Benoit XVI a déjà visité la France à plusieurs reprises et parle un français excellent. En avril 2001, le cardinal, préfet de la Congrégation romaine pour la doctrine de la foi, avait été l’un des six conférenciers pour le carême à Notre-Dame de Paris. Devant 1 500 fidèles, le prélat allemand avait évoqué dans la langue de Molière les atrocités du XXe siècle. «Là où Dieu n’est pas, là où ne pénètre plus aucune lueur de sa présence, voilà l’enfer.» Le futur Benoît XVI avait mis son auditoire en garde contre les «formes subtiles» que pouvait prendre l’enfer, et ce «presque toujours en disant vouloir le bien des hommes». «Quand, aujourd’hui, on fait du commerce avec les organes humains, avait-il souligné, quand on fabrique des foetus pour avoir des organes en réserve ou pour avancer la recherche médicale et préventive, bon nombre considèrent comme allant de soi le contenu humain de ces pratiques, mais le mépris de l’homme qui est sous-jacent quand on use et abuse de l’homme ramène, qu’on le veuille ou non, à la descente aux enfers.»
Trois ans après son prêche parisien, Joseph Ratzinger était le représentant du Vatican aux célébrations du soixantième anniversaire du Débarquement en Normandie. «Quand le droit est détruit, quand l’injustice prend le pouvoir, avait-il déclaré, c’est toujours la paix qui est menacée et déjà, pour une part, brisée. Se préoccuper de la paix est en ce sens avant tout une préoccupation pour une forme du droit qui garantit la justice à l’individu et à la communauté dans son ensemble.» Le cardinal avait à l’époque évoqué la terreur islamiste, «nouvelle espèce de guerre mondiale», qui «ne connaît plus la distinction entre combattants et population civile, entre coupables et innocents». Il avait appelé à la quête d’un juste rapport entre la raison et la religion, le chemin de la paix n’étant accessible qu’à ceux qui «font mémoire du Dieu de la Bible, qui s’est fait proche en Jésus-Christ».
Le cardinal bavarois a eu d’autres occasions de montrer son intérêt pour les relations entre son pays natal et la France. Le 11 mai 1998, l’ambassadeur de France au Vatican lui remettait les insignes de commandeur de la Légion d’honneur. Son discours ne portait pas sur des questions religieuses ou sur les relations entre le Saint-Siège et la fille aînée de l’Eglise mais sur la réconciliation franco-allemande. Il aurait également soutenu le développement des relations trilatérales entre la France, l’Allemagne et …la Pologne.