Extrait du discours du Pape, lors de son arrivée au palais présidentiel à Ankara :
"il est fondamental que les citoyens musulmans, juifs et chrétiens – tant dans les dispositions des lois que dans leur application concrète –, jouissent des mêmes droits et respectent les mêmes devoirs. De cette manière, ils se reconnaîtront plus facilement comme frères et compagnons de route, en éloignant toujours davantage les incompréhensions et en favorisant la collaboration et l’entente. La liberté religieuse et la liberté d’expression, efficacement garanties à tous, stimuleront la floraison de l’amitié, en devenant un éloquent signe de paix.
Le Moyen-Orient, l’Europe et le monde attendent cette floraison. Le Moyen-Orient, en particulier, est depuis trop longtemps le théâtre de guerres fratricides, qui semblent naître l’une de l’autre, comme si l’unique réponse possible à la guerre et à la violence devait toujours être une nouvelle guerre et une autre violence.
[…] Monsieur le Président, pour atteindre un objectif si haut et urgent, une contribution importante peut venir du dialogue interreligieux et interculturel, de manière à bannir toute forme de fondamentalisme et de terrorisme, qui humilie gravement la dignité de tous les hommes et instrumentalise la religion.
Il faut opposer au fanatisme et au fondamentalisme, aux phobies irrationnelles qui encouragent incompréhensions et discriminations, la solidarité de tous les croyants, ayant pour piliers le respect de la vie humaine, de la liberté religieuse qui est liberté de culte et liberté de vivre selon l’éthique religieuse, l’effort de garantir à tous le nécessaire pour une vie digne, et la protection de l’environnement naturel. C’est de cela qu’ont besoin, avec une urgence particulière, les peuples et les États du Moyen-Orient, pour pouvoir finalement « inverser la tendance » et poursuivre avec succès un processus de pacification par le rejet de la guerre et de la violence, ainsi que par la recherche du dialogue, du droit et de la justice.
Jusqu’à aujourd’hui, en effet, nous sommes malheureusement encore témoins de graves conflits. En Syrie et en Irak, en particulier, la violence terroriste ne semble pas s’apaiser. On enregistre la violation des lois humanitaires les plus élémentaires à l’encontre des prisonniers et de groupes ethniques entiers ; il y a eu, et ont lieu encore, de graves persécutions aux dépens de groupes minoritaires, spécialement – mais pas seulement –, les chrétiens et les yazidis : des centaines de milliers de personnes ont été contraintes à abandonner leurs maisons et leur patrie pour pouvoir sauver leur vie et rester fidèles à leur credo.
La Turquie, en accueillant généreusement un grand nombre de réfugiés, est directement impliquée à ses frontières par les effets de cette dramatique situation, et la communauté internationale a l’obligation morale de l’aider à prendre soin des réfugiés. Avec la nécessaire assistance humanitaire, on ne peut pas rester indifférent face à ce qui a provoqué ces tragédies. En répétant qu’il est licite d’arrêter l’injuste agresseur, cependant toujours dans le respect du droit international, je veux aussi rappeler qu’on ne peut confier la résolution du problème à la seule réponse militaire. […]"