plaque, et que ces questions ne valent pas une heure de peine à côté du chômage, de la crise financière, de l’immigration, de l’islamisme ou de la banquise ; soit que nous sommes entrés dans une pensée et une action prophétiques – cela dit sans aucune vanité. Au contraire, c’est se condamner à ne pas être entendus, au moins sur le plan politique.
On peut juger de cette impossibilité évidente d’accrocher nos contemporains aux fruits médiocres, à première vue en tout cas, qu’ont porté les manifestations pour tous. Certes, nous fûmes près du million à envahir les rues plusieurs fois ; certes, nous avons envahi par là même les médias pendant un court temps ; certes, les analystes habituels ont du mal à comprendre cet accès de fièvre qui nous a pris. Mais pour le reste, la défaite semble complète : à l’UMP, le cheval de retour a accordé un « ça ne coûte pas cher » délicieusement méprisant aux jeunes gens qui le sollicitaient ; de la gauche, ne parlons pas, elle est décidée à ne pas changer un iota à sa loi destructrice ; quant au Front National, les dernières nouvelles sont plus tragiques encore : le premier acte de « normalisation » du parti de Marine Le Pen aura été de faire entrer les loups dans la bergerie et, tout en continuant de tenir officiellement pour l’abrogation de la loi Taubira, de donner dans la réalité tous les signes contraires. Les relations intimes de Florian Philippot, telles qu’on nous les présente, avec un journaliste de télé militant gay, l’entrée de ce Sébastien Chenu, fondateur de Gaylib, et automatiquement propulsé « Monsieur Culture » du Front National, témoignent qu’à l’évidence Marine Le Pen est passée de l’autre côté de la force et que dorénavant tout lui sera bon pour mener son parti au pouvoir. C’est le seul but qu’elle s’assigne, dérive certes banale des partis politiques qui finissent toujours par se prendre eux-mêmes comme propre objet de leur existence, mais néanmoins décevante dans un paysage français autrement ravagé par les trahisons.
C’est toujours d’abord sur les problèmes dits « sociétaux » que les ambitieux lâchent. Sociétales, vilain mot qui sert à renvoyer au bas bout de la table ces immenses et graves questions : on ne voit pas en quoi la famille ne serait pas un objet politique, c’est même sans doute le plus politique qu’il soit, fondateur de la cité et dont la forme structure durablement le monde. Mais nos petits maîtres, cette « génération de petits mufles réalistes », dont parlait Bernanos et que le Front National nouvelle manière incarne parfaitement, préfèrent plancher sur des équations économico-mathématiques, pour connaître le taux de dévaluation du franc acceptable, ou crier au loup contre l’immigré. Ils ne voient certes pas que l’impossibilité de l’assimilation de l’étranger en France est intimement corrélée à la chute de notre maison commune, dont la famille, chrétienne d’inspiration, était la pierre d’angle. Parfois, ils se réveillent vaguement et défendent les crèches, comme objet patrimonial à conserver. Mais si le petit enfant est né pauvre, dans la crèche, Dieu s’incarnant, ce n’est pas pour que Marine Le Pen, ou qui que ce soit d’autre d’ailleurs, accède au pouvoir. C’est pour former un homme nouveau, et celui-ci ne peut qu’être le pauvre amoureux du pauvre qui agit précisément au cœur des « questions sociétales » pour les transformer. C’est cela qui fonde la France que nous aimons. Le reste n’est qu’intendance. Mais encore faut-il arriver à le démontrer à nos contemporains. C’est la porte étroite que nous n’avons pas encore trouvée."
Christian
Très juste: c’est bien plus notre mission de renouveler notre intérieur que notre extérieur.
Permettez-moi de rapprocher “Mais encore faut-il arriver à le démontrer à nos contemporains”
de
“Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, et tout le reste vous sera donné par surcroît”.
Vous sera donné.
Bon courage à tous,
GE
Simplement parce qu’elle est trop large, trop visible, trop évidente, trop indiquée pour qu’on s’y intéresse: « La civilisation n’est plus à inventer, ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est ; c’est la Cité Catholique. »
En face se trouve l’autre porte, la direction opposée, bien large aussi, ouverture béante “sur le monde” et ses séductions finalement trop grossières pour que l’homme moyen honnête s’y engouffre droit dedans.
Du coup l’homme moyen honnête cherche désespérément la porte étroite, qui viserait entre les deux, qui accommoderait un peu du monde avec un peu de la cité catholique, ce qui serait à ses yeux la solution idéale.
Mais il n’y a pas de porte étroite à trouver.
Il n’y a pas d’interstice.
nabuco
“porte étroite” = “chemin difficile et périlleux pour lequel il faut du courage”
Garantez
je suis d’accord avec l’ensemble de l’article, mais que vient faire ce :
“et celui-ci ne peut qu’être le pauvre amoureux du pauvre qui agit précisément au cœur des « questions sociétales » ”
???
Flavien
“Dieu et mon Roy, France vaincra!” Hors cette voie, point de salut!”
DUPORT
La porte étroite c’est la Vérité !
Avez vous remarquez qu’elle n’est JAMAIS défendue ?
Pas un article de loi ne condamne le mensonge !
Pas un article de loi ne défend la Vérité !
Nous nous condamnons ainsi nous mêmes !
SEULE la vérité rend libre !
Elle seule et rien d’autre pas même le Roi n’en déplaise à Flavien.