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Europe : politique / Immigration

UE : la Commission tente d’enterrer un rapport sur l’immigration

Lu sur Euractiv:

"La Commission Juncker s’est lancée dans un bras de fer avec la Cour des comptes européenne à propos d’un rapport sur l’immigration.

L’organe d’audit de l’UE, théoriquement indépendant selon ses statuts, avait mis le sujet de l’immigration à son ordre du jour en 2015. Une équipe s’est donc penchée sur l’évaluation de la « coopération avec les pays tiers sur les politiques d’immigration et d’asile ». Et plus précisément sur les financements de l’ENPI, ou instrument européen de voisinage et de partenariat. Un programme qui permet de financer le développement de petites entreprises et de faire du développement économique local, pour un montant avoisinant 1 milliard d’euros sur 6 ans.

Or ledit rapport, transmis en octobre à la Commission européenne, n’a visiblement pas plu. Il évoquait un manque d’évaluation et des coûts démesurés de programmes qui permettent à des migrants de retour au pays d’acheter des vaches, comme en Géorgie, ou de vendre des pâtisseries au Maroc. Au total, 23 projets ont été étudiés, relevant le plus souvent de microfinancement de l’ENPI. La Commission a fait part, à l’automne dernier, de réponses incendiaires et violentes à la Cour des comptes, rendant la procédure contradictoire particulièrement tendue. « Les remarques de la Commission étaient tellement démesurées que l’ensemble n’avait plus de sens pour le lecteur » regrette une source bien informée.

Une lettre pour faire pression ?

Mi-novembre, la Commission européenne a aussi envoyé un courrier directement au président de la Cour des comptes européenne, Vitor Caldeira, pour faire part de ses griefs. La missive, non datée, mais signée par trois vice-présidents de la Commission européenne, dont les deux premiers vice-présidents Frans Timmermans et Federica Mogherini, ainsi que Kristalina Georgieva, montre que tout le poids politique de la Commission a été mis dans la balance.

Dans ce texte, la Commission conteste à la fois la méthode et les conclusions de l’audit, qui se consacre pourtant à des dépenses engagées par la commission Barroso.

« Cette lettre, c’est une erreur politique » assure une source proche du dossier, assimilant le procédé à une pression déplacée, et s’interrogeant ce que l’on penserait « d’un ministère qui tenterait d’influence son auditeur dans un des pays membres ? ».

Prenant compte des remarques de l’audité, la Cour des comptes européenne a modifié son rapport, en éliminant le terme trop brûlant de « réfugié » du texte. Une adaptation « assez logique, parce que le rapport traite des politiques destinées à éviter les migrations, mais n’aborde pas les politiques d’asile qui dépendent des pays membres, et non pas de politiques européennes » assure la même source.

Un rapport déjà amendé

Le nouveau rapport a aussi changé de titre. Il s’intitule désormais : « Dépenses extérieures de l’UE dans les pays voisins du Sud de la Méditerranée et de l’Est ». […]"

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