Tribune de Cécile Edel, présidente de Choisir la vie :
La mort annoncée de Vincent Lambert, victime de l’idéologie dominante et des errances morales, nous met à nouveau face à l’évidence : notre société est atteinte d’un mal profond. Les symptômes se sont aggravés en quelques décennies, glissant insidieusement du relativisme tous azimuts vers une inversion radicale et malsaine des notions de Bien et de Mal.
Avec l’agonie de Vincent, nous constatons bras ballants que les attitudes si longtemps admises et désignée comme actes bons – j’entends par là ” faire vivre” ou “laisser vivre” – sont dans le cas présent considérées comme “mauvaises” et non–compassionnelles. Egarés par les incohérences de leur raisonnement, d’aucuns se demandent aujourd’hui : Comment peut-on laisser vivre celui dont la vie semble “insignifiante” ou même“indigne“ ? Et même, au-delà du cas présent : Comment peut-on laisser naître un enfant handicapé dont la vie sera forcément synonyme de souffrance ?
La mort, et pire aujourd’hui la mise à mort, sont ainsi légitimées comme source de soulagement, de libération. Une admiration morbide pour les courageux qui la souhaitent et la provoquent s’installe peu à peu… Combien peut sembler paradoxale une telle attitude,dans une société majoritairement athée ou agnostique, par définition si peu assurée d’une permanence de l’être dans l’au-delà ! Les croyants s’attachent davantage à la vie que les non-croyants ! Etrange retournement de situation, qui manifeste en réalité une inquiétante désespérance.
Nous sommes des vivants !
L’avenir d’une société, on ne le répètera jamais assez, est fondé sur le respect de la vie et sur l’expression commune d’une confiance fondamentale en l’avenir. Notre société va mal parce qu’elle affirme dans ses lois et ses actes que la mort vaut mieux que la Vie. Notre société va mal parce que son désespoir la pousse à renoncer à la vie, à préférer la mort. Notre société va mal parce que le Bien est du côté de celui qui fomente la mort de son prochain, selon ses propres critères de qualité de la vie. Notre société va mal parce que sont désignés coupables et mis au banc ceux qui se placent résolument du côté de la défense de toute vie humaine, en particulier lorsqu’elle est fragile.
Notre société va mal parce que l’acte de tuer comme celui de “laisser mourir“ sont désormais admis pour le service du Bien, parés des vertus de l’Amour et de la charité suprême. C’est le règne de la confusion, un totalitarisme dont nous ne soupçonnons pas encore le terrible pouvoir destructeur.
La mort par charité ?
Quelle est donc cette charité qui nous fait aller jusqu’à tuer l’autre ? Je connais des actes d’amour par lesquels on sacrifie sa propre vie pour un être ou pour une cause qui nous dépassent. Je ne connais aucune charité qui nous pousse à sacrifier la vie d’autrui, pour quelque raison que ce soit. Quand oserons-nous, en effet, regarder la vérité en face ! Dans toute l’histoire de l’humanité, nous ne tuons jamais par amour, mais bien par égoïsme. Parce que l’autre ou l’image de l’autre nous dérangent. Elles nous renvoient à nos propres imperfections, à l’immaîtrisable, à cette souffrance que nous refusons, à cette mort que nous rejetons !
Souvenons-nous du Dr Bonnemaison, acquitté en juin 2014 et pourtant coupable de la mort de 7 patients et regardons Vincent mourir de faim et de soif… En France, les coupables sont acquittés et les innocents condamnés. La justice de Dieu, heureusement, ne ressemble pas à celle des hommes.
Pitch
Très bonne tribune.
Merci Madame.