Point de la situation par l’AFP ici.
La situation en Ukraine met en relief la fracture, qui passe au beau milieu de ce pays, entre l’Europe catholique et le monde orthodoxe. La question de la nature de cette fracture est cruciale: Samuel Huntington, dans le Choc des Civilisations, la décrit comme une faille entre deux civilisations. Son passage sur l’Ukraine mérite d’être relu aujourd’hui:
"(L’Ukraine) est un pays déchiré entre deux cultures distinctes. La frontière civilisationnelle entre l’Occident et l’orthodoxie passe en plein coeur de l’Ukraine et ce depuis des siècles. (…) Fin 1992 (…) un tiers des Russes à l’ouest de l’Ukraine, mais seulement 10% à Kiev, disaient qu’ils souffraient d’une certaine animosité antirusse. La coupure est/ouest a été évidente aux élections présidentielles de juillet 1994. Le sortant, Leonid Kravtchouk, qui se présentait comme un nationaliste même s’il avait travaillé de façon très proche avec les dirigeants russes, a gagné dans les treize provinces de l’ouest, avec une majorité qui a parfois atteint les 90%. Son adversaire, Leonid Koutchma, qui avait pris des leçons d’ukrainien pendant la campagne, a conquis les treize provinces de l’Est avec des majorités comparables."