Pierre-Olivier Arduin tire la sonnette d'alarme :
"La commission spéciale sur la bioéthique a modifié le projet de loi du gouvernement relatif à la bioéthique en prévoyant d’autoriser les jeunes femmes n’ayant jamais procréé à donner leurs ovules. Cette éventualité, considérée comme dangereuse et irresponsable, avait jusqu’ici été toujours écartée. […] Les raisons de cette (r)évolution sont connues. L’Agence de la biomédecine estime qu’il manque pas moins de 700 donneuses par an pour satisfaire les besoins des couples en ovocytes. De surcroît, la qualité des ovules en France est très médiocre en raison de l’âge avancé des donneuses, plombant les résultats des fécondations in vitro (FIV). […]
Faut-il encore le rappeler, le don de gamètes n’est pas comparable à un don de sang ou d’organe, tout simplement parce qu’une cellule reproductrice utilisée par les biologistes dans une FIV est à l’origine de la conception et de la venue au monde d’une personne humaine. Avec le don d’ovocyte, la maternité est éclatée entre la mère génitrice qui fournit l’ovule et la mère gestationnelle qui deviendra la mère sociale et éducatrice de l’enfant. Une jeune femme peut-elle réellement donner un consentement libre et éclairé à un tel acte sans n’avoir jamais vécu l’enfantement ? N’est-ce pas justement parce que les femmes doivent être mères de famille et avoir déjà éprouvé l’expérience de la maternité qu’un nombre infime d’entre elles passent à l’acte en donnant leurs ovules ? Une mère ne sait-elle pas intuitivement que donner un ovule, c’est permettre la conception d’un enfant qui sera «charnellement» le sien ? […]
À brève échéance est visée la constitution de banques publiques d’ovules vitrifiés surnuméraires comme l’a réclamé René Frydman lors de son audition. D’ailleurs, avec la possibilité de constituer un surstock d’ovules par vitrification, il est plus que certain qu’à moyen terme toutes les femmes engagées dans un parcours classique d’AMP seront encouragées à donner leurs précieuses cellules. En autorisant la vitrification des gamètes féminins au détour de n’importe quel parcours de fécondation in vitro, il sera en effet tentant de proposer à chaque femme de faire un geste de générosité en faveur d’une autre moins chanceuse qu’elle, l’information risquant bien vite de se transformer en promotion.
Quant aux femmes sans enfants qui auront congelé leurs ovules en contrepartie de leur don, une fois qu’elles seront devenues mères de famille «naturellement», ne seront-elles pas contactées ultérieurement par les centres de fécondation in vitro pour écouler les ovocytes restants ? Après tout, la loi autorisant depuis 2004 la conception de 10 enfants à partir d’une seule donneuse (contre 5 en 1994), rien n’empêche de féconder l’ensemble du panel d’ovules recueillis chez une seule femme. […]
Permettre à de jeunes femmes sans enfants de donner leurs gamètes, c’est les exposer à subir elles aussi des pressions inavouées de la part de femmes qui seraient en position de force sur le plan hiérarchique (pression au travail), familial (pression sur une sœur plus jeune) ou amical (pression sur la «meilleure» amie). Des avantages en nature ou pécuniaires associés à la certitude de pouvoir utiliser ses ovules stockés en cas de stérilité n’auront-ils pas raison d’elles ? […]
En donnant ses ovules, une femme ne peut ignorer qu’elle contribue de manière décisive à la venue au monde d’un être humain qui lui sera profondément lié comme le montre la quête éperdue des enfants nés de « gamètes inconnus ». Parce qu’ils ont un « statut anthropologique » bien spécifique, l’unique progrès moral consisterait à rendre indisponibles les gamètes."
JCM
Tout cela est vrai : mais que ces choses sont dites d’une manière compliquée et incompréhensible par la plupart de nos contemporains…
“une cellule reproductrice utilisée par les biologistes dans une FIV est à l’origine de la conception et de la venue au monde d’une personne humaine. Avec le don d’ovocyte, la maternité est éclatée entre la mère génitrice qui fournit l’ovule et la mère gestationnelle qui deviendra la mère sociale et éducatrice de l’enfant…
En donnant ses ovules, une femme ne peut ignorer qu’elle contribue de manière décisive à la venue au monde d’un être humain qui lui sera profondément lié comme le montre la quête éperdue des enfants nés de « gamètes inconnus ». ”
Traduction :
Jeunes femmes ne donnez pas vos gamètes car vous ne pouvez imaginer dans quel désarroi vous serez si un jour les aléas de la vie vous empêche d’avoir des enfants “à vous” mais que vous savez qu’une autre mère élèves vos propres enfants que vous n’avez jamais connus.
nicole
“la maternité est éclatée entre la mère génitrice qui fournit l’ovule et la mère gestationnelle qui deviendra la mère sociale et éducatrice de l’enfant”.
Cela sert surtout à ce qu’il n’y ait pas de revendication, de chantage, de la part d’aucune des deux mères.
C’est ce qui a été prévu dans le cas de deux homosexuels anglais qui ont eu des enfants, en Espagne, avec des ovules déposés dans une autre mère porteuse que la donatrice d’ovules.
Anthony et Barrie Drewitt-Barlow :
http://www.guardian.co.uk/lifeandstyle/2010/jul/17/gay-fathers-drewitt-barlow