Extrait d'une déclaration du nouvel évêque de La Rochelle, Mgr Colomb, ancien missionnaire en Chine :
[…] Aujourd’hui, l’Eglise de France est de plus en plus une Eglise internationale : avec un nombre important de personnes étrangères vivant dans les diocèses de France, et aussi avec la présence de plus en plus nombreuse de prêtres étrangers qui y vivent : prêtres-étudiants qui exercent une activité pastorale à temps partiel, prêtres fidei donum, religieux et religieuses. Je n’ai pas de chiffres précis en tête, mais c’est une réalité dans l’Eglise de France, y compris dans le diocèse de La Rochelle et Saintes.
Nommer un missionnaire, c’est peut-être aussi se dire que ses idées, ses intuitions forgées au cours de son expérience de missionnaire ne seront pas nécessairement les mêmes que celles d’un prêtre local. En France, les évêques sont généralement nommés dans un diocèse qui n’est pas le leur, de manière à ce qu’ils y apportent un regard extérieur. Dans mon cas, s’y ajoute le fait que mon expérience pastorale a été forgée au contact de réalités étrangères à la France. Le missionnaire est confronté à des situations que nous n’avons pas forcément en France.
[…] La France, pays de mission, on le sait depuis longtemps. La parution du livre La France, pays de mission ? date de 1943. Mais je tiens ici à lever un quiproquo : ce n’est pas parce que la France est un pays de mission que tous les prêtres qui y œuvrent sont des missionnaires. Aujourd’hui, tout le monde se dit missionnaire. Certes, mais il y a une différence entre annoncer l’Evangile à La Rochelle et annoncer l’Evangile en Chine. Etre missionnaire en Chine, cela suppose l’effort d’apprendre une langue, de s’immerger dans une culture et un pays où il y a une ou des religions différentes. Il faut donc, à mon sens, garder à l’esprit cette distinction entre missionnaire et prêtre diocésain. De même, ce n’est pas parce qu’on prie tous les jours que l’on est un contemplatif. Les contemplatifs, pour moi, ce sont les carmélites, les moines, qui ont fait de la prière leur vie même. Ils sont entrés au couvent pour cela.
Ce préambule étant posé, il est vrai que la France est bel et bien un pays de mission, parce que la foi n’est plus transmise. Il suffit de regarder les clignotants qui s’affichent : combien d’enfants sont catéchisés aujourd’hui ? Bien sûr, les messes de confirmation sont pleines et cela donne une impression de nombre, on remplit une église, mais quand on fait le rapport du nombre d’enfants qui sont confirmés et du nombre d’enfants qui sont scolarisés dans l’enseignement public et dans l’enseignement catholique réunis, le ratio est ridiculement bas. Donc, la foi n’est plus transmise et la France est un pays de mission à cet égard.
De même, si les statistiques indiquent que les baptisés sont encore majoritaires en France, chacun sait que la pratique religieuse n’est pas la même qu’il y a quarante ans. On en vient à considérer comme pratiquant celui qui va à la messe une fois par mois. Cette mesure-là est déjà, par elle-même, révélatrice. A Singapour, au Vietnam, les gens vont à la messe tous les jours. Je prends là des exemples qui sont peut-être extrêmes, mais, à bien des égards, dire que la France est un pays de mission est une vérité de La Palice aujourd’hui. Ajoutez à cela la raréfaction des prêtres – et des vocations féminines – et la baisse du nombre des séminaristes. […]"