Un ouvrage collectif sur la fin de vie, Limiter ou arrêter les traitements en fin de vie, remet les idées en place suite au brouhaha médiatico-sentimental. L’un de ses intérêts est de définir les choses avec justesse et précision. Ainsi, Me Cyrille Dutheil de La Rochère, décryptant la loi Léonetti (ses aspects positifs comme ses insuffisances) relève que le terme "traitement" n’a pas été défini par le législateur :
"Ceci est éminemment regrettable, dès lors que tout traitement peut être arrêté en cas d’osbtination déraisonnable. Or le législateur aurait été inspiré de distinguer les notions de traitement et de soin ordinaire, qui recouvrent des réalités distinctes. Il existe 14 besoins fondamentaux de la personne humaine […]. Parmi ces besoins, on trouve la nécessité physiologique de boire et de manger, de recevoir des soins d’hygiène ou de bénéficier d’un maintien adéquat de la température. Les soins qui répondent à ces besoins fondamentaux sont appelés des soins de base ou encore des soins ordinaires qu’il est toujours légitime de proposer quand la personne ne peut y subvenir par elle-même. Ne pas répondre à ces besoins fondamentaux est au contraire considéré comme de la maltraitance."
Le Dr Xavier Mirabel met à mal l’expression "acharnement thérapeutique" :
"L’expression est évidemment impropre, il est bien de savoir s’acharner pour soigner si les besoins restent raisonnables, proportionnés. Les expressions "soins disproportionnés" ou "obstination déraisonnable" traduisent mieux le concept".
Le Dr Jean-Paul Perez (SRLF) définit le limitation des thérapeutiques :
"Je reprends une classification connue, qui est de distinguer les soins de base, les soins de confort et le traitement actif. L’hydratation, la nutrition, l’hygiène, le nursing font pour nous partie des soins de base. La sédation, l’analgésie, l’anxiolyse, etc. des soins de confort, et le reste relèvent des traitements actifs. Donc lorsqu’il y a limitation on introduit pas de thérapeutique supplémentaire et lorsqu’on arrête par contre, on continue les soins de base et soins de confort. Dans ces cas-là, on le dit à la famille: ‘il ne nous semble pas raisonnable d’aller au-délà mais néanmoins nous continuons de nous occuper de votre père, de votre mère, de votre frère, etc, nous continuons les soins.’"
Le Dr Daniel d’Hérouville (maison Jeanne Garnier) cite le Dr Richard pour savoir comment estimer si un traitement est proportionné :
"il nous paraît donc indispensable, pour évaluer la pertinence des traitements et des techniques proposés, de considérer le pronostic de la maladie, la nature du traitement envisagé et les alternatives possibles, son utilité c’est-à-dire l’objectif poursuivi et plus encore le bénéfice escompté en regard des inconvénients et de la charge qu’il entraîne, la qualité de vie pour le patient, la souffrance imposée avec ou sans traitement, et surtout le désir du patient."