Extrait d'un entretien donné par Jean Sévillia à L'Action française 2000 :
"en ce début du XXIe siècle, un nouvel antichristianisme ou un nouvel anticléricalisme se lève parce que le catholicisme constitue un obstacle au libéralisme libertaire, idéologie dominante du moment. Il est donc logique qu’il devienne la cible du politiquement correct. Il faut être conscient que cela ne va pas s’arrêter, d’autant moins que le catholicisme – ce n’est pas contradictoire avec ce que je viens d’énoncer quant à son recul sociologique – est en même temps reparti de l’avant, avec de nouvelles générations qui n’ont pas les mêmes réflexes que leurs aînées, et qui n’ont pas peur de s’affirmer catholiques. […]
Je pense que la crise de notre société est en profondeur une crise spirituelle, ou du moins une crise du vide spirituel. Sans faire d’angélisme et sans considérer que les questions financières et monétaires sont secondaires, il est quand même frappant de constater à quel point la spirale dans laquelle nous sommes engagés depuis quelques années, notamment depuis 2008, révèle la place occupée par l’argent dans l’esprit contemporain. Je ne dis pas que si le scénario le pire se produit, une crise systémique entraînant l’effondrement de notre économie, ce sera sans importance. Aujourd’hui, toutefois, tout se passe comme si perdre de l’argent, c’était tout perdre. En creux, cela révèle tout ce à quoi nos contemporains ne croient plus.
Ce vide, cependant, n’est pas naturel, car l’homme est naturellement un être religieux. Les divinités du temps sont l’argent et le sexe, mais cela ne pourra pas durer, tout simplement pour des raisons anthropologiques. Les reconstructions de demain, a contrario, s’opéreront dans un contexte où le religieux comptera. Ne fût-ce qu’à cause de la place grandissante de l’islam dont l’espace européen. Etre chrétien, ce n’est pas une identité : c’est une grâce personnelle conférée par le baptême et fécondée par la foi. Mais les civilisations et les nations, réalités collectives, possèdent une identité. Or historiquement, la civilisation occidentale et la nation française sont liées au christianisme. […]
Songez combien la vérité sur les guerres de Vendée, occultée depuis l’origine, a avancé en vingt-cinq ans, grâce aux travaux de Reynald Secher et d’autres historiens comme Alain Gérard. Considérez comme la vérité sur Katyn a fini par s’imposer, même s’il faut lutter pour la faire connaître. Il n’existe donc pas de fatalité. Pour mener le combat contre le politiquement correct, il faut de la détermination, du courage, de la volonté, mais aussi de l’intelligence, de la patience et du travail. Beaucoup de travail."