Adriana Guzman, Aymara, l’une des portes parole du féminisme, revient sur la situation actuelle en Bolivie et déclare :
Quand nous parlons de communauté, nous parlons d’autonomie, d’autodétermination, de récupération politique de la mémoire de nos peuples et de nos corps. Les femmes aymaras, suivant la nature, ont toujours avorté, l’avortement est ancestral. Pourtant, la cosmovision aymara a été traversée par le colonialisme, par le patriarcat, et a été touchée par l’idée selon laquelle les femmes ne peuvent avorter car ce sont les créatrices de la vie. Nous sommes les femmes de la vie mais de la vie digne, un enfant ne doit pas vivre si il ne pourra pas vivre dignement, si sa mère est trop jeune, n’a pas les moyens etc. Nous avons réalisé une récupération non utopique mais politique de la cosmovision de notre peuple : nous choisissons l’organisation communautaire, autonome, le collectif, nous refusons les dieux ou les rituels car ils reflètent et constituent des impositions du patriarcat (le soleil qui représente le père vs la mère représentée par la lune) et du colonialisme.
L’avortement, cet assassinat de l’enfant, est une régression vers des pratiques préhistoriques, et non pas un progrès…