Grégoire Boucher, éditeur et fidèle pèlerin de Chartres, déclare à Présent :
"[…] J’ai participé pour la première fois au pèlerinage de Chartres en 1990. Je découvrais alors la Tradition. Et ce fut une révélation. On parlait encore à ce moment-là du « Charlier ». Le mythique « pélé Charlier » qui donnait des boutons à l’épiscopat français, mais qui portait une telle espérance pour tous ceux qui croyaient au Ciel, pour reprendre les vers d’Aragon ! Et ils n’étaient pas très nombreux à y croire, au Ciel. J’ai donc en effet quelques pélés dans les jambes… et dans le cœur. J’ai coutume de dire que ce pèlerinage de Pentecôte est un petit miracle sans cesse renouvelé. Après l’édition 2015 qui vient de s’achever aux pieds de Notre Dame, je l’affirme plus que jamais !
Après toutes ces années, n’est-on pas en quelque sorte blasé ? Ressentez-vous toujours la même émotion à la vue du déroulement des bannières dans la plaine beauceronne, ou quand vous distinguez les flèches de la cathédrale de Chartres au loin ?
Quelle drôle d’idée ! En quittant le parvis de Notre-Dame de Chartres, je me dis chaque année que ça va être bien long d’attendre 362 jours pour retrouver mon cher « pélé ». Et croyez-moi, je ne suis pas le seul ! Chaque année, le plus dur, c’est de se lever le samedi matin. Après, la partition mystique joue toute seule et vous porte pendant trois jours. On a trois jours pour faire le plein pour tenir un an. Alors, la Sainte Vierge nous offre une cure ultra vitaminée et ultra condensée.
Avez-vous toujours été « simple pèlerin », ou avez-vous rempli d’autres fonctions ?
Finalement et paradoxalement, je n’ai que très peu été « simple pèlerin », comme ce fut le cas cette année où j’ai pu marcher avec mes enfants. J’ai eu la chance de pouvoir participer à l’organisation du pèlerinage, dans plusieurs services comme les cuisines des chapitres enfants, le service d’ordre, la régulation routière, l’encadrement des chapitres « famille »… c’est un vrai bonheur et un réel privilège que de pouvoir apporter humblement sa petite pierre à cette véritable cathédrale de la foi militante qu’est le pélé. Vous savez, c’est une armée des ombres qui travaille toute l’année pour que la partition soit jouée sans fausses notes et que tout se déroule si admirablement bien. Mon plus grand bonheur a été de voir revenir, il y a une dizaine d’années, les familles au pèlerinage. Voir pèleriner deux si ce n’est trois générations d’une même famille, ensemble, avec des poussettes, des jeunes qui courent en chantant, des personnes plus âgées qui s’émerveillent, des handicapés qui nous comblent de leur sourire, des enfants qui voient leurs parents prier, souffrir, mais rendre grâce de pouvoir marcher dans un même élan sous le regard si aimant de Notre Dame. Le pélé est une grande famille. Je vais même vous avouer que je considère le pélé un peu comme ma famille. Et pour sa famille, on est prêt à tout ! Surtout à servir. […]
Qu’est-ce qui vous a marqué durant le pèlerinage 2015, quelle est la « marque de fabrique » de ce cru 2015 ?
Ce que je garderai de ce millésime 2015, c’est le regard lumineux de tous ces enfants qui chantaient leur joie insouciante et leur foi contagieuse à la face du monde ; c’est la jeunesse éblouissante de ces centaines de séminaristes et de prêtres qui nous ont portés par leur fougue apostolique ; c’est le regard lumineux d’espérance de Dom Louis-Marie, père abbé de l’Abbaye du Barroux nous envoyant en mission du chœur de Notre-Dame de Paris ; c’est le regard lumineux de foi de Mgr Atanasius Schneider bénissant les familles, « premiers séminaires des vocations » ; c’est le regard lumineux de charité du RP Emmanuel-Marie de Saint-Jean, père abbé de l’abbaye de Lagrasse, qui nous a exhortés, dans la cathédrale de Chartres restaurée et resplendissante, à « témoigner que Jésus seul peut nous sauver et sauver ce monde triste de ne pas suivre le Christ ». Vivement 2016 et Viva Cristo Rey !"